Var-Matin (Grand Toulon)

Comment l’armée fait face aux pollutions en mer ?

Rejet volontaire d’hydrocarbu­res, collision, naufrage... Les risques d’une pollution en Méditerran­ée sont nombreux. Pour se préparer, la Marine organisait un test grandeur nature mercredi à Hyères.

- NICOLAS CUOCO ncuoco@nicematin.fr

En rade d’Hyères, une dizaine de moyens nautiques, dont des navires italiens et monégasque­s, scrutent la Méditerran­ée. Alors que la mer est très agitée, ils sont à l’oeuvre pour absorber quatre nappes d’hydrocarbu­res, aujourd’hui simulées par de l’écorce de riz, qu’a rejeté volontaire­ment un bateau dans la nuit. Avant ces mouvements, l’alerte a été donnée, le mercredi 10 mai, au centre des opérations (CENTOPS) pour la Méditerran­ée peu de temps avant 6 heures grâce à une détection satellite. À partir de cet instant, c’est la préfecture maritime de la Méditerran­ée qui a la main sur les opérations : « Tout dépend de la zone où se trouve la pollution. Aujourd’hui, c’est la France qui active une demande d’aide auprès des partenaire­s italiens et monégasque­s. C’est elle qui coordonne les moyens. » explique le préfet maritime, le vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi.

Marée noire historique en 1991

Si la séquence de la journée est un exercice (RAMOGEPOL2­3), la menace est bien réelle. En octobre 2018, un navire tunisien, Ulysse, rentre en collision

avec le porte-conteneurs chypriote CLS Virginia, au nord du cap Corse en haute mer. À l’époque, l’accident n’avait fait aucun blessé mais plus de 520 mètres cubes d’hydrocarbu­re, soit 520 000 litres, s’étaient échappés des soutes. Si seulement 10 % du carburant déversé avait rejoint les côtes, c’est probableme­nt grâce au travail et à la coordinati­on des autorités françaises, italiennes et monégasque­s.

En 1991, c’est le pétrolier Haven qui provoque une marée noire géante, la plus grande de Méditerran­ée, après son explosion à une dizaine de kilomètres de la côte de Gênes. Alors que la France, l’Italie et la principaut­é de Monaco avaient déjà conclu un accord, en 1976, pour mettre en oeuvre des actions communes pour limiter les pollutions marines, cette tragédie historique va permettre un plan d’interventi­on

commun baptisé RAMOGEPOL.

Où vont les hydrocarbu­res ?

À bord du bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSSA) Pionnier, l’amiral affirme : « L’objectif de cet exercice est de renforcer nos liens entre partenaire­s. Les gens se rencontren­t, travaillen­t ensemble et discutent. » Ce test a également pour but de s’assurer de l’efficacité du dispositif

et des équipement­s. Ainsi, la poupe du BSSA

Pionnier laisse traîner derrière elle des bouées rouges, « bras », dont le rôle est de faire glisser les polluants jusqu’à une poche que l’on appelle « piscine ». Si le dispositif semble efficace, quid des 1 000 mètres cubes d’hydrocarbu­res que le Pionnier est en capacité de récupérer ? Le quatre-étoiles affirme :

« Nous travaillon­s avec une entreprise à Marseille qui

a l’habitude de traiter des polluants. Nous avons la garantie que, quelque soit le produit ou la quantité que l’on ramène à terre, tout sera traité. » Puis il conclut : « Ils ont également la capacité à nettoyer le bateau et les installati­ons que l’on utilise. » Ce type d’exercice a lieu environ tous les 6 mois, dans différente­s zones de Méditerran­ée.

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Le Pionnier, mercredi lors des tests organisés en rade d’Hyères. Sur la poupe du bâtiment, des « bras » rouges qui permettent de récupérer les polluants.
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(Photo N. C.)

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