Dernier appel à l’aide du personnel des Oiseaux
L’établissement géré par LNA Santé, qui accueille des jeunes souffrant de surpoids, fermera ses portes début juillet. Le personnel tente, encore une fois, de suspendre cette décision.
N «ous essayons encore une fois d’interpeller les autorités, mais visiblement nous ne sommes pas la priorité ». Ce sont des soignants et encadrants dépités qui se sont réunis hier matin, sur le site des Oiseaux, à Sanary. Le centre de prise en charge pédiatrique de l’obésité, géré par LNA Santé, devrait fermer ses portes définitivement le 7 juillet prochain. Les premiers départs d’adolescents ont eu lieu dans la matinée. « Un déchirement, pour l’une des éducatrices spécialisées. Nous les avons pris en charge durant des mois, et aujourd’hui, on est contraint de les laisser seuls, livrés à eux-mêmes ». « Aucune structure de notre genre n’existe pour les accueillir en Paca. Nous rappelons que nous avons une vraie expertise de la nutrition et sommes essentiels pour la prise en charge de problèmes de surpoids et obésité. Nous sommes dans l’impasse, mais nous ne voulons pas baisser les bras », ajoute une soignante.
Ultime appel à l’aide
Les salariés ont réuni des élus locaux (1), afin de lancer un ultime appel à l’aide. De tous bords politiques, tous s’accordent sur un point : « Cette décision relève de l’irresponsabilité ».
« C’est un scandale d’État, fulmine même Jean-Pierre Meyer, conseiller municipal d’opposition à Sanary. Il y a une complicité entre l’ARS (Agence régionale de santé) et le groupe LNA Santé. Nous apprenons que ce dernier a été accusé de fraude à l’assurance maladie de près d’1,2 million d’euros (lire ci-contre) et qu’aucune plainte n’a été déposée. Cela paraît fou ! Alors qui protège LNA Santé ? À qui sert cette fermeture ? Nous demandons des réponses. »
Et de réaffirmer le soutien de la municipalité « dans toute son intégralité » au personnel des Oiseaux : « Nous nous engagerons à sanctuariser le site pour éviter toute spéculation immobilière. La bataille se poursuit au-delà du 7 juillet, je la garantis ! »
Pour Frédéric Boccaletti, député de la 7e circonscription, « la priorité est la suspension de cette fermeture. Le nouveau ministre de la Santé, dès la nomination d’un nouveau gouvernement, sera interpellé. Et si besoin il y a pour stopper toutes les procédures, je saisirai le président de la République », promet-il.
Quid du personnel ?
Des paroles et soutiens qui rassurent les soignants. « Mais ce ne sont que des mots malheureusement. Dans les faits, nous devrons plier bagage le 7 juillet. À partir de cette date, nous serons quasiment livrés à nous-même ».
Avant 2021, l’établissement employé 80 salariés, contre 30 aujourd’hui. Du personnel à qui LNA Santé aurait « proposé un reclassement interne. Or c’est indécent comme proposition. Le groupe n’a que des Ehpad, ce qui ne correspond en aucun cas aux qualifications et compétences des éducatrices par exemple. On ne nous prend pas au sérieux depuis 16 mois (la fermeture a été officialisée le 11 février 2021 ndlr). Mais au-delà de tout, les enfants et adolescents qui ont besoin de nous sont délaissés. Alors que les études montrent que les adolescents vont de plus en plus mal et que leur nutrition se dégrade, les autorités ne se battent pas pour maintenir notre structure ». Désormais, la colère des débuts a laissé place à la déception et la tristesse. Que rien ne pourra visiblement apaiser, hormis une suspension de fermeture.
1. Etaient présents : Jean-Pierre Meyer, (conseiller municipal d’opposition à Sanary), Frédéric Boccaletti (député), Romain Vincent, Jean-Paul Joseph (maire de Bandol), Muriel Fiol (conseillère régionale).