Voeux des élus : budgets variables et gros enjeux
Pour les personnalités politiques, ces cérémonies font partie des moments les plus importants d’un mandat. Un exercice que certains réussissent mieux que d’autres.
V «ous avez vu le buzz ? Ça a fait le tour du monde ! »,
fanfaronne Didier Brémond. Ça, c’est la vidéo « surprise »
de George Clooney, diffusée vendredi dernier, pendant les voeux du maire de Brignoles, où réside périodiquement l’acteur américain.
« C’est quelqu’un de très sympathique. Quand je l’ai appelé pour lui proposer de dire un mot, il a tout de suite été partant », raconte l’édile, qui a dealé l’opération com’ deux jours avant. Un gros coup.
« Populaire et festive », voilà les maîtres mots de la cérémonie annuelle animée par Didier Brémond, l’une des plus convoitées du Var avec celle de Rocbaron et ses 500 kg d’huîtres.
« Il faut y mettre de l’humour »
Celui qui a déjà en tête sa réélection en 2026 a salué à l’entrée au gymnase du Vabre plus de 1 600 invités « un par un, qu’il soit patron ou boulanger » et fait travailler les employés municipaux en cuisine « pour les mettre en avant ».
Il a également peaufiné son discours, à son image. « Les voeux doivent donner l’élan pour l’année, précise-t-il. Ça doit être tout, sauf austère ».
La veille, ce dernier avait charrié le maire de Tourves, qui l’avait « fait pleurer » un an plus tôt. « Cette fois, j’ai envie de me marrer » , lui a répondu Jean-Michel Constans, sans dire qu’il allait rentrer sur scène sur la musique de Mission impossible,
deux jours plus tard. « Bien sûr qu’il faut y mettre de l’humour », glisse un directeur
de cabinet influent. La semaine dernière, une bonne partie des maires du Var, ainsi que de nombreuses
autres personnalités du monde politique, économique et social, avait noté en rouge dans leur agenda les
voeux de Jean-Louis Masson, organisés dans l’atrium du conseil départemental, qu’il préside depuis plus d’un an. Ici, pas d’effet de mise en scène ou de stars au programme.
Mais une exhaustive énumération des projets en cours et ceux qui seront lancés, précédée d’éléments politiques « sur une France bâtie sur une histoire, des territoires et des identités ».
Le buffet aussi important que le discours
« C’était un peu trop long, hein ? », commente à chaud un spectateur. Ce soir-là, pas de place à l’improvisation. Contrairement à la veille face aux personnels de la collectivité, Masson jette un oeil sur ses fiches. « On a toujours un peu le trac quand on prend la parole, confie-t-il. Les voeux, c’est un moment de sincérité, de parler vrai, où on se livre. Les gens veulent savoir ce qu’on a dans le ventre. Ce n’est pas l’endroit pour citer Descartes ! »
Et il ajoute : « Le côté buffet, fait par nos services (hors vins rouges et blancs varois, Ndlr) donc aux coûts limités, est aussi important pour les échanges informels ».
Pour le maire de La Crau, la cérémonie des voeux est également une date clé de son mandat. « C’est la rencontre entre une équipe municipale et la population, indique Christian Simon. Les gens ont besoin de connaître les difficultés rencontrées, ainsi que les actions menées et les orientations à venir. » Raison pour laquelle, il a préparé pendant deux semaines son intervention avec son directeur de cabinet : « La recette miracle ? Il n’y en a pas. Mais manger des galettes, on s’en fiche. »
Une facture revue à la baisse
Pas à la Métropole ToulonProvence-Méditerranée (TPM), qui a tout misé sur la frangipane pour les quatre cents agents réunis au théâtre Liberté de Toulon, lundi 8 janvier. En bonus, avant le premier speech de Jean-Pierre Giran ? Un préambule de Charles Berling. Ou plutôt, la moitié d’un Charles Berling, déchiffrant ses notes en mode pilote automatique.
Parmi l’embouteillage des voeux de janvier, ceux de la Métropole auront su se démarquer : tout a été plié en moins de 30 minutes top chrono, avant que s’éclipsent les maires de TPM et la sénatrice Françoise Dumont, auto-invitée à la fête. Et ça, « à moindre frais », souligne un proche de Giran, qui développe : «Àla grande époque où Hubert Falco privatisait le Zénith de Toulon pour ses voeux (ilya une quinze d’années, Ndlr), la facture était d’au moins 40 000 euros. Aujourd’hui, on parle en galettes. »