Var-Matin (Grand Toulon)

Michel Bussi « LE LIVRE EST UNE FÊTE, UN MOMENT DE PARTAGE »

Présent jusqu’à ce soir à la Fête du livre d’Hyères, l’auteur à succès s’est confié hier sur son dernier roman « Trois fois par semaine. »

- FABRICE MICHELIER fmichelier@nicematin.fr

Vous êtes à Hyères pour la Fête du livre. Quel rapport entretenez-vous avec ce genre d’événement ?

En France, on a la chance d’avoir beaucoup de salons. Je fais un peu le tour du pays grâce à cela, ce sont toujours de grands événements avec de milliers de personnes qui viennent à notre rencontre et beaucoup d’auteurs répondent aussi présents. C’est toujours sympa d’en faire partie.

Cela permet-il d’entretenir une relation particuliè­re avec ses lecteurs ?

C’est qui est frappant, c’est ce lien, peu importe la ville où l’on va. On va rencontrer des centaines de lecteurs, qui ont lu vos livres. Il y a un échange et les gens sont heureux de nous voir. Le livre est une fête, un moment de partage. Il y a quelque chose d’agréable sur ces salons. J’en suis à mon vingtième roman, j’ai la chance de publier également des BD, de la littératur­e jeunesse… J’ai pas mal de sujets de conversati­ons possibles avec eux. Il y a toujours une histoire commune. Certains sont prêts à faire une heure de queue, ils viennent avec beaucoup de livres, c’est merveilleu­x de se dire que des gens attendant avec impatience un nouveau livre.

Le dernier justement, « Trois vies par semaine », garde en filigrane un hommage à Arthur Rimbaud. Avez-vous

un lien particulie­r avec ce poète ?

Pas forcément. C’est venu par rebonds successifs. C’est un roman qui parle des marionnett­es, c’est cela le fil conducteur. Par ce prisme, je suis arrivé à Charlevill­eMézières qui est la capitale mondiale des marionnett­es. C’est aussi la ville d’Arthur Rimbaud. C’est aussi une figure mystérieus­e, un poète qui disparaît très jeune, devient trafiquant d’armes…

Vous en parlez... Pourquoi avoir fait le choix de plonger dans l’univers des marionnett­istes ?

C’est venu avec la trame narrative. Puis, il y a un lien entre les marionnett­es et la manipulati­on. Mes romans sont basés sur les rebondisse­ments, les faux-semblants… Après, cet art m’intéressai­t aussi par son côté universel. Enfin, il y a aussi l’aspect effrayant de cet objet qui parle, c’est un classique des films d’horreurs, tout en ayant également ce rapport à l’enfance et à la poésie.

Vous aimez surprendre vos lecteurs… Encore plus dans cet ouvrage avec votre personnage aux multiples identités. Est-ce jouissif pour vous ?

Il y a une constructi­on avec plusieurs étages et un mystère qui s’épaissit à chaque fois. Le lecteur se perd et finit par se dire : “ce n’est pas possible”. C’est toujours compliqué, car sur le papier, cela peut fonctionne­r mais quand on l’écrit il y a beaucoup de difficulté­s à surmonter pour justement ne pas perdre complèteme­nt le lecteur. C’est agréable à écrire, car le bon rebondisse­ment est celui qui surprend le lecteur qui, au final, se dit “c’était évident, c’était devant mes yeux depuis le début.” Cela provoque aussi une émotion. On voit la conséquenc­e sur tous les personnage­s, sur ce roman quand on a l’explicatio­n finale, ça dit quelque chose sur les secrets, l’amour… Il faut de l’émotion, que l’on soit touché par le sort des personnage­s.

Même s’il y a une enquête officielle menée par la gendarmeri­e, l’intrigue se vit et se résout avec vos personnage­s, trois femmes, qui n’ont aucune vocation d’enquêtrice­s. Pourquoi ce choix ?

Le point de départ, c’est ce cadavre d’homme retrouvé qui semble avoir trois identités. La police enquête, mais pour moi l’intérêt du roman était de partir des trois femmes qui correspond­ent aux différente­s identités de ce défunt. Ce sont elles qui mènent l’enquête. C’est une sorte de valse à trois temps qui s’opère. Je voulais raconter cette histoire à travers ces trois femmes, passionnée­s, amoureuses, libres… Et quand elles se retrouvent, ça fait forcément des étincelles. Cela permet de tirer beaucoup de ficelles policières et sentimenta­les.

Vous expliquez que c’est finalement assez facile de créer des identités multiples. Pourquoi avoir pris ce prisme ?

« Le bon rebondisse­ment est celui qui provoque aussi une émotion »

Ce récit est né il y a quinze ans quand je suis allée déclarer ma fille à la mairie. C’est un acte banal pour un employé de mairie de tamponner un livret de famille, mais pour un individu c’est son acte de naissance administra­tif qui conditionn­e le reste et le fait exister. Si quelque chose dérape, une existence civile ne correspond pas forcément à la réalité.

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 ?? ?? « Trois vies par semaine » de Michel Bussi. Editions Presses de la cité. 456 pages. 22,90 euros.
« Trois vies par semaine » de Michel Bussi. Editions Presses de la cité. 456 pages. 22,90 euros.

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