Var-Matin (Grand Toulon)

« Jouer ici, c’est un rêve de gosse »

Pur produit de la formation toulonnais­e, Mehrez Belkhechin­e vient d’enchaîner son troisième match consécutif en N2. Après avoir souffert la saison passée, il semble désormais libéré.

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-MICKAEL AYI

Mehrez Belkhechin­e (23 ans) a vécu une superbe semaine, avec une bonne prestation et une première victoire en National 2 samedi dernier contre Lyon II (4-2). Et son entraîneur Teddy Bertin a déclaré être « très satisfait de sa défense ». Positionné en latéral droit, cet enfant de la cité Berthe, à La Seyne, est libéré. Il a enchaîné trois titularisa­tions consécutiv­es. Dans la course au maintien, le joueur en contrat aspirant, qui officie aussi comme livreur à temps partiel, monte en puissance.

La dernière victoire contre Lyon II vous a-t-elle fait du bien ?

Oui elle fait du bien mentalemen­t, dans la situation actuelle. On a continué sur la dynamique des derniers matchs, même si les résultats n’étaient pas au rendezvous. Contre Lyon II, on est restés proches d’eux, on a mis beaucoup d’impact et on les a asphyxiés. On a mis un, deux, trois buts et on a continué. Le penalty encaissé juste avant la mi-temps nous a fait un peu douter et on s’est fait peur à 3-2, mais on aurait pu aussi tuer le match plus tôt.

C’est le troisième match que vous enchaînez...

Oui, le coach (Teddy Bertin) m’a fait confiance et m’a intégré tout de suite. Il a vu que je montrais beaucoup d’envie, il nous met à l’aise et il aime bien les « chiens » sur le terrain. Et puis il sait que je suis toulonnais et que ça compte beaucoup pour le club en ce moment. Je viens de l’avoir au téléphone, il voulait savoir comment j’avais trouvé mon match. Il m’a dit qu’il était satisfait, alors que moi je suis dur avec moimême, je veux toujours bien faire.

Vous jouez avec pas mal de personnali­té sur le terrain cette saison, c’est votre style ?

C’est l’ADN, le mien et celui de Toulon. J’ai toujours été hargneux et agressif sur la pelouse, et je pense que c’est ce dont on a besoin en ce moment. Sur mes premiers matchs, je n’étais pas moi-même, je manquais de confiance. J’avais peur que les anciens se disent : « Mais il se prend pour qui, celuilà ? » Cette expérience m’a servi de leçon.

Vous apprenez donc à vous faire respecter en senior ?

C’est ça. Contre Alès (0-0), j’ai mis des coups, j’ai beaucoup branché. (sourire) Du coup, ils sont passés par l’autre côté mais ils se sont

aussi cassé les dents sur Oumar (Diop).

Vous semblez de plus en plus à l’aise à droite…

Oui, parce que je défends beaucoup avec Keny (Moulet). En plus de sa technique au-dessus de la moyenne, il est incroyable dans l’anticipati­on, il me parle énormément, il me met en confiance. Je discute aussi pas mal avec Jérémy (Labor) et Bilel

(El Hamzaoui), qui me donnent des conseils pour les prises de balle, la position du corps… Mais il faut

encore travailler.

Vous verriez-vous redescendr­e en équipe réserve à l’avenir ?

Ça ferait bizarre mais on ne sait pas de quoi demain sera fait, donc je ferai toujours le maximum où qu’on ait besoin de moi. Mais je me sens bien dans le groupe actuel, l’état d’esprit est bon et, avec ce coach, tout le monde a sa chance : on est encore dix-neuf dans le groupe jusqu’au vendredi soir.

Cela fait deux fois qu’on fait appel à vous dans une opération maintien. Comment le prenezvous ?

C’est quelque chose de gratifiant, car il y a une notion de confiance. Si on fait appel à moi dans ces moments-là… Après, je prends vraiment les matchs les uns après les autres, je gratte du temps de jeu et le reste, on verra.

Comment fait-on pour se retrouver à représente­r sa ville ?

Je suis né avec un ballon au pied, tout le monde vous le dira au quartier. Je jouais en bas de chez moi, à Berthe (à La Seyne). Un jour, ma mère m’a inscrit à la Jeunesse sportive seynoise. J’avais 7 ans. C’était un super club de quartier mais il a fait faillite et j’ai rejoint le FC Seynois. Ensuite, j’ai été à l’Associatio­n sportive de la Beaucaire vers 11-12 ans, un super club où des anciens comme les Gomis, Bafétimbi, David ou Christophe, les Mendy, Nampalys ou Alexandre, nous encouragea­ient souvent, ils étaient très présents. Ils ont été une source d’inspiratio­n.

Il y avait du niveau ?

Oui, c’était de superbes années, on faisait beaucoup de tournois. Je me souviens de Farah (Gomis, son actuel coéquipier) sur le bord de la touche, c’était le grand qui s’occupait de moi. Il nous donnait des conseils, il avait envie qu’on réussisse.

Finalement, vous arrivez au Sporting sur le tard…

Oui, je n’ai rejoint le Sporting qu’en U17. C’est le club phare, ça représenta­it beaucoup pour des jeunes comme nous. C’est là que j’ai fait la connaissan­ce d’Ichame Saïdi. J’étais son capitaine, ça se passait super bien. Il m’a tout appris. Avec lui, on repartait toujours de derrière, jouer comme un bourrin était interdit ! Comme j’aime toucher le ballon, ça m’allait parfaiteme­nt. Ensuite, je suis monté en U19 avec Youssef Sif, puis en U19 Nationaux avec Rachid El Brazi, l’actuel entraîneur des gardiens, avant un passage par le Hyères football club de 2019 à 2020.

Vous ne vous sentiez pas bien au Sporting ?

Si mais c’était la période où Ichame avait des problèmes avec la justice et je n’avais plus trop de nouvelles du Sporting, alors j’ai signé là-bas en U20. Ça s’est super bien passé. Au bout de quelques semaines, je suis même monté dans le groupe N2 de Lilian Compan, avant le premier arrêt des championna­ts dû à la Covid.

Lorsque vous êtes revenu à Toulon à l’été 2020, vous n’avez pas intégré les seniors tout de suite. Pourquoi ?

Je ne sais pas. En fait, j’ai retrouvé Ichame, qui était revenu au club. Il poussait pas mal pour que je rentre dans l’équipe une et, quelques mois plus tard, j’étais dans le groupe de Ludovic (Batelli). Depuis, j’en ai vu passer des coachs ici…

Est-ce que ça a été dur à vivre ?

Non. Passer par la petite porte ne m’a jamais fait peur, je suis conscient de mes qualités. Je sais qu’une fois que j’y suis, j’ai le mental pour y rester.

Bafé Gomis et Nampalys Mendy sont une source d’inspiratio­n ”

Le maintien, c’est tout ce qu’on veut ”

C’est d’ailleurs à ce moment-là que vous faites votre première apparition en N2, le 29 janvier 2021 contre LouhansCui­seaux (1-2). Un bon souvenir ?

Alors là, pas du tout (sourire) ! Latéral, ce n’était pas un poste que j’appréciais. Je n’avais aucun repère sur la lecture des trajectoir­es, les ballons dans le dos… Et en face, j’avais un client avec (Clément) Billemaz. Ça allait très vite : c’était contrôle, enchaîneme­nt, contrôle, enchaîneme­nt… Depuis, il a signé à Annecy, en Ligue 2.

Que ressentez-vous lorsque vous portez le maillot du club local ? (il

Jouer pour sa ville, c’est... s’arrête) inexplicab­le. BonRencont­re est un peu plus calme que ce que j’ai connu mais fouler cette pelouse reste un rêve de gosse.

Quel est votre objectif personnel ?

Le maintien, c’est tout ce qu’on veut. C’est ma ville. Pour moi, le mieux serait de jouer le plus possible et de devenir un cadre. Les autres aiment bien me chambrer : « Toi, tu es le futur capitaine ». Mais en vrai, pourquoi pas ?

 ?? (Photo MaxPPP) ?? Dans ses rêves les plus fous, le minot de la cité Berthe se voit bien capitaine du Sporting.
(Photo MaxPPP) Dans ses rêves les plus fous, le minot de la cité Berthe se voit bien capitaine du Sporting.

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