Comment l’armée fait face aux pollutions en mer ?
Rejet volontaire d’hydrocarbures, collision, naufrage... Les risques d’une pollution en Méditerranée sont nombreux. Pour se préparer, la Marine organisait un test grandeur nature mercredi à Hyères.
En rade d’Hyères, une dizaine de moyens nautiques, dont des navires italiens et monégasques, scrutent la Méditerranée. Alors que la mer est très agitée, ils sont à l’oeuvre pour absorber quatre nappes d’hydrocarbures, aujourd’hui simulées par de l’écorce de riz, qu’a rejeté volontairement un bateau dans la nuit. Avant ces mouvements, l’alerte a été donnée, le mercredi 10 mai, au centre des opérations (CENTOPS) pour la Méditerranée peu de temps avant 6 heures grâce à une détection satellite. À partir de cet instant, c’est la préfecture maritime de la Méditerranée qui a la main sur les opérations : « Tout dépend de la zone où se trouve la pollution. Aujourd’hui, c’est la France qui active une demande d’aide auprès des partenaires italiens et monégasques. C’est elle qui coordonne les moyens. » explique le préfet maritime, le vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi.
Marée noire historique en 1991
Si la séquence de la journée est un exercice (RAMOGEPOL23), la menace est bien réelle. En octobre 2018, un navire tunisien, Ulysse, rentre en collision
avec le porte-conteneurs chypriote CLS Virginia, au nord du cap Corse en haute mer. À l’époque, l’accident n’avait fait aucun blessé mais plus de 520 mètres cubes d’hydrocarbure, soit 520 000 litres, s’étaient échappés des soutes. Si seulement 10 % du carburant déversé avait rejoint les côtes, c’est probablement grâce au travail et à la coordination des autorités françaises, italiennes et monégasques.
En 1991, c’est le pétrolier Haven qui provoque une marée noire géante, la plus grande de Méditerranée, après son explosion à une dizaine de kilomètres de la côte de Gênes. Alors que la France, l’Italie et la principauté de Monaco avaient déjà conclu un accord, en 1976, pour mettre en oeuvre des actions communes pour limiter les pollutions marines, cette tragédie historique va permettre un plan d’intervention
commun baptisé RAMOGEPOL.
Où vont les hydrocarbures ?
À bord du bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSSA) Pionnier, l’amiral affirme : « L’objectif de cet exercice est de renforcer nos liens entre partenaires. Les gens se rencontrent, travaillent ensemble et discutent. » Ce test a également pour but de s’assurer de l’efficacité du dispositif
et des équipements. Ainsi, la poupe du BSSA
Pionnier laisse traîner derrière elle des bouées rouges, « bras », dont le rôle est de faire glisser les polluants jusqu’à une poche que l’on appelle « piscine ». Si le dispositif semble efficace, quid des 1 000 mètres cubes d’hydrocarbures que le Pionnier est en capacité de récupérer ? Le quatre-étoiles affirme :
« Nous travaillons avec une entreprise à Marseille qui
a l’habitude de traiter des polluants. Nous avons la garantie que, quelque soit le produit ou la quantité que l’on ramène à terre, tout sera traité. » Puis il conclut : « Ils ont également la capacité à nettoyer le bateau et les installations que l’on utilise. » Ce type d’exercice a lieu environ tous les 6 mois, dans différentes zones de Méditerranée.