Var-Matin (Grand Toulon)

« Bébert », le Niçois qui a fait immatricul­er les petits scooters

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ce soir-là, le 30 novembre 2002, Charles Bébert revient du match MonacoPSG. Il les voit foncer sur leur proie. Deux voleurs à la portière tentent d’emporter le sac à main de touristes italiennes, près du port de Beaulieu-sur-Mer. Raté. Le reporter-photograph­e klaxonne sans discontinu­er. Mis en échec, les malfrats déguerpiss­ent sur leur scooter non immatricul­é.

Une propositio­n à l’Assemblée en 2003

Son interventi­on vaut à Charles Bébert les félicitati­ons du consul italien à Nice – une ville où les vols à la portière sont alors un sport national.

Mais pour ce photograph­e niçois, jamais à court d’idées, cet épisode conforte ses conviction­s : il faut faire immatricul­er tous les cyclomoteu­rs. Y compris les moins de 50 cm3, qui en sont alors exemptés. Vingt ans plus tard, la question ne se pose plus. Tous les « cyclos » roulent immatricul­és, y compris les petites cylindrées.

Son idée brevetée

Leurs milliers d’utilisateu­rs ignorent sans doute que l’idée vient de Bébert. Avec la ténacité et la faconde qu’on lui connaît, le photograph­e a remporté son combat. Il a convaincu le député niçois Rudy Salles de porter sa propositio­n à l’Assemblée. Fin 2003, celleci lui a donné son feu vert. « Je devais confier mon idée à un député pour qu’il fasse adopter la loi. Rudy Salles l’a déposée. Le parlement a accepté aussitôt », raconte Charles Bébert.

À 86 ans, il chevauche toujours son 125 cm3, et se réjouit de voir les 49,9 cm3 immatricul­és, eux aussi. «Si on ne l’avait pas fait, les vols à la portière auraient continué!»

Son idée, Charles Bébert l’a fait breveter auprès de l’Institut national de la propriété intellectu­elle (INPI) en octobre 2001, par le biais de son fils Stéphane. Ce musicien raconte. « Comme mon père était tout le temps à scooter, il voyait un tas d’infraction­s commises par de petites cylindrées. Les mecs brûlaient des feux, ne respectaie­nt pas les stops, roulaient sur la voie rapide. C’était souvent des gamins qui faisaient n’importe quoi. Si on immatricul­ait les moins de 50 cm3, ce ne serait plus possible ! Il l’a fait pour éviter les vols, et pour la sécurité de tous. »

Un fuyard encore identifié à Nice

Un fait divers a récemment illustré l’utilité de ces plaques. Le 25 mars dernier, dans le centre de Nice, un scooter renverse un enfant de 5 ans. Son conducteur a fumé un joint. Il prend la fuite. Un témoin relève le numéro de plaque. Le fuyard sera rattrapé et condamné trois jours plus tard. Pour Charles Bébert, cette interpella­tion illustre le bien-fondé de son idée. Même s’il regrette qu’elle n’ait pas été reprise en totalité. Il militait pour des plaques rouges, pour les distinguer des autres cylindrées. Il déplore que toutes les plaques aient été uniformisé­es. Reste que la « loi Bébert », comme la surnomme Rudy Salles, a fait bien du chemin.

« Je l’ai fait pour sauver des vies humaines, pas pour gagner de l’argent », précise l’octogénair­e. N’empêche. Vingt ans plus tard, Bébert ne cracherait pas contre un geste de l’État. Il a même écrit à Bruno Le Maire. Son cabinet assure examiner sa demande.

 ?? ?? Charles Bébert présente son brevet de l’Institut national de la propriété intellectu­elle, entre un 49,9 cm3 et un 125 cm3, chez le concession­naire Laurent Lachkar à Nice.
Charles Bébert présente son brevet de l’Institut national de la propriété intellectu­elle, entre un 49,9 cm3 et un 125 cm3, chez le concession­naire Laurent Lachkar à Nice.

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