Comment devient-on Plus beaux villages de France ?
La commission qualité se réunit deux jours à Seillans. Mission : se prononcer sur cinq candidatures et le réexamen de dix villages classés. Rencontre dans les coulisses des sélections.
Déclassés ou pas déclassés ? Intronisés ou non ? L’épée de Damoclès plane au-dessus de quinze villages qui ont acquis – ou veulent acquérir – le précieux (car très prescripteur) label Les plus beaux villages de France.
La commission Qualité a choisi Seillans ces vendredi et samedi pour se prononcer sur leurs cas. Les bourgades aux noms pittoresques sont issues de Savoie, Lot, Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle, Corrèze et Hautes-Alpes.
Gare au PVC !
À la manoeuvre (ou plutôt au Powerpoint !), le « chargé de qualité », Pascal Bernard. C’est à lui, qui sillonne à l’année les villages, que revient de réaliser leur expertise et d’en faire un exposé à la commission composée à 95 % d’élus et présidée par Claude Centlivre, maire alsacien d’Eguisheim.
« Je développe sur chaque village un argumentaire par rapport à notre grille de notation (lire par ailleurs, Ndlr). Suivent tour de table et débat souvent passionnés, avant le vote de la vingtaine de membres », détaille M. Bernard.
Pour les réexamens, il s’agit de voir comment le village évolue. Et attention aux fausses notes, car, gage du sérieux de son image, la commission se veut exigeante.
« Le label n’est pas acquis à vie. Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers et continuer à progresser » , encourage Pascal Bernard qui note que 50 % des villages sont maintenus mais
« avec des réserves ». Parmi les critères qui peuvent aboutir au déclassement, le traitement du bâti privé. Ainsi la profusion de volets en PVC en coeur de village ou encore des enduits bâclés sont pénalisants.
Non aux « villages musées »
Déontologie oblige, « tout village réexpertisé dont le maire est membre de l’instance ne peut assister à la présentation, au débat et au vote qui concernent sa commune », prévient la porte-parole de l’association, Anne Gouvernel. Ce sera le cas pour Eguisheim et Riquewihr ce week-end. Si un membre est issu du même département que le village présenté, il peut demeurer présent, mais ni n’intervient ni ne prend part au vote.
Enfin, parmi les points qui tiennent à coeur au réseau qui milite pour préserver dynamisme et commerces du patrimoine rural, se prémunir des « villagesmusées ». « Gassin qui a créé une extension contemporaine pour stimuler son centre ancien est un bon modèle », conclut Pascal Bernard à titre d’exemple.