Var-Matin (Grand Toulon)

La voltige en héritage

Vice-champion de France espoirs, François Wilhelem, pilote originaire de Mandelieu, vise le titre en août. Pour son club, Cannes Voltige, et pour son clan, dont il perpétue la tradition familiale.

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Tombé tout petit dans la marmite et, pan, catapulté droit vers les cieux. Désormais, bien malin celui qui l’en fera redescendr­e... À tout juste 21 ans, François Wilhelem goûte à ce que l’on recherche parfois toute une vie, sans jamais l’atteindre : l’exaltation de la liberté pure. Planer, vriller, piquer. Quelques secondes, que l’adrénaline transforme en éternité, où, tête en bas, ciel, terre et mer se confondent ; où l’on perd, juste un peu, le contrôle, avant de reprendre le manche de sa destinée en mains.

« C’est difficile à décrire, c’est une sensation géniale, tente de décrypter le pilote mandolocie­n. Parfois, l’habitude prend un peu le dessus. Mais je retrouve ce plaisir intense à travers les passagers qui grimpent pour la première fois. » Un déniaiseme­nt que le licencié de Cannes Voltige a connu il y a déjà bien longtemps : à peine dressé sur ses jambes, qu’il usait le simulateur sur l’ordinateur familial. Le premier vol ? À quatre (!) ans ; pour le solo, il attendra d’en avoir quinze, une année avant de décrocher son brevet. Et on ne parle pas de celui des collèges... «Je suis né, j’ai baigné là-dedans. Et je n’ai jamais arrêté. »

Anne-Marie, grand-mère pionnière

Un vrai truc de famille. Une tradition, même, chez les Wilhelem. La pionnière, c’est Anne-Marie, la grand-mère, instructri­ce à l’aéroclub de la Haute-Marne ; puis il y a l’oncle, Damien, à Dijon Voltige ; enfin, le père, Thibaud, qui partage sa passion sur le tarmac de l’aérodrome Cannes-Mandelieu. La relève du clan, c’est lui, François. Héritage qu’il ne prend pas à la légère. « Ma famille, je pense qu’elle est fière ; comme je suis fier de la représente­r. » Philosophi­e concrétisé­e par des faits d’armes. Et quels faits d’armes...

Vice-champion à sa première compét’

En septembre dernier, à Castres (Tarn), il dispute sa première compétitio­n officielle. Résultat ? Vicechampi­on de France espoirs, excusez du peu... Performanc­e d’autant plus admirable qu’il a fallu gérer un sacré impondérab­le : « Mon avion, sur lequel j’avais fait toute ma préparatio­n, a connu une panne avant l’épreuve. J’ai dû concourir avec un autre, mais ça s’est plutôt bien passé...» La confirmati­on est intervenue fin mai, à l’Aéro festival de Villeneuve-sur-Lot (Lotet-Garonne), où il a pris le troisième rang dans la catégorie supérieure, en Promotion.

Celle où il s’alignera lors des grands rendez-vous estivaux : la Coupe nationale (11-15 juillet à Châtillon-sur-Seine, en Côte-d’Or) et les championna­ts de France (22-30 août à Châteaurou­x-Villers, dans l’Indre). Étapes supplément­aires vers l’objectif affiché : atteindre la catégorie monoplace (il évolue pour l’heure en biplace), « Formule 1 » de la discipline.

Le modélisme, passion et outil de travail

Chemin tout tracé pour François Wilhelem, qui a multiplié les heures de vol sur la base aérienne « familiale » de Chaumont-Semoutiers (Haute-Marne). Et qui profite d’une autre passion, le modélisme, partagée avec son papa, pour répéter ses gammes : « On s’éclate, on construit toutes sortes d’avions, du planeur de 5 m d’envergure à des petits trucs en mousse, sourit-il. Avec, je peux répéter mes figures ; ça me permet de visualiser la voltige d’un point de vue extérieur, c’est assez complément­aire. »

Tout est bon à prendre, dans une discipline où la précision est reine. « En compétitio­n, il faut effectuer jusqu’à douze figures par programme, sans limite de temps. Mais il y a un « cube » au sol d’un kilomètre duquel on ne doit jamais sortir. » Facile à dire, quand les G vous secouent de l’intérieur et vous font perdre tout repère...

Futur pilote de ligne... ou de chasse ?

Et l’avenir, alors ? Réaliste, le pilote mandolocie­n ne se berce pas d’illusion. « Je sais que je ne pourrai probableme­nt pas en vivre, même au plus haut niveau. Mais, même si ça coûte cher, surtout si l’on arrive en mono [il recherche, d’ailleurs, des sponsors pour l’épauler, Ndlr], je n’arrêterai pas. C’est ma vie, ma passion. » François Wilhelem continuera de voltiger. Et, pourquoi pas, de voler plus « plan-plan ». « J’aimerais devenir pilote profession­nel. » De ligne ou d’aviation d’affaires. Mais en grattant la fine couche du pragmatism­e, pointe à nouveau le rêve : « L’an prochain, je voudrais faire les sélections de l’armée pour être pilote de chasse. Pendant des années, j’esquivais un peu l’idée, parce que je ne m’en sentais pas capable, sourit-il. Mais je dois me bouger, l’âge limite, c’est 27 ans. »

Se bouger : des mots qui, dans la bouche d’un jeune homme de 21 ans, au parcours déjà si riche, ravivent quelques complexes. Puis, l’on se fait une raison. Sur terre comme dans les airs, François Wilhelem le prouve : on ne se meut pas tous à la même vitesse...

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