TRAFIC : Le défi de la régulation
La configuration de l’A57 en milieu hyper-urbain contraint fortement les travaux, mais l’enjeu était de limiter le plus possible les conséquences du chantier sur la circulation. Après plus de deux années complètes de travaux, un premier bilan a été établi
Plus qu’un axe de transit, l’A57 traverse la ville ; elle est véritablement un axe majeur de circulation pour les habitants du territoire où plus d’un million de déplacements par jour s’effectuent en voiture.
Benoit Lethuin, conducteur d’opérations, nous détaille les mesures mises en place pour gérer le mieux possible le flux des 110 000 véhicules qui empruntent quotidiennement l’A57 en travaux.
Après la catastrophe du tunnel du Mont Blanc en 1999, la législation a évolué : elle interdit les bouchons à l’intérieur des tunnels pour des raisons de sécurité.
Dès lors que des ralentissements trop importants sont observés, il y a donc obligation de fermer afin d’éviter que des automobilistes ne soient à l’arrêt dans les tunnels. « Depuis l’ouverture du tube Sud en 2014, les fermetures du tunnel étaient très récurrentes et impliquaient des reports de circulation importants dans le centre-ville de Toulon. En 2016, nous étions contraints de fermer 3 à 4 fois par semaine uniquement pour des raisons de congestion de trafic ! ».
Un plan d’action a alors été proposé par VINCI Autoroutes et expérimenté dès 2016 :
Le fonctionnement des feux tricolores en place sur les accès de Léon Bourgeois, Benoît Malon et Tombadou a été adapté et amélioré en direction de Nice.
Un arrêté préfectoral du 3 janvier 2019 a autorisé les remontées de bouchons au niveau du tunnel sur une longueur maximale de 300 mètres, avec l’activation de mesures de régulation au moment des pointes de trafic du matin et du soir : • Action 1 :
activation de la circulation alternée (avec feu tricolore) pour maitriser l’entrée des véhicules depuis les 2 bretelles d’accès à l’autoroute situées après le tunnel et provenant du centre-ville de Toulon.
• Action 2 : si la circulation s’intensifie, la voie de droite est neutralisée en entrée du tunnel, sur l’autoroute A50, pour réduire le débit de véhicules. La circulation est rapidement rétablie sur toutes les voies dans le tunnel après avoir été pincée en entrée.
• Action 3 : en cas de nécessité, la vitesse est abaissée de 70 km/h à 50 km/h dans le tunnel en direction de Nice.
Enfin, une troisième voie supplémentaire a été mise en place au printemps 2017 sur près de 800 m située entre l’échangeur de Tombadou et des Fourches, dans le sens Toulon-Nice. Il s’agissait alors d’un élargissement provisoire sans bande d’arrêt d’urgence. Toutes ces mesures cumulées ont permis de réduire la fermeture du tunnel pour régulation de trafic ;
« ce qui est un bon résultat en raison de la présence de notre chantier jusqu’en 2025 », mais avec la mise en place des voies de largeurs réduites et le début des travaux après le tunnel en direction de Nice, les congestions ont été importantes « et le début des travaux douloureux à la sortie du Covid. Il était indispensable de trouver de nouvelles solutions ».
Un système de comptage a alors été mis en place afin de suivre plus finement le trafic, notamment au niveau des échangeurs. Cela a permis de comprendre les flux de circulation sur les pointes horaires du matin et du soir. Ainsi, nous avons pu travailler sur plusieurs actions qui permettent d’améliorer la fluidité et la sécurité. De ce fait, dans les zones de voies réduites, nous avons, dans la mesure du possible, éloigné de quelques dizaines de centimètres les blocs béton de séparation. Nous avons modifié la limitation de vitesse, abaissée à 70 km/h sur les 7 km du chantier, complété d’un abaissement progressif des limitations de vitesse à l’approche des zones de travaux depuis Solliès-Pont à L’Est, et depuis Bandol à l’Ouest. Avec ces deux nouvelles mesures, la fluidité et la sécurité ont été améliorées.
« Le travail et le dialogue avec les collectivités, mairies, métropole et département, a permis également d’agir sur le réseau secondaire ; elles ont transformé des carrefours à feux par des giratoires sur des voiries adjacentes à l’autoroute et dernier point, nous avons beaucoup travaillé pour optimiser la régulation par feux afin de trouver le meilleur compromis entre le trafic de l’A57 et le trafic qui vient de la ville de Toulon. »
Depuis plusieurs mois, grâce à ces différentes actions, les temps de parcours sont revenus au plus proches de ceux d’avant travaux,
comparables aux temps de la période de référence de 2018-2019. Comme le martèle Benoit Lethuin, « il faut rester humble et vigilant jusqu’au bout ; le chantier n’est pas fini, mais l’objectif reste avant tout de ne pas dégrader la situation en raison des travaux. »
On observe également une baisse variant de 15 à 30% de l’accidentologie selon les secteurs, avec une diminution des accidents graves, ainsi que des accidents moins graves, « ce qui est un bon résultat encourageant pour la suite, d’autant plus que nous avons des travaux qui sont venus compliquer le contexte ».