Une économie en net rebond, mais encore convalescente
On s’en doutait déjà grâce à la publication des notes de conjoncture régionales trimestrielles. Présenté hier matin au siège marseillais de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le bilan économique pour l’année 2021 l’a confirmé : l’activité économique régionale s’est redressée en 2021 pour rejoindre – et même dépasser à partir du mois d’août – son niveau d’avant la crise sanitaire. « Un rebond porté principalement par la consommation », commente Kendal Masson, du service études et diffusion de l’Insee.
Le chômage au plus bas
Sans surprise, ce redémarrage de l’économie régionale se traduit par un nombre croissant de créations d’entreprises. Et notamment « un boom des micro-entrepreneurs en lien avec les services de livraison plébiscités en période de confinement ». À noter également : contrairement à ce qu’on pouvait redouter, les défaillances d’entreprises sont restées à un niveau extrêmement bas. « Cette résistance s’explique en partie par les mesures gouvernementales de soutien aux entreprises qui se sont prolongées en 2021 », explique Kendal Masson. La meilleure nouvelle de cette reprise économique est sans doute à chercher du côté de l’emploi. «Le taux de chômage a fortement diminué en Provence-AlpesCôte-d’Azur et s’établit à 8,3 % de la population active. Le taux le plus bas observé dans la région depuis 2008 ». Qui dit baisse du taux de chômage sous-entend embauches à la hausse. « En 2021, l’emploi salarié, tiré par le secteur tertiaire marchand, a rebondi et dépassé son niveau d’avant-crise, enregistrant une croissance de 2,5 % par rapport à 2019 ».
À noter également le développement des contrats d’apprentissage qui atteint un niveau record avec 65 000 jeunes bénéficiaires.
Incertitudes liées à l’inflation
Ces bonnes nouvelles ne doivent pas masquer certaines difficultés sectorielles persistantes. En particulier dans la construction et le tourisme. « Bien qu’en hausse, la construction de logements neufs redémarre beaucoup plus lentement que dans le reste de la France », constate Étienne PerronBailly, également du service études et diffusion de l’Insee.
Si les professionnels du tourisme se réjouissaient l’été dernier d’une saison record, la réalité est sans doute un peu moins rose. Ainsi, selon l’Insee, « de mai à décembre 2021, la fréquentation des hôtels, campings et autres hébergements collectifs de tourisme de Paca a été inférieure de 8 % à son niveau d’avant la crise sanitaire ». Certes c’est mieux qu’au niveau national qui a enregistré un douloureux -15 %, mais le secteur est loin d’avoir fait le plein. Cette convalescence plus longue s’explique par l’effondrement du tourisme d’affaires– « nombre de salons ont été annulés », précise Étienne Perron-Bailly –, et par la désertion de la clientèle internationale, en particulier dans les Alpes-Maritimes.
Malgré ces quelques réserves, la tendance est donc plutôt encourageante. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si ce n’était ces quelques nuages à l’horizon. Outre l’inflation qui n’a pas de raison de toucher plus fortement l’économie régionale que celle des autres régions françaises, « des difficultés de recrutement, tout particulièrement dans l’hôtellerie-restauration, pourraient à terme constituer un frein à l’activité régionale ». Pour finir sur une note positive : l’épargne accumulée pendant les confinements, et non encore utilisée par les ménages, pourrait être une source de croissance pour les trimestres à venir.