Viols à l’hôpital : dix ans de réclusion
La cour d’assises du Var a déclaré Hoël Guglielmi coupable de viols sur une patiente en soins psychiatriques au centre hospitalier de Draguignan.
Elle est immobile. Le regard vide. Présente, mais ailleurs. Sur le banc des parties civiles de la cour d’assises du Var, Noémie (le prénom a été changé) ne dit rien. N’exprime rien. Elle attend, spectatrice des évènements. Ballottée par les circonstances. À quelques mètres sur sa droite, dans le box des accusés, Hoël Guglielmi est bien plus expressif. Offensif et brouillon. Même s’il n’est pas toujours très clair dans ses propos, il répète et répète encore qu’il n’a jamais violé Noémie, le 30 septembre 2019 dans sa chambre de l’unité de soins psychiatriques du centre hospitalier de Draguignan (lire nos éditions précédentes).
« Un crime silencieux »
Pourtant, malgré ses dénégations et la plaidoirie de Me Géraldine Jeanne en défense, il a été déclaré ce vendredi coupable de viols et condamné à 10 années de réclusion criminelle. La cour, s’appuyant sur les conclusions de cinq experts psychiatres, a retenu l’altération du discernement de l’accusé au moment des faits. À l’issue de sa peine, Hoël Guglielmi devra respecter un suivi socio-judiciaire de 5 ans avec injonction de soins. Il aura en outre interdiction d’approcher sa victime. Souffrant de schizophrénie mais n’étant pas dans une phase de décompensation
au moment des faits, Hoël Guglielmi aurait répondu à une pulsion caractéristique de sa psychopathie. « C’est un criminel narcisso-sexuel organisé, explique la psychologue Marie-Pierre Guis. Pour assouvir son besoin, il sait trouver la faille chez sa victime. Il cherche l’opportunité. »
Face à Noémie, souffrant
d’un retard mental et d’une lourde dépression, effacée et ayant toujours peur de déranger, il a vu en elle la proie parfaite. Celle qui ne pourrait pas dire non. C’est la thèse soutenue par l’avocate générale Débora Collombier, ayant requis 15 ans de réclusion.
« Elle n’est pas en capacité de consentir, de lui résister. Chez
elle, l’absence d’un non ferme et clair ne veut pas dire oui. Ne pas se débattre, ce n’est pas consentir. Ne pas crier par crainte de réveiller les autres, ce n’est pas consentir. Le viol est bien souvent un crime silencieux. »
Un crime dénoncé dans la foulée par Noémie aux infirmières et relaté ensuite aux enquêteurs et au juge d’instruction. « Son témoignage n’a jamais été remis en cause par le personnel de santé, par les experts psychiatres, précise Me Marie-Luce Chabert en partie civile. Tout comme son absence de consentement. »
« Il a essayé de faire l’amour, pas de la violer »
« Mais ses déclarations ont été différentes selon les interlocuteurs, note Me Géraldine Jeanne, plaidant l’acquittement de Hoël Guglielmi. Les détails varient, le nombre de rapports aussi. Elle a eu peutêtre honte de ne pas avoir su dire non...»
Néanmoins, au-delà de possibles erreurs dans le témoignage de Noémie, c’est l’incapacité de l’accusé à détecter une absence de consentement de sa partenaire qui est au coeur de la défense de Me Jeanne. «On essaye de faire passer Hoël Guglielmi pour quelqu’un d’intelligent, de manipulateur. Mais c’est avant tout un malade. Est-il en capacité de comprendre le refus de Noémie ? Non, car il s’estime irrésistible. Il ne pense qu’à lui, à son désir. Il a face à lui une femme statique. Comment peut-il comprendre qu’elle ne veut pas ? Il a vu des yeux de biche, pas une absence de consentement. Il a essayé de faire l’amour, pas de la violer. »
Les jurés en ont décidé autrement.