Six jours pour se relever
La claque et l’élimination proche en Top 14, le RCT ne doit pas oublier qu’il a une finale à préparer, vendredi contre Glasgow. Chaque seconde à ruminer sera une seconde gâchée.
Demain, un premier groupe de trente joueurs prendra la route de Dublin (les autres les rejoindront avec l’avion des familles, vendredi). Auront-ils encore le Racing 92 en tête ? Se rongerontils encore les ongles d’avoir vu leurs chances de qualification se réduire considérablement au Havre ? En voudront-ils aux journalistes d’avoir été trop durs ? Aux supporters d’avoir exprimé leur incompréhension ? Ou à leur staff de ne pas avoir correctement su anticiper la moyenne des Jiff, au point de se retrouver avec une équipe expérimentale lors de la 25e journée ?
« Le match, on ne va pas pouvoir le rejouer »
« On savait très bien qu’en remaniant cette équipe, tout n’allait pas être parfait. Maintenant, c’est le choix du staff, et c’est à eux de vous expliquer, tranchait Mathieu Bastareaud samedi soir. Je crois avoir compris que la situation était un peu compliquée au niveau des Jiff. Et le staff aussi, dans la planification des matchs en vue de la finale, avait annoncé à certains joueurs qu’ils allaient jouer ce match. Donc non, je n’ai pas les boules. C’est le staff qui décide et nous, derrière, on doit juste appliquer ce qu’ils nous disent. » Pour sûr, le capitaine toulonnais savait très bien qu’avec ce revers à zéro point, le Top 14 était « quasiment cuit » et qu’il fallait désormais basculer sur Dublin.
« C’est ça, être rugbyman professionnel. Le match, on ne va pas pouvoir le rejouer, donc il faut passer à autre chose. Alors bien sûr, on est déçu, car on aurait aimé être un peu plus à la bagarre, et pourquoi pas créer une surprise… Mais c’est comme ça.
Maintenant il y a une finale à préparer, et on va s’y mettre dès lundi. »
« 23 tueurs pour aller arracher une coupe »
La déception n’était pas feinte, mais la conscience que chaque seconde à ruminer serait une seconde perdue dans la préparation de la finale face à Glasgow était déjà dans la tête des joueurs les plus aguerris. Et du staff, évidemment, bien conscient que la première des priorités sera de faire oublier cette claque. Pas dans le fond, car il faudra se servir ce qui n’a pas fonctionné, mais bien dans la forme, pour ne pas se polluer le cerveau à quelques jours d’une finale européenne. « C’est difficile de basculer si tu rumines,
si tu n’acceptes pas », expliquait en ce sens Pierre Mignoni. D’autant que s’il était touché par ce revers, qui compromettait la suite de la saison, le directeur du rugby voulait déjà se projeter. En rappelant que l’an passé, avant de venir donner une leçon en finale de Challenge Cup au RCT avec le Lou, l’ancien manager lyonnais avait lui aussi reçu une claque (42-10). « La semaine avant la finale, nous étions allés à Bordeaux, et on n’avait pas fait un bon match. Nous avions été très dominés par l’UBB, mais on avait su basculer. Donc aujourd’hui, ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce que vous allez dire, où ce que les gens vont dire, mais c’est : comment on va se préparer pour être un
groupe et 23 tueurs pour aller arracher une coupe, et gagner une finale. Ce soir [samedi] c’est difficile à dire, mais il faut accepter le score, pour basculer. On va trouver les mots, se préparer. Je sais que certains vont s’amuser à critiquer, mais ce n’est pas grave. On va continuer, se préparer et on fera ce qu’on a à faire. »
Accepter la claque, ménager les minots qui se sont envoyés comme des diables mais n’ont pas su renverser le Racing 92 et (enfin) ranger la calculette du Top 14, pour rebasculer pleinement sur la seule chose qui doit animer le groupe : offrir au RCT l’unique trophée qui manque à son palmarès.