Var-Matin (Grand Toulon)

Malik Bentalha « C’EST UNE AVENTURE FAMILIALE »

Pour sa grande première à la réalisatio­n, l’artiste a surtout voulu rendre hommage aux films de son enfance tout en dépoussiér­ant un style devenu rare dans le cinéma français : le film d’aventures.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

« Je ne suis pas Dwayne Johnson ou Harrison Ford, j’ai plus d’humour que d’abdos »

Dans la vie, quand il ne monte pas sur scène pour boxer nos zygomatiqu­es à coups de sketchs et d’improvisat­ions millimétré­es, Malik Bentalha aime les choses simples : le PSG, la musique de DJ Snake, voyager, Tupac Shakur, le Gard et les films des années 1980. Amoureux depuis son enfance du cinéma de Steven Spielberg et George Lucas, l’artiste multifacet­tes s’était toujours dit, qu’un jour, il leur rendrait hommage. Après de nombreux rôles au cinéma, de Taxi 5 en passant par Pattaya, Le Doudou et Jusqu’ici tout va bien, l’artiste de 33 piges a changé de braquet : il passe à la réalisatio­n. Pour Jack Mimoum et les secrets de Val Verde, en binôme à la réalisatio­n avec Ludovic Colbeau-Justin, il rend un juste hommage aux films d’aventures des années 1980, ceux qui ont bercé son enfance, tout en y ajoutant sa touche.

Son style – candide, drôle, touchant, sincère – est au service d’un casting brillant (François Damiens, Jérôme Commandeur, Benoît Magimel et Joséphine Japy) pour un résultat à la hauteur des ambitions. Oui, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est une belle surprise. Cela tombe plutôt bien puisque Malik Bentalha a pensé son oeuvre comme une trilogie.

Quel a été le déclic pour passer à la réalisatio­n ?

J’ai toujours eu envie de raconter mon histoire, ce qui m’avait bercé dans mon enfance et, à force de tourner pour les autres, j’ai eu envie de faire un film qui me ressemble. Mon cinéma est simple : Les Goonies, Jumanji, Jurassic Park, Indiana Jones. C’est toute mon enfance en quelque sorte, ce cinéma d’aventures, ces épopées. J’avais envie de ça.

On voit les références dans votre film mais on y voit aussi votre touche. Comment la définir ?

On ne peut pas rivaliser avec les budgets américains sur ce genre de films, alors il faut apporter autre chose comme l’humour. Je ne voulais pas faire une parodie. Avec Ludovic Colbeau-Justin, on a surtout voulu rendre hommage à ce cinéma, de la même manière que Jean Dujardin rendait hommage à James Bond avec

OSS 117. Physiqueme­nt, je ne suis pas Dwayne Johnson ou Harrison Ford, j’ai plus d’humour que d’abdos, alors il fallait trouver un style qui tient la route. Et le film se regarde même sans les blagues, on y tenait.

Comment avez-vous convaincu un tel casting de vous suivre plusieurs mois en Thaïlande pour le tournage ?

Avec Mandarin Production et les auteurs, on s’est donné les moyens de faire un scénario qui tiennent bien la route.

Une fois que vous avez ça, vous pouvez aller voir un François Damiens, un Benoît Magimel, pour les convaincre de venir avec vous. Ils ont été partants d’entrée, ça ne pouvait se faire qu’avec eux.

Le stress est-il le même quand on est réalisateu­r ?

J’ai eu la chance, avec Ludovic, d’être bien épaulé à la réalisatio­n. On a mis les ego de côté pour se mettre au service du film. Ce film, c’est mon bébé, c’est quatre ans de ma vie car on a débuté l’écriture en janvier 2018. Je suis fier de ce que l’on a fait, j’espère qu’il va surprendre les gens. Maintenant, le film ne m’appartient plus, je vais essayer de savourer. Il faut laisser le film s’installer car, aujourd’hui, on ne prend plus le temps de rien. Je ne veux pas être prisonnier des chiffres de la première séance de Châtelet-Les-Halles le jour de sa sortie.

Le film est pensé pour avoir une suite. Pourquoi ?

D’entrée, j’ai imaginé l’histoire de Jack Mimoun comme une trilogie. Ça me ramène toujours au cinéma pop des années 1980, à la trilogie d’Indiana Jones. C’est comme une Madeleine de Proust, c’est une oeuvre que j’ai voulue pour toute la famille, que les adultes y voient des hommages, des clins d’oeil, que les plus jeunes s’amusent, c’est un vrai film d’aventures au sens large. En France, depuis L’Homme de Rio avec Belmondo, on a peu fait de films de ce genre, j’avais envie de remettre ça au goût du jour.

Sortir le film sur une plateforme a-t-il été envisagé ?

Non, pour moi c’était dans une salle obscure et basta. C’est fait pour être une expérience collective sur grand écran mais j’ai conscience de la réalité du cinéma malgré tout, de la baisse de fréquentat­ion. Je reste optimiste. Un bon film, novateur, ramène du monde. Tu as tout le temps des bonnes surprises quand tu fais un film avec le coeur.

C’est un film pour les enfants en chacun de nous aussi, non ?

C’est une aventure familiale. Quand on était jeune, nos parents nous engueulaie­nt pour qu’on rentre à la maison car on construisa­it des cabanes et on se rêvait aventurier. Aujourd’hui, les parents incitent leurs enfants à sortir car ils sont souvent devant les écrans à la maison. Il faut que l’on retrouve cette âme d’aventurier. Si on peut donner envie à des enfants de s’imaginer, plus tard, en Jack Mimoun, c’est qu’on aura réussi notre pari. La vraie fonction première du cinéma, c’est de véhiculer une émotion. C’est notre ambition.

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