Une passion commune pour le vin rosé
Soutenus par l’Union européenne, les vignerons provençaux et lombards s’associent pour faire la promotion du vin rosé sur les marchés allemand, belge et néerlandais.
La Région Provence-AlpesCôte-d’Azur n’est pas seule à aller à la pêche aux subventions européennes. Par le biais du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) qui réunit les trois appellations Côtes de Provence, Coteaux Varois en Provence et Coteaux d’Aix-en-Provence, les viticulteurs varois sollicitent également Bruxelles. Et la pêche a été plutôt bonne puisque l’Union européenne (UE) vient de leur accorder un budget annuel de 680 000 euros pendant
(1) trois ans. Une somme rondelette destinée à faire la promotion du vin rosé en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.
La consommation de rosé toujours plus forte
Mais pour bénéficier de ces fonds européens visant à mettre en valeur des productions agricoles, nos vignerons ont dû faire une concession : s’associer avec une autre région productrice de vin rosé. En l’occurrence le Valtènesi, sur la rive occidentale du lac de Garde, en Italie. En termes de production, les deux vignobles ne jouent pourtant pas dans la même division. Référence mondiale du rosé, la Provence produit 152 millions de bouteilles par an, contre deux petits millions pour le Valtènesi. Alors pourquoi un tel partenariat ?
Outre la contrainte imposée par l’UE, « on a choisi le Valtènesi parce qu’on partage la même philosophie. Ce vignoble a envie de devenir la référence italienne en matière de vin rosé. On préfère travailler avec une AOP dédiée au rosé plutôt qu’avec des vignerons qui font du rosé uniquement par opportunisme », explique Éric Pastorino, président du CIVP. « La consommation mondiale de rosé va continuer de progresser. La Provence n’arrivera pas seule à répondre à la demande. On a donc besoin de la concurrence et on préfère choisir nos partenaires », ajoute Brice Eymard, le directeur général du CIVP.
Plutôt que de concurrence, mieux vaut parler de complémentarité. « Pour nous, c’est une chance extraordinaire de bénéficier de l’appui de l’appellation la plus connue au monde en matière de vin rosé. L’idée n’est pas de copier les vins de Provence, mais de développer notre propre identité », rassure Alessandro Luzzago, le président du Consorzio Valtènesi. Et de préciser que ce partenariat provenço-lombard n’est pas nouveau, puisque « les vignerons du Valtènesi ont déjà travaillé pendant cinq ans avec le Centre du rosé de Vidauban ».
Séduire les Millennials
Réunis en milieu de semaine à la Maison des vins Côtes de Provence des Arcs-sur-Argens, Éric Pastorino et Alessandro Luzzago affichent en tout cas une belle complicité. De bon augure à l’aube du lancement de la campagne promotionnelle visant à valoriser le rosé de qualité. Car si les Allemands, Belges et Néerlandais consomment déjà du rosé – de l’ordre de 2,5 millions d’hectolitres par an pour l’ensemble des trois marchés – leur préférence va pour l’heure à des vins d’entrée de gamme. Cible désignée par les vignerons de Provence et du Valtènesi : les Millennials.
Pour convaincre ce public (estimé à quelque neuf millions de personnes) que le vin rosé est bien plus qu’une couleur, des visuels insistant sur « l’art de vivre », « l’exigence », « le savoir-faire unique » et « les paysages à couper le souffle », des caractéristiques communes aux deux AOP, seront largement diffusés. Mais le plan média comprendra également la création d’un site web pédagogique multilingue, une campagne sur les réseaux sociaux, le recours à des influenceurs. Sans oublier bien sûr des dégustations lors des principaux festivals des trois pays. 1. Pour être précis, l’Union européenne assumera 80 % de cette somme. Les 20 % restant étant répartis entre le CIVP et les vignerons italiens du Consorzio Valtènesi.