Var-Matin (Grand Toulon)

Montpellie­r rêve plus grand

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Montpellie­r a dû attendre 36 ans pour soulever son premier Bouclier de Brennus mais espère désormais peser de tout son poids sur le rugby hexagonal, grâce à un entraîneur réhabilité, Philippe Saint-André, et au soutien financier de son président Mohed Altrad. Aux côtés des centenaire­s que sont la majorité des clubs de rugby français Lyon (1896), le Stade français (1883), Clermont (1911) ou bien encore Castres (1906), son rival malheureux en finale (29-10) du Top 14 vendredi soir -, le Montpellie­r Hérault Rugby est un jeune homme, né en 1986. Racheté en 2011 par le milliardai­re d’origine syrienne Mohed Altrad, à la tête d’un groupe spécialisé dans la prestation de services à l’industrie et à la constructi­on, le MHR ne comptait jusqu’à présent qu’un Bouclier européen (2004), deux Challenges européens (2016, 2021) et un titre en Pro D2 (2003) à son palmarès. Dans une ville plus connue pour ses équipes de football, championne de France en 2012, et de handball masculin surtout (14 titres), le rugby faisait jusqu’à récemment figure de parent pauvre, dans un Midi bercé par les exploits de Béziers et Narbonne.

Face aux poids lourds du championna­t, le MHR, au budget actuel de 28,5 millions d’euros, le septième du championna­t, a donc cherché « à raccourcir le temps », a résumé Mohed Altrad.

« J’ai repris le club en 2011, il y avait beaucoup de choses qui n’existaient pas à l’époque, il n’y avait pas de structures, les relations avec les collectivi­tés n’étaient pas vraiment établies » , a rappelé jeudi l’homme d’affaires, dont l’entreprise est le sponsor maillot du XV de France mais également celui des All Blacks.

Saint-André a transfigur­é le club

Mohed Altrad, qui comparaîtr­a en septembre avec le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, pour trafic d’influence, corruption et abus de biens sociaux, a été

« décrié mais ce succès, il le mérite (...) c’est grâce à lui si aujourd’hui on en est là » ,a souligné vendredi soir l’ancien arbitre Alexandre Ruiz, en charge des rucks et de la discipline au MHR. Pour Philippe Saint-André, son président a surtout eu

« les ‘‘cojones’’ de (l)’appeler,

il fallait le faire » sachant combien il était tombé en disgrâce après son passage à la tête des Bleus (20112015), a-t-il lancé après la finale.

« PSA », 55 ans, a en effet rejoint le MHR en février 2020 au poste de directeur du rugby, loin du terrain, avec pour missions de structurer le club et de gérer le recrutemen­t. Moins d’un an plus tard, pressé par son président devant la situation sportive de Montpellie­r, il « remet son short, un peu serré pour (lui)» et prend les commandes de l’équipe héraultais­e, plongée alors à la 13e place du Top 14.

En dix-huit mois, il a transfigur­é le club, le sauvant de la relégation l’an passé, avec en prime un second titre en Challenge européen, lui apportant vendredi soir son premier Bouclier et s’imposant, selon le président Emmanuel Macron, « comme une place forte du rugby français ».

Staff, effectif, stabilité de mise

Avant même le sacre au Stade de France, les contrats de Saint-André, ainsi que ceux de ses co-entraîneur­s Jean-Baptiste Elissalde (défense), Olivier Azam (avants) et Alexandre Ruiz, avaient été prolongés jusqu’en 2025.

Une stabilité également de mise au sein de l’effectif, puisque l’ouvreur italien Paolo Garbisi et les deuxièmes lignes Bastien Chalureau et Florian Verhaeghe ont également re-signé dans l’Hérault.

Et avec les arrivées de la pépite montoise Léo Coly en 9, de l’ouvreur toulonnais Louis Carbonel et de l’ailier néo-zélandais de Bordeaux Ben Lam, le MHR peut voir venir avec sérénité la saison prochaine, même s’il sera désormais dans la position du « chassé ».

« On sera au rendez-vous », promet Garbisi.

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(Photo AFP) Yacouba Camara : l’appétit vient en gagnant.

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