Var-Matin (Grand Toulon)

BathyBot a ouvert les yeux au large de Porqueroll­es

Immergé de manière permanente à plus de 2 400 mètres de profondeur, le robot relié à la rade par câble électro-optique a commencé à communique­r des images des fonds marins.

- ALEXANDRE REYNAUD 1. BathyBot - Deep Sea crawler to see the unseen

Que se passe-t-il vingt mille lieues sous les mers ? C’est à cette question que le robot baptisé « BathyBot » tente de répondre depuis qu’il a commencé à capturer des images il y a quelques semaines. Immergé en permanence à plus de 2 400 mètres de profondeur – une première mondiale –, depuis février 2022, au large de Porqueroll­es en plein coeur du golfe du Lion, le robot a livré ses premières images qui ont été partagées sur le compte Twitter éponyme et sur YouTube. « Il manquait

(1) une connexion, résume Christian Tamburini, co-responsabl­e du projet et directeur de recherches au CNRS. Il a enfin ouvert les yeux, c’est le début de l’aventure. »

Des images « superbes »

Les premiers clichés se sont faufilés des profondeur­s de la Méditerran­ée jusqu’à l’institut MichelPach­a à La Seyne-sur-Mer grâce à un câble électro-optique. Le résultat

est prometteur. « C’est superbe, se réjouit le chercheur seynois. Nous avons vu deux énormes poissons, peut être un requin abyssal, des crevettes, des planctons, des organismes transparen­ts... Pour la première fois, nous avons pu observer des images de biolumines­cence avec une caméra hypersensi­ble qui

a capturé la lumière de biorganism­es. » D’autres données moins visibles seront aussi collectées comme la températur­e, la salinité, la vitesse et la direction du courant, le flux particulai­re et la concentrat­ion en oxygène. Autre surprise, la présence fréquente de « neige marine », des particules

qui chutent vers les profondeur­s. « Nous avions jusque-là peu d’informatio­ns sur le milieu profond. Il est fragile et très spécifique, lance celui dont l’ordinateur est relié au robot. Ces organismes sont soumis à de fortes pressions et une températur­e de 13 degrés. Ce ne sont pas le même type d’images que l’on peut faire sur la côte, mais nous avons pu voir des poissons trépieds. » Cependant, ces zones ne sont pas épargnées par la pollution. « Nous sommes à la sortie de Toulon, des choses traînent comme des bouteilles en plastique et en verre. La mer est polluée mais ce qui m’inquiète c’est davantage le réchauffem­ent climatique. »

Avec cet outil, les scientifiq­ues espèrent véhiculer un message différent pour la préservati­on des océans : « On doit aussi montrer ce qui est beau. L’océan et la mer nous rendent des services. C’est une immense pompe à carbone. » Pour l’heure, si les images fonctionne­nt, il reste un détail à régler, celui du mouvement. Le robot pourra ensuite bouger et monter sur BathyReef, un récif artificiel spécialeme­nt conçu pour héberger des espèces et faire de nouvelles découverte­s sous-marines.

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 ?? (Photo Dorian Guillemain et capture YouTube) ?? Le robot BathyBot a livré ses premières images à 2 400 mètres de profondeur, comme ici avec un requin abyssal qui croise un autre poisson.
(Photo Dorian Guillemain et capture YouTube) Le robot BathyBot a livré ses premières images à 2 400 mètres de profondeur, comme ici avec un requin abyssal qui croise un autre poisson.

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