Michel Bussi « LE LIVRE EST UNE FÊTE, UN MOMENT DE PARTAGE »
Présent jusqu’à ce soir à la Fête du livre d’Hyères, l’auteur à succès s’est confié hier sur son dernier roman « Trois fois par semaine. »
Vous êtes à Hyères pour la Fête du livre. Quel rapport entretenez-vous avec ce genre d’événement ?
En France, on a la chance d’avoir beaucoup de salons. Je fais un peu le tour du pays grâce à cela, ce sont toujours de grands événements avec de milliers de personnes qui viennent à notre rencontre et beaucoup d’auteurs répondent aussi présents. C’est toujours sympa d’en faire partie.
Cela permet-il d’entretenir une relation particulière avec ses lecteurs ?
C’est qui est frappant, c’est ce lien, peu importe la ville où l’on va. On va rencontrer des centaines de lecteurs, qui ont lu vos livres. Il y a un échange et les gens sont heureux de nous voir. Le livre est une fête, un moment de partage. Il y a quelque chose d’agréable sur ces salons. J’en suis à mon vingtième roman, j’ai la chance de publier également des BD, de la littérature jeunesse… J’ai pas mal de sujets de conversations possibles avec eux. Il y a toujours une histoire commune. Certains sont prêts à faire une heure de queue, ils viennent avec beaucoup de livres, c’est merveilleux de se dire que des gens attendant avec impatience un nouveau livre.
Le dernier justement, « Trois vies par semaine », garde en filigrane un hommage à Arthur Rimbaud. Avez-vous
un lien particulier avec ce poète ?
Pas forcément. C’est venu par rebonds successifs. C’est un roman qui parle des marionnettes, c’est cela le fil conducteur. Par ce prisme, je suis arrivé à CharlevilleMézières qui est la capitale mondiale des marionnettes. C’est aussi la ville d’Arthur Rimbaud. C’est aussi une figure mystérieuse, un poète qui disparaît très jeune, devient trafiquant d’armes…
Vous en parlez... Pourquoi avoir fait le choix de plonger dans l’univers des marionnettistes ?
C’est venu avec la trame narrative. Puis, il y a un lien entre les marionnettes et la manipulation. Mes romans sont basés sur les rebondissements, les faux-semblants… Après, cet art m’intéressait aussi par son côté universel. Enfin, il y a aussi l’aspect effrayant de cet objet qui parle, c’est un classique des films d’horreurs, tout en ayant également ce rapport à l’enfance et à la poésie.
Vous aimez surprendre vos lecteurs… Encore plus dans cet ouvrage avec votre personnage aux multiples identités. Est-ce jouissif pour vous ?
Il y a une construction avec plusieurs étages et un mystère qui s’épaissit à chaque fois. Le lecteur se perd et finit par se dire : “ce n’est pas possible”. C’est toujours compliqué, car sur le papier, cela peut fonctionner mais quand on l’écrit il y a beaucoup de difficultés à surmonter pour justement ne pas perdre complètement le lecteur. C’est agréable à écrire, car le bon rebondissement est celui qui surprend le lecteur qui, au final, se dit “c’était évident, c’était devant mes yeux depuis le début.” Cela provoque aussi une émotion. On voit la conséquence sur tous les personnages, sur ce roman quand on a l’explication finale, ça dit quelque chose sur les secrets, l’amour… Il faut de l’émotion, que l’on soit touché par le sort des personnages.
Même s’il y a une enquête officielle menée par la gendarmerie, l’intrigue se vit et se résout avec vos personnages, trois femmes, qui n’ont aucune vocation d’enquêtrices. Pourquoi ce choix ?
Le point de départ, c’est ce cadavre d’homme retrouvé qui semble avoir trois identités. La police enquête, mais pour moi l’intérêt du roman était de partir des trois femmes qui correspondent aux différentes identités de ce défunt. Ce sont elles qui mènent l’enquête. C’est une sorte de valse à trois temps qui s’opère. Je voulais raconter cette histoire à travers ces trois femmes, passionnées, amoureuses, libres… Et quand elles se retrouvent, ça fait forcément des étincelles. Cela permet de tirer beaucoup de ficelles policières et sentimentales.
Vous expliquez que c’est finalement assez facile de créer des identités multiples. Pourquoi avoir pris ce prisme ?
« Le bon rebondissement est celui qui provoque aussi une émotion »
Ce récit est né il y a quinze ans quand je suis allée déclarer ma fille à la mairie. C’est un acte banal pour un employé de mairie de tamponner un livret de famille, mais pour un individu c’est son acte de naissance administratif qui conditionne le reste et le fait exister. Si quelque chose dérape, une existence civile ne correspond pas forcément à la réalité.