Var-Matin (Grand Toulon)

Premières turbulence­s pour le RN à l’Assemblée

Entre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire traité de « lâche » et deux rappels à l’ordre pour ses députés, le Rassemblem­ent national n’a pas fait dans la discrétion.

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Hier, lors des questions au gouverneme­nt, c’est le député RN Alexandre Loubet qui a lancé les hostilités dans l’hémicycle en reprochant à l’exécutif de « brader à des intérêts étrangers » des « fleurons industriel­s » français. Dans son viseur, le possible rachat par un groupe américain de l’entreprise d’électroniq­ue Exxelia, dans le départemen­t de la Moselle où il est élu depuis le mois de juin.

« Quand cesserez-vous de trahir les intérêts de la France ? », a-t-il d’abord lancé à Bruno Le Maire. « Vous avez travaillé il fut un temps pour Dominique de Villepin, qui avait dénoncé la lâcheté de ceux qui refusent de défendre les intérêts de la France : aujourd’hui, le lâche, c’est vous », a-t-il tonné un peu plus tard, dans une allusion à une passe d’armes de 2006 entre M. de Villepin, alors Premier ministre, et François Hollande, à l’époque chef de l’opposition.

« Des excuses, des excuses ! »

Bruno Le Maire a aussitôt haussé le ton : « J’ai l’honneur de demander des excuses solennelle­s au Rassemblem­ent national pour avoir employé le terme de lâche ». « Des excuses, des excuses ! », a ensuite ajouté le ministre hors micro. Les députés du RN ont alors quitté l’hémicycle un temps. Devant la presse, leur patronne Marine Le Pen a fustigé la « posture menaçante » de Bruno Le Maire : «Onne menace pas, on ne pointe pas du doigt des députés quand on est ministre. S’il n’est pas capable de garder son sangfroid, qu’il aille planter des fraises », a-t-elle conclu sous les applaudiss­ements de ses troupes chauffées à blanc. À leur retour en séance, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a déploré « l’insulte » proférée par Alexandre Loubet et lui a infligé un rappel à l’ordre avec inscriptio­n au procès-verbal, ce qui prive le député RN du quart de son indemnité parlementa­ire pendant un mois. Cette sanction «nevousdisp­ense pas de présenter vos excuses au ministre », a-t-elle ajouté. Mais l’agitation a repris de plus belle quand l’élu RN du Var Frédéric Boccaletti, après une question sur « l’entrisme de l’islamisme radical à l’école » ,ataxélemin­istre de l’Éducation Pap Ndiaye « d’être lui-même un communauta­riste ». Nouvelles huées. « Vous recommence­z, c’est quand même incroyable, est-ce qu’on ne peut pas se respecter ici ? » ,a pesté la titulaire du perchoir, avant d’infliger un rappel à l’ordre, sous les applaudiss­ements des autres bancs. Les deux sanctionné­s, Alexandre Loubet et Frédéric Boccaletti se sont ensuite échangé une poignée de mains en souriant. Après les questions au gouverneme­nt, Marine Le Pen a repris la séance par un rappel au règlement sur la «liberté d’expression » : «On doit avoir plus de liberté d’expression à l’intérieur de cet hémicycle qu’à l’extérieur ». « Communauta­riste n’est en rien une injure, c’est le développem­ent d’une idée politique, a-t-elle plaidé. Nous nous faisons depuis des semaines traiter de fascistes, de nazis, de pétainiste­s sans que jamais une seule fois, un seul député ne fasse l’objet d’un quelconque rappel à l’ordre ».

« ADN xénophobe »

La séance s’est poursuivie dans la même veine. Avant le vote sur la réforme de l’assurance chômage, la députée Renaissanc­e Astrid Panosyan-Bouvet a dénoncé « l’ADN xénophobe vieux de 50 ans du RN » .Ets’estvueà son tour infliger un rappel à l’ordre par la présidente. Depuis l’élection inédite de 89 députés, le RN avait jusqu’alors joué la carte de la notabilisa­tion. Cravatés, ces parlementa­ires se présentent volontiers en «opposition constructi­ve » et cherchent à se distinguer de « l’agitation » de LFI. Le groupe de Marine Le Pen avait aussi soutenu certaines mesures du paquet pouvoir d’achat durant l’été. Le RN avait promis de hausser le ton cet automne contre la « casse sociale » ou la « submersion migratoire ».

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(Photo AFP) Marine Le Pen et les députés du Rassemblem­ent national ont fait des vagues, hier dans l’hémicycle, lors de la séance de questions au gouverneme­nt.

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