BathyBot a ouvert les yeux au large de Porquerolles
Immergé de manière permanente à plus de 2 400 mètres de profondeur, le robot relié à la rade par câble électro-optique a commencé à communiquer des images des fonds marins.
Que se passe-t-il vingt mille lieues sous les mers ? C’est à cette question que le robot baptisé « BathyBot » tente de répondre depuis qu’il a commencé à capturer des images il y a quelques semaines. Immergé en permanence à plus de 2 400 mètres de profondeur – une première mondiale –, depuis février 2022, au large de Porquerolles en plein coeur du golfe du Lion, le robot a livré ses premières images qui ont été partagées sur le compte Twitter éponyme et sur YouTube. « Il manquait
(1) une connexion, résume Christian Tamburini, co-responsable du projet et directeur de recherches au CNRS. Il a enfin ouvert les yeux, c’est le début de l’aventure. »
Des images « superbes »
Les premiers clichés se sont faufilés des profondeurs de la Méditerranée jusqu’à l’institut MichelPacha à La Seyne-sur-Mer grâce à un câble électro-optique. Le résultat
est prometteur. « C’est superbe, se réjouit le chercheur seynois. Nous avons vu deux énormes poissons, peut être un requin abyssal, des crevettes, des planctons, des organismes transparents... Pour la première fois, nous avons pu observer des images de bioluminescence avec une caméra hypersensible qui
a capturé la lumière de biorganismes. » D’autres données moins visibles seront aussi collectées comme la température, la salinité, la vitesse et la direction du courant, le flux particulaire et la concentration en oxygène. Autre surprise, la présence fréquente de « neige marine », des particules
qui chutent vers les profondeurs. « Nous avions jusque-là peu d’informations sur le milieu profond. Il est fragile et très spécifique, lance celui dont l’ordinateur est relié au robot. Ces organismes sont soumis à de fortes pressions et une température de 13 degrés. Ce ne sont pas le même type d’images que l’on peut faire sur la côte, mais nous avons pu voir des poissons trépieds. » Cependant, ces zones ne sont pas épargnées par la pollution. « Nous sommes à la sortie de Toulon, des choses traînent comme des bouteilles en plastique et en verre. La mer est polluée mais ce qui m’inquiète c’est davantage le réchauffement climatique. »
Avec cet outil, les scientifiques espèrent véhiculer un message différent pour la préservation des océans : « On doit aussi montrer ce qui est beau. L’océan et la mer nous rendent des services. C’est une immense pompe à carbone. » Pour l’heure, si les images fonctionnent, il reste un détail à régler, celui du mouvement. Le robot pourra ensuite bouger et monter sur BathyReef, un récif artificiel spécialement conçu pour héberger des espèces et faire de nouvelles découvertes sous-marines.