Var-Matin (Grand Toulon)

Forcené de Trans : mille excuses et une condamnati­on

En février 2020, la police avait ouvert le feu sur un homme qui les menaçait d’une arme factice. Il a été condamné à un an d’emprisonne­ment ferme.

- V. W.

Àla barre du tribunal correction­nel de Draguignan, les mains dans le dos, Johnny K. ne cesse de se retourner pour regarder sa compagne. Se trémousse. Bafouille. «Jetiensà m’excuser avant tout pour mon vocabulair­e », commence ce Belge de naissance, venu en France puis dans le Var pour trouver du travail. Ces excuses sont les premières d’une longue série.

Le 4 février 2020, en fin de soirée et à la suite d’un différend conjugal – « Je croyais que mon épouse me trompait » – Johnny décide d’en finir avec la vie. « Je n’ai pas eu le courage de me pendre. Alors je me suis tranché les veines. »

Couteaux, arcs, pistolet airsoft

Appelés à intervenir en urgence chemin du puits de Maurin à Trans-en-Provence, les pompiers découvrent un homme en sang, alcoolisé et proférant autant d’insultes que de menaces. Lorsque Johnny tente de s’emparer d’un couteau, les secours sortent de la villa et font part de leurs déboires aux policiers dracénois. Qui euxmêmes requièrent l’assistance de la brigade anticrimin­alité (Bac) de Fréjus après avoir vu par une fenêtre que Johnny était en possession d’arcs de compétitio­n... Retranché dans son logement, le forcené de 38 ans accepte de sortir après avoir négocié avec le commissair­e Fèvre.

Mais Johnny, qui se présente les mains dans le dos devant les forces de l’ordre, sort brusquemen­t une arme et, selon certains témoins, tire. Un policier de la Bac réplique et le blesse à la cuisse. Malgré cette blessure, qui l’a rendu handicapé, le forcené parvient à rentrer chez lui. Les policiers devront utiliser un bouclier d’assaut et un pistolet à impulsion électrique pour le neutralise­r.

L’enquête démontrera que l’arme brandit par Johnny était un pistolet airsoft chargé d’une cartouche de 22 LR, incompatib­le avec ce type d’arme. « Je comprends la décision des policiers de tirer, confesse le prévenu. Il faisait nuit noire, ils ne pouvaient pas savoir... »

« J’ai perdu le contrôle »

« J’ai perdu le contrôle, poursuit-il. Je m’excuse auprès des forces de l’ordre, des pompiers. À cette époque, je buvais à fond... J’étais en pleine dépression. Je ne pensais qu’à me foutre en l’air. Je demande pardon. » L’experte psychiatre qui l’a examiné pose le même diagnostic, évoquant même une altération du discerneme­nt au moment des faits.

« Aujourd’hui, monsieur présente une image assez lisse de lui-même mais il ne faut pas occulter qu’il était alors incontrôla­ble, souligne Me Audrey Adjimi aux intérêts des policiers de la Bac. L’interventi­on était très compliquée. »

« Ce n’est pas le même homme qu’en ce 4 février 2020, abonde la procureure Débora Collombier. Il a fait du chemin depuis. Il n’empêche que la scène que nous jugeons est d’une folie inouïe. D’une violence inouïe. »

Retenant l’altération du discerneme­nt mais aussi « le chemin parcouru depuis les faits » (Me William Galliot en défense), le tribunal condamne Johnny K. a un an de détention à domicile sous surveillan­ce électroniq­ue. Il devra également régler la somme de 9 300 euros de dommages et intérêts aux parties civiles.

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(Photo S. L.) Les faits s’étaient déroulés sur une courte période de temps, mais avaient mobilisé bon nombre de policiers.

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