Var-Matin (Grand Toulon)

« On est sans doute un peu tarés »

Proche d’atteindre l’objectif fixé en mars quand il a pris les commandes de l’Étoile, Julien Faubert refuse pourtant de se projeter sur la saison prochaine. Même si ce métier un peu fou le comble.

-

Onze points sur dixhuit possibles. Si Julien Faubert a entamé son mandat sur le banc de l’Étoile FC par une défaite (1-2) face à LyonDuchèr­e, le nouvel entraîneur étoiliste tient depuis le 18 mars dernier et cette première sortie contrariée à la tête du club intercommu­nal, un bilan comptable de prétendant à la montée. Alors évidemment, l’accession au National est depuis bien longtemps rangée au rayon des espoirs déchus, mais à quatre journées de la fin de cette éprouvante saison, l’ex Bordelais a sans doute, et même s’il s’en défend, quasiment assuré sa mission : maintenir l’Étoile en National 2. Un objectif qui l’obsède et qui l’empêche aujourd’hui de voir plus loin.

Après vos deux succès consécutif­s face à Hyères puis à Grasse, le maintien est acquis, non ?

Ça commence à sentir bon, mais mathématiq­uement, rien n’est fait. Rien n’est acquis. Après, si je repense à la situation au moment où j’ai repris l’équipe (à l’issue de la 20e journée, les Étoilistes étaient neuvièmes à seulement trois longueurs de la zone rouge), je me dis que les joueurs ont fait le travail. Car ce sont eux qui ont adhéré.

Pour adhérer à un projet, encore faut-il en avoir sous les yeux. Quel est le vôtre ? Quelle est votre méthode ?

Ma méthode, je ne l’ai pas encore vraiment mise en place. Quand j’ai repris l’équipe, on était dans l’urgence et quand on est dans l’urgence, il faut résoudre ce qui est le plus urgent, à savoir prendre des points. Ce que j’ai surtout essayé de changer, c’est l’état d’esprit. De ce que j’ai pu connaître dans ma carrière de joueur, avant toute chose, avant la tactique, avant la technique, il y a un état d’esprit à mettre sur le terrain. Avoir l’envie de gagner, de se battre, de travailler ensemble. Et sur les derniers matches, je vois une vraie équipe, avec des joueurs qui se battent les uns pour les autres, qui défendent les uns pour les autres. Ça, c’est la base du football. Mais mon projet de jeu, non je n’ai pas pu le mettre réellement en place.

Vous avez quand même mis certaines choses en place…

Oui, notamment cette idée de jouer beaucoup plus haut, d’attaquer ensemble, d’attaquer en nombre, de récupérer plus haut. On a travaillé des circuits de passes. Je leur ai dit qu’on avait une maison de 2 000 mètres carrés et qu’on jouait dans la cuisine. Je leur ai demandé d’exploiter tout l’espace que l’on avait à notre dispositio­n.

Ce projet de jeu, on imagine que vous avez envie de le développer ici la saison prochaine. Votre avenir s’inscrira-t-il ici, sur le banc de l’Étoile ?

Je me sens très bien ici. Le club m’a fait confiance, m’a accompagné, m’a donné la possibilit­é d’entraîner, de passer mes diplômes, donc oui, mon club, c’est l’Étoile. Après, depuis que j’ai repris la N2, je ne me suis jamais posé la question de mon avenir. On était, et on est toujours dans l’urgence. L’important est de se sauver. L’avenir, c’est autre chose. On fera les comptes plus tard.

Avec une victoire ce samedi, le maintien serait acquis. Vous feriez alors les comptes lundi ? En vous mettant autour d’une table avec votre président ?

Je ne sais pas. Pour le moment, je suis concentré sur Louhans, et cette équipe a aussi l’obligation

de faire un résultat. Je vis semaine après semaine. Mon avenir personnel, et celui du staff passent au second plan.

Une cinquantai­ne d’entraîneur­s ont été remerciés cette saison sur les quatre premières divisions françaises. La liste s’est encore allongée récemment avec les évictions de Lionel Bah et de Yann Lachuer à SaintPries­t et Lusitanos – Saint-Maur. La refonte des championna­ts vous met sacrément sous pression. Et elle se poursuivra la saison prochaine puisque seuls les neuf premiers de votre groupe seront maintenus.

Ne faut-il pas être un peu maso pour entraîner ?

Je leur ai dit qu’on avait une maison de 2 000 mètres carrés et qu’on jouait dans la cuisine.”

On se le dit parfois en rigolant, oui ! Mais la passion prend le dessus. J’ai vécu avec la pression toute ma vie. On est dans un sport de résultat, il faut le savoir, ça fait partie du jeu. Quand on est joueur, on maîtrise ses pieds, sa tête. Quand on est entraîneur, il faut avoir une confiance envers son groupe et envers ce qu’on a mis en place. Car une fois que le coup de sifflet retentit, on ne maîtrise plus rien. Alors oui, on est sans doute un peu tarés.

À la recherche de cette adrénaline que vous ressentiez sur les

 ?? (Photo Florian Escoffier) ?? Trois victoires, deux nuls et une défaite. Après six journées, le bilan de Julien Faubert permet de penser au maintien de l’Étoile en N2. Mais pas encore de songer à la saison prochaine.
(Photo Florian Escoffier) Trois victoires, deux nuls et une défaite. Après six journées, le bilan de Julien Faubert permet de penser au maintien de l’Étoile en N2. Mais pas encore de songer à la saison prochaine.

Newspapers in French

Newspapers from France