Var-Matin (Grand Toulon)

L’histoire

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

La guerre d’Algérie se rapproche et des jeunes Algériens sans ressources comme Salah et Kaddour rejoignent l’armée française en tant que harkis. À leur tête, le lieutenant Pascal. L’issue du conflit approche et laisse entrevoir l’indépendan­ce prochaine de l’Algérie. Que vont devenir les harkis ? Alors que tous les hommes de son unité, sauf les harkis, sont rapatriés en France, Pascal s’oppose à sa hiérarchie et souhaite le rapatrieme­nt de tous ses hommes. Sans exception. authentiqu­e, une histoire que certains aimeraient oublier alors qu’il s’agit d’une fresque tout en nuance sur le sort réservé aux soldats algériens ayant servi dans l’armée française durant la guerre d’Algérie. Un film nécessaire porté par trois jeunes acteurs prometteur­s : Omar Boulakirba, Mohamed El Amine Mouffok et Théo Cholbi.

Soixante ans après les accords d’Evian, le sujet algérien est encore tabou, notamment dans l’enseigneme­nt scolaire. Philippe Faucon, lui, a décidé de s’emparer du sujet avec une certaine finesse, limitant son récit à l’Algérie (l’arrivée des harkis en France n’est pas abordée, par exemple). «Il faut faire en sorte de ne pas enterrer, de ne pas oublier cette histoire et opérer une réflexion évidemment », poursuit Faucon. Car le sujet est sensible et le réalisateu­r varois a réussi un numéro d’équilibris­te avec son film, ne prenant jamais parti. « C’est une histoire marquante pour toute une génération mais aussi pour la suivante et notamment les descendant­s de harkis qui ont hérité d’une histoire difficile et cachée. J’ai été moniteur de colonie de vacances à 18 ans et je m’occupais d’enfants de harkis qui étaient nés en France après la guerre, qui n’avaient pas connu la guerre, et dont les parents, qui se sont tus, n’ont jamais abordé la guerre, conclut Faucon. Malgré ça, ils étaient marqués par quelque chose de très stigmatisa­nt. Ils ont eu des parcours accidentés. Cette histoire a eu des répercussi­ons très douloureus­es pour de nombreuses génération­s. Il fallait donc l’aborder avec de la réflexion. » Pari plus que réussi.

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