La limite d’âge, on en reparle ?
En 2012, Jean-Pierre Giran, alors député, avait rédigé un rapport pour améliorer « la démocratie locale ». Sa mesure phare : l’interdiction de se présenter à une élection après 70 ans.
«J’espère ne pas avoir à être candidat. » À mi-mandat, la question commence à se poser pour Jean-Pierre Giran, maire de Hyères. Ce Républicain précise : « Si une personne, avec la même philosophie, le même engagement et la même compétence que moi, peut battre le Front national, je n’y vois pas d’inconvénient... » Beaucoup de si, donc.
En coulisses, certains semblent pourtant se préparer à sa succession pour 2026. D’après nos informations, plusieurs noms circulent dans le camp LR, dont celui de François Cornilleau, adjoint à la mairie et conseiller national du parti d’Éric Ciotti. Un de ses principaux avantages ? Son âge : 50 ans dans trois ans, contre 79 pour JeanPierre Giran.
D’autant plus qu’un rapport officiel datant de février 2012 et écrit par l’actuel maire de Hyères en tant que député a refait surface ces derniers jours. Commandé par le président de la République Nicolas Sarkozy, ce document présente « 42 propositions pour améliorer le fonctionnement de la démocratie locale ». Parmi les mesures développées, la révocation d’un conseiller municipal après « cinq absences consécutives » ou encore la mention dans le règlement intérieur des collectivités de « la procédure à suivre si les élus se trouvent en situation de conflits d’intérêts ».
Place aux jeunes ?
Mais c’est une tout autre suggestion qui attire l’attention aujourd’hui, alors que Jean-Pierre Giran vient d’être élu à la tête de la Métropole toulonnaise, après la condamnation d’Hubert Falco à trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat dans l’affaire dite « du frigo » (bien qu’il ait fait appel) : la proposition numéro 24, censée « cumuler les avantages » et « contribuer fortement à la régénération de la vie politique ». L’ex-parlementaire, âgé de 65 ans à l’époque, souhaitait « interdire la candidature à toute fonction élective après l’âge de 70 ans ».
« Les élus pourront notamment se préparer à leur départ et ne connaîtront plus le drame qui consiste à tenter de se représenter, parce qu’on est en forme, même à un certain âge », écrivait-il, précisant que « le fantasme nourri par certains,
tel Molière, de mourir en scène, s’évanouira ». À ceux qui pensaient qu’aucune borne démographique ne devait être posée, Jean-Pierre Giran avait encore la réponse : « Ceux qui ont dû désespérément attendre que les grands anciens laissent
la place apprécieront sans doute qu’une telle mesure puisse désormais les aider à émerger ».
Intérêt public avant tout
Mesure jamais adoptée, ni par la loi, ni par lui-même. À 73 ans, Giran s’est présenté à Hyères en 2020. Rebelote à 76 ans pour la présidence de TPM, début mai. « Toute règle mérite une exception », se défend l’intéressé, qui souligne qu’une telle candidature doit « être une décision d’intérêt public et non une solution psy ». Celui-ci confie également avoir pu se « tromper » sur cette limite d’âge, rédigée quand il n’avait que 65 ans. Une erreur de jeunesse ?
Pour la Métropole, cet ancien professeur d’économie assure qu’il a dû « assumer (ses) responsabilités », face à la chute d’Hubert Falco, qu’il qualifie « d’accident industriel ». Il enchaîne : « Le problème de l’âge se serait posé pour beaucoup d’autres ». Un message adressé au maire de Toulon Josée Massi, 72 ans, tout comme Gilles Vincent à Saint-Mandrier et Jean-Sébastien Vialatte, à Six-Fours-Les-Plages ? Ou bien à Robert Beneventi, maire d’Ollioules, 79 ans ? De son côté, Jean-Pierre Giran, qui a « adapté son organisation », se dit en « bonne santé » et « pas épuisé » par la tâche. Pas de quoi en faire tout un « drame », donc.