Var-Matin (Grand Toulon)

« Jeu des sucettes » à Solliès-Pont : une peine de 15 ans de prison

La cour d’assises du Var a reconnu le père de famille coupable de l’ensemble des accusation­s qui pesaient sur lui, notamment celles de viols sur mineures.

- V. W.

Àl’énoncé du verdict, Gabriel est resté (1) imperturba­ble. Rien n’a transparu sur le visage de l’accusé lorsque, à 21 reprises, le président de la cour d’assises du Var Patrick Véron a répondu par l’affirmativ­e aux questions posées aux jurés. Dans l’attente de prononcé de la peine, seules deux réponses négatives sont venues rompre cette litanie. Ne pouvant déterminer avec certitude la date exacte d’un enregistre­ment vidéo d’octobre 2018 captant une fellation, et donc l’âge exact de Sophie qui fêtait ce même

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mois ses 15 ans, la cour n’a pas retenu la circonstan­ce aggravante de la minorité – fixé à 15 ans en droit – pour ces faits de viols. De même, les jurés n’ont pas su dire si la photo pornograph­ique présente dans une clé USB de Gabriel représenta­it une mineure ou une majeure.

Interdicti­on de contact avec sa fille

Mais pour l’ensemble des autres faits, et notamment ceux de viols, tentative de viols et corruption de mineures, l’accusé a bel et bien été déclaré coupable et condamné à une peine de quinze années de réclusion. À l’issue, il devra se soumettre durant dix ans à un suivi socio-judiciaire comportant des obligation­s de soins mais aussi une interdicti­on de contact avec des mineures ainsi qu’avec sa fille, Louise, y compris quand celle-ci sera majeure. En outre, la cour a prononcé le retrait total de l’autorité parentale.

Si Gabriel a gardé un visage fermé dans son box, le soulagemen­t se lisait sur le banc des parties civiles. Pour les trois mineures présentes, leurs parents et les parents d’autres victimes, « la justice est passée » .La vérité judiciaire a pris le pas sur « le jeu du mensonge ». « Nous n’attendions rien de sa part lors de ce procès, a soulevé Me Caroline Malaga, intervenan­t aux intérêts de Carole et Sophie, dont les viols ont été filmés (lire nos éditions précédente­s). Son mode opératoire était tel qu’il ne pouvait que s’enfermer dans ses dénégation­s. » Tout au long de son procès débuté lundi dernier, Gabriel a nié avoir contraint les jeunes amies de sa fille à lui pratiquer des fellations sous le prétexte d’un jeu de découverte du goût. Tout juste a-t-il reconnu la corruption de mineures puis, du bout des lèvres – « si elles le disent, c’est que ça doit être vrai » – avoir mis son sexe à travers la planche en bois trouée par ses soins. « Mine de rien, c’est un grand pas pour lui », souligne son avocat Romain Callen. « Nier lui permet d’éviter d’affronter la réalité, précise l’expert psychologu­e. Il est pervers avec l’autre, de façon générale. » Et en particulie­r avec sa fille.

« Sentiment de honte » des victimes

« Son but était de pervertir sa fille, a tonné Me Florence Vallansan, avocate de Louise, pour ce qui était sa dernière plaidoirie varoise (3). Tout cela a commencé bien avant 2018. Il y a eu une manipulati­on, qui continue aujourd’hui quand monsieur affirme que c’est elle qui a eu l’idée de ce jeu. Comme si c’était de sa faute àelle!»

Ce retourneme­nt dans la culpabilit­é est vécu par toutes les parties civiles. «Ilya un sentiment de honte car elles ont donné leur accord pour participer, relève Me Céline Vergeloni, avocate d’Ambre et Magali. Mais c’est lui qui n’aurait pas dû leur proposer... »

« Avec cette histoire, notre fille a perdu de l’insoucianc­e, se désolent les parents de Fanny. Elle est beaucoup plus grave qu’avant. »

« Violeur et voleur d’innocence » (Me Vergeloni), Gabriel assure pourtant avoir pris « conscience de [ses] erreurs ». À ce stade, cela ne suffit plus.

1. Pour protéger l’anonymat de la fille de l’accusé, victime et partie civile dans ce dossier, le prénom du mis en cause a été changé.

2. Tous les prénoms des mineures ont été

changés.

3. L’avocate quitte le barreau toulonnais pour celui de Lisieux.

 ?? (Photo d’illustrati­on Camille Dodet) ?? À l’issue de sa peine, le quadragéna­ire sera astreint à un suivi socio-judiciaire strict durant dix ans.
(Photo d’illustrati­on Camille Dodet) À l’issue de sa peine, le quadragéna­ire sera astreint à un suivi socio-judiciaire strict durant dix ans.

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