Var-Matin (Grand Toulon)

« Le mental fait la différence »

-

« L’étape ne me convenait pas forcément et j’avais imaginé pouvoir récupérer sur une journée dite de ‘‘transition’’. Il n’en fut rien puisque le rythme a été très élevé, avec une moyenne de plus de 45,5 km/h. Le pire scénario, c’était d’avoir une échappée avec de gros rouleurs à l’avant. C’est exactement ce qui est arrivé, avec les champions du monde (Ganna) et d’Europe (Küng) du chrono, l’ancien champion du monde Mads Pedersen. Derrière, les équipes de sprinteurs ont roulé plein gaz pour favoriser un regroupeme­nt général. En vain, mais ça a donné une étape très dure. L’erreur, après cette trilogie montagneus­e, c’était de se relâcher, avec cette étape plus plane, qui comptait tout de même 2000 m de dénivelé. Mais il n’y a plus d’étape de transition, il y a trop d’enjeux. Hier soir (jeudi), j’étais tellement fatigué que je n’ai pas eu la force d’aller dîner. J’étais ratatiné après le massage. Le médecin s’est bien occupé de moi, en m’apportant une petite collation très sucrée au lit. Ça m’a requinqué, mais j’ai rarement connu ça sur les grands Tours. Il y avait sans doute un mélange de déshydrata­tion, d’hypoglycém­ie, d’insolation. On a très chaud depuis quelques jours et ça fatigue les organismes. Heureuseme­nt, j’ai pu récupérer pendant la nuit et j’étais bien mieux au départ de l’étape, donc j’attends demain (aujourd’hui) avec impatience, car c’est une arrivée qui peut me convenir, si je suis au sein d’une échappée. La montée Jalabert, c’est très court et très raide. La lutte pour aller dans l’échappée sera intense et on n’est plus que cinq dans l’équipe à batailler pour l’intégrer. L’expérience acquise sur toutes mes années dans le peloton me permet de relativise­r et de ne pas céder à la panique. Chaque matin, je me lève en positivant. C’est un peu maso, mais j’aime aussi cet aspect sur un grand Tour : chaque jour, on se lève un peu plus fatigué et, dans la dernière semaine, c’est le mental qui fait la différence. Et le mien est bien armé, d’autant que ma famille viendra me retrouver dimanche soir à Carcassonn­e. Je m’accroche à tout ça, ainsi qu’à vos encouragem­ents. Je ne vais rien lâcher. »

* Le Roqueforto­is nous raconte sa journée tous les jours pendant le Tour.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France