Var-Matin (Grand Toulon)

Gabriel, lycéen de 16 ans : « J’ai goûté la puff en cinquième »

- MICHAËL ZOLTOBRODA mzoltobrod­a@nicematin.fr

« Tu me repasses ta puff, steup ? » 11 h 30, hier matin devant le lycée hôtellerie et tourisme Anne-Sophie Pic, à Toulon. Nathan, 17 ans, tire plusieurs « taffes » d’une cigarette électroniq­ue jetable goût fraise puis la rend à son « pote » Gabriel, 16 ans. Entre deux cours, c’est devenu une routine pour les deux adolescent­s. « J’ai goûté la puff en cinquième, alors que je fumais déjà la chicha », raconte le plus jeune, également accro à la cigarette.

Lui souhaite être cuisinier dans l’armée et sait que sa dépendance au tabac va être un frein. « J’aimerais arrêter totalement, poursuit-il. Du coup, je puffe de plus en plus. Ça m’aide. J’avais presque réussi pendant les vacances. » Autant dire que Nathan, qui pioche dans son budget déjeuner pour financer son addiction, ne comprend pas pourquoi le ministre de la Santé veut interdire cette cigarette électroniq­ue à moins de 9 euros, déjà interdite aux mineurs. Pareil pour Nathan, pour qui une puff chargée à 0,8 mg de sel de nicotine lui dure 3-4 jours.

Des contrôles faciles à contourner

Comment se fournissen­tils ? « Une fois sur deux » ,on ne leur demande pas leur carte d’identité quand ils se rendent dans un des bureaux de tabac des alentours. « Parfois, on donne juste 2003 comme année de naissance et ça passe », s’en amuse le futur fleuriste, qui n’a pas vraiment l’apparence d’un majeur avec sa moustache jamais rasée. À quelques mètres de là, il nous présente un groupe de cinq copines. Deux sont des « puffeuses » régulières. Irina, 17 ans, est tombée dans le tabac à 9 ans, «en flirtant avec un copain de 11 ans ». Elle a arrêté trois ans, puis a commencé à voler les cigarettes de sa mère. Et ne s’est plus jamais arrêtée. Alors, les puffs, elle a été « parmi les premières à tester » en 2021. « Pas assez fort » pour cette lycéenne.

« Comme il y a moins de nicotine, ça me dure qu’une journée, constate celle qui s’enfile 500 inspiratio­ns fruitées en 24 heures. Avec un paquet de cigarettes, j’en ai pour trois jours. »

Peu importe l’impact environnem­ental, Lucia, 17 ans, s’y est mise l’année dernière. Avant de consommer également des « cigarettes classiques », qu’elle grille

« cinq six fois par jour ». «Ça abîme plus les poumons, mais je préfère quand même les clopes », confie-t-elle. Le schéma type redouté par les profession­nels de la santé, qui alertent sur les dangers des cigarettes jetables aux couleurs flashy et goûts variés. Même celles au taux zéro de nicotine. Nathan ajoute : « C’est dur de ne pas fumer. Regardez, ici, tout le monde fume. Au lieu d’interdire les puffs, ils devraient plutôt réduire le prix ! »

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(Photo Camille Dodet) Comme ici, aux abords du lycée hôtelier et tourisme Anne-Sophie Pic, à Toulon, les puffs sont de plus en plus consommées.

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