A l’hippodrome, ils ont besoin de vous
Aujourd’hui, l’hippodrome portera haut les couleurs de l’armée de terre et du 54e RA. Le public est invité à partir de 11 h à venir soutenir les blessés de l’armée de terre via la Cabat, la cellule d’aide aux blessés. Sur le parcours balisé, le public pourra parcourir en courant ou en marchant pour faire grimper le compteur kilométrique. Il a été lancé dès jeudi par les militaires dans les villes jumelées avant l’arrivée au terme de 54 heures de courses. Possibilité aussi de s’initier au air-soft, de découvrir la mini ferme, les véhicules de l’association Provence 44, de découvrir le métier. Entrée libre.
Cette sortie en mer à bord d’un voilier avec ses camarades d’active, le brigadierchef Alexandre Martin l’aurait adorée. Mais le destin en a décidé autrement en l’arrachant à la vie, à ses proches et à son unité, ce 22 janvier, alors qu’il était engagé dans le cadre de l’opération Barkhane depuis le 19 octobre 2021, victime de tirs indirects visant la plateforme opérationnelle désert (PfOD) de Gao, au Mali.
Moment de cohésion et de lâcher prise
La mémoire de ce jeune militaire engagé de 24 ans est plus que jamais ancrée dans le coeur de ses camarades. Pour le sergent-chef Laurent, adjoint au service général comme ses cinq coéquipiers et trois autres militaires engagés au Mali, participer à cette journée « en la mémoire de notre camarade Alexandre cinq mois après son décès », était important.
« Nous nous sommes retrouvés tous dans un cadre hors travail. Pour mon équipe, ce drame nous a énormément soudés à vie. Cela a permis à toute l’équipe présente au Mali de se retrouver. Car on était vraiment isolé là-bas,
dit-il. Le but de cette journée est de déconnecter, d’être sur un moment de cohésion et de lâcher-prise ».
Présent au moment où Alexandre a perdu la vie, ce père de famille et militaire qui, comme Alexandre, a fait toute sa carrière au sein du 54e RA, a trouvé « la force dans la famille, dans l’armée dans laquelle je suis depuis 18 ans.»
Au Mali, à plus de 7 000 km des proches, ils ont fait bloc. Pour Alexandre. Pour leur camarade, tombé, qui a fait ce « sacrifice ultime ».
« Nous étions six. Nous ne sommes plus que cinq », ditil. « Bien qu’on perde un camarade, nous avions une mission de défense sur place », confie le sergentchef Laurent. Une fois la mission terminée, « le retour en famille est tellement important. Un cocon familial permet de garder la tête hors de l’eau », témoigne-t-il. Et ce, même s’il y a un « suivi et un soutien de l’armée avec une prise en charge rapide, notamment avec des psychologues ».
En sa qualité de conseiller facteur humain, l’adjudantchef Christophe, adjoint au bureau environnement humain mesure le lien étroit avec les blessés psychiques et physiques.
Il est rompu aux « séances de sensibilisation sur le stress opérationnel, sur l’opération Sentinelle, en opération extérieure, ou en cas d’événement grave. » Également en qualité d’un des conseillers du chef de corps, il est un relais entre le régiment et les psychologues de la cellule de soutien psychologique. Il aura fallu passer par la décompression de deux jours et demi, dite «deretouràla vie civile », précise le sergent-chef Laurent. Un sas de décompression qui est mis en place à l’étranger. Lors de la sortie en mer, aucun n’a échangé sur le drame. Mais cette cohésion entre militaires a été renforcée.
Elle était déjà forte au sein du groupe de l’équipe des «cinq». « On se côtoie, on s’appelle. Il y a un lien qui est indestructible à vie », confie le sergent-chef Laurent, resté proche de la famille d’Alexandre.