Renan, la rage aux dents
Renan Suarez s’est fait remarquer toute cette saison au TEF pour sa grinta et sa hargne. Le défenseur brésilien, originaire de São Paulo, a en plus su se montrer décisif. Bonne pioche.
Peut-être pas la bave aux lèvres, mais les yeux exorbités et les poings serrés devant lui, sûrement. Il faut le voir, Renan Suarez, exulter, extérioriser sa rage sur les actions décisives du TEF. Le fixe (défenseur) brésilien célèbre d’ailleurs davantage ses sauvetages – tirs contrés et autres – que ses buts. Comme habité d’une force invisible. « Il se transforme sur le terrain ! En apparence, c’est un gentil garçon, assez discret, mais sur le terrain, tu le remarques pour sa rage. Il va au duel franco », illustre le coach adjoint toulonnais, Karim Deman-Marouani. Renan, 27 ans, ne saurait pas dire d’où vient cette double personnalité. Pas de son enfance, certes passée près des favelas de São Paulo, mais dans un quartier tranquille, autour d’une famille aimante et guidée par la foi – deux éléments encrés sur sa peau.
« Petit, je voulais dribbler, marquer... »
« J’ai toujours joué au futsal, jamais au football. J’étais pivot et jusqu’à mes 16 ans, je voulais dribbler, marquer », raconte celui qui, avec sa carrure trapue, s’est peu à peu éloigné des clichés du jogador brésilien. « Avec le temps, j’ai découvert que la défense était une de mes qualités et je l’ai développée en Italie », poursuit-il.
Passé depuis 2016 par Rome ou Sestu (Sardaigne), en D2, il a été repéré par Felice Mastropierro, qui l’a fait venir au TEF cet été. « Je ne connaissais pas le championnat français avant d’arriver et j’ai été surpris du niveau. Dans quelques années, ce sera l’un des meilleurs d’Europe », plaide Renan, qui s’est imposé comme un pion essentiel dans l’effectif. Il est ainsi l’un des meilleurs buteurs toulonnais (1). « Je suis un joueur défensif, je me donne beaucoup pour l’équipe, mais si besoin, je peux marquer », sourit le fixe, le plus souvent cantonné à un
rôle de remplaçant. « Au futsal, il n’y a pas vraiment de titulaires, nuance-t-il. Mais bien sûr que je voudrais jouer davantage, aider encore plus l’équipe. »
La coupe en tête
S’il a encore du mal à s’exprimer en français, il confie bien se sentir à Toulon, grâce au climat et surtout à la présence de ses compatriotes (Feijão – traducteur pour la circonstance –, Morais, Viana, De Menezes). Prolongera-t-il l’aventure la saison prochaine ? « J’espère rester, glisse-t-il. Mais je pense d’abord au Sporting Paris. » Il parle bien
sûr de la demi-finale de Coupe nationale de samedi prochain.
« Ce sera comme une finale, donc on doit prendre notre match sans enjeu à Kingersheim (lire ci-contre) comme une demie, poursuit Renan Suarez. Si on peut gagner la coupe ? Clairement ! En D1, on a accroché Laval, Mouvaux-Lille et le Sporting, soit les trois meilleures équipes. » Face à elles, le Brésilien avait bien sûr fait parler toute sa grinta. Et il a encore un peu de rage en lui.
GUILLAUME RATHELOT
1. Huit en championnat (seuls Pupa et Mesa Maldonado font mieux) et un en coupe.