Le barreau de Toulon rend hommage à Jean-Louis Pelletier
J’ai beaucoup de peine. Beaucoup. Jean-Louis était un ami depuis toujours. Un confrère mais surtout un ami ». JeanMartin Guisiano, pénaliste bien connu à Toulon et à Draguignan, a témoigné, hier, de son affection pour ce « grand professionnel du droit. Ce grand bonhomme tout court. »
Né à Hyères, Jean-Louis Pelletier est devenu l’un des avocats français les plus respectés (et craints). Il est mort à l’âge de 86 ans. C’est l’association des avocats pénalistes de France qui a annoncé son décès, une association fondée justement par Me Pelletier et quelques autres robes noires.
Ce brillant avocat a toujours eu un lien intime avec le Var. Certes, il avait plaidé à Aixen-Provence dans sa jeunesse où les travées se souviennent de ses sorties tonitruantes pour défendre ses clients. Et des clients célèbres, Me Pelletier en a eu après avoir ouvert son cabinet à Paris : le parrain marseillais « Francis Le Belge » qu’il a suivi durant des années, procédure après procédure, Jacques Mesrine, ou plus récemment Dany Leprince…
En bateau au Lavandou
Dans le Var, magistrats et avocats se souviennent de ses acquittements « arrachés au forceps » devant la cour d’assises de Draguignan, de ses plaidoiries intenses en correctionnelle à Toulon. Toutes les robes noires louent « un confrère qui donnait des conseils discrets, toujours avec humour, aux jeunes inscrits au barreau. » L’un d’eux, René-Pierre Guisiano, a même passé deux ans dans son cabinet parisien. Deux ans de souvenirs tenaces. Hier, le barreau de Toulon a témoigné de sa « profonde tristesse ». « J’ai fait mes premières armes avec lui ! », confie, ému, Me Michel Mas, exbâtonnier. « Il aimait le compagnonnage, partager, transmettre… » « Quand il venait plaider, il était d’une humilité exemplaire. C’était un homme qui n’avait pas oublié ses racines du sud », reprend Me JeanMartin Guisiano, qui a partagé des dizaines de dossiers criminels avec lui. «Je me souviens de notre première affaire ensemble dans les années 1980. On défendait des gens, accusés de plusieurs braquages en Bretagne. On ne se connaissait pas et, après avoir travaillé sur ce dossier, nous sommes devenus amis pour la vie. JeanLouis venait souvent en vacances au Lavandou pour se reposer. On se voyait tout le temps. Il avait un petit bateau et je me souviens de sa joie lorsqu’il a pu bénéficier d’une place au port. C’était son rêve ! »
« Défendre àtoutprix»
Chez les avocats toulonnais qui ont ferraillé - côté partie civile - contre lui, certains louent « son courage et sa ténacité pour défendre à tout prix. » Et Me Guisiano de conclure : « Jean-Louis Pelletier avait une haute idée de la robe. Il défendait également souvent les journaux attaqués. Son expertise en matière de droit de la presse faisait de lui une référence. On perd aujourd’hui cette référence. »