« Si la situation s’aggrave, on freinera »
Dans le bureau de Monsieur le maire, une photo verdoyante de Saint-Zacharie. Elle n’est pas trompeuse, mais peut-elle durer ? Depuis une dizaine de jours, le village a recours à « son eau de secours », c’est-à-dire celle amenée par le canal de Provence. Le forage historique, qui plonge en profondeur sur deux strates distinctes, montre des signes de tarissement. L’an passé, SaintZacharie a entièrement bu l’eau du canal pendant quatre mois de l’année. En tout, le canal a été sollicité pendant six mois.
Mais le maire Jean-Jacques Coulomb n’a pas décidé de lever le pied sur l’urbanisation.
Quelle est la situation actuelle du village ?
Il paraît qu’il y a de grosses réserves d’eau, dans le massif de la Sainte-Baume. Dont une qui se jette en mer au niveau des calanques de Cassis, mais on n’arrive pas à la remonter. La situation n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau, c’est la précocité. Nous connaissons déjà des restrictions importantes depuis plus d’un mois (le 24 mars, Ndlr).
Quel est l’état de vos ressources en eau ?
Nous avons deux forages traditionnels, à la Brise. Le plus profond ne peut pas être utilisé, car l’eau est trop turbide (aspect plus ou moins trouble de l’eau, Ndlr). Sur l’autre, on obtient de moins en moins d’eau. Alors on alterne avec le canal de Provence, un jour sur deux, mais pour combien de temps ? L’été dernier, l’eau du canal a soutenu notre approvisionnement pendant six mois, de mimai à octobre.
Comment voyez-vous les mois à venir ?
Évidemment qu’on est inquiet. Mais d’après une réunion en préfecture de région, la neige tombée sur les Alpes du sud devrait bien nous aider à passer l’été, que ce soit sur la Durance ou le Verdon.
Faudrait-il freiner l’urbanisation du village ?
Nous sommes
6 051 habitants. Je ne suis pas là pour interdire les permis de construire. Certains élus veulent le faire, mais cela pourrait être attaqué au tribunal administratif. Ce qui nous a tués, c’est le PLU (plan local d’urbanisme). À partir de 400 m², de petits terrains sont devenus constructibles. Et puis, je dois construire du logement social, car je suis soumis à la loi SRU. SaintZacharie a même
180 000 euros de pénalités par an, il nous faudrait 400 logements sociaux.
S’il n’y a plus assez d’eau, pensez-vous à diminuer le débit, au robinet ?
J’essaie d’être progressif. Si la situation s’aggrave, on freinera. Si le Verdon est à sec (sic), je regarderai. Je ne suis pas encore dans le mur. Cet été, ce sont les techniciens du canal de Provence qui nous diront si on doit baisser le débit.
Et les piscines ?
Clairement, je n’ai pas les moyens de mettre un policier municipal derrière chaque piscine. Je n’ai pas les moyens d’être répressif.