Avec Soie, la cave St-André tisse sa légende
Les caves coopératives ont fait du chemin. Celle de Seillons-sur-Argens entend le prouver avec un rouge d’excellence dont l’étiquette, 100 % naturelle, a été réalisée par des vers à soie.
Quand les viticulteurs de la cave Saint-André, à Seillons-sur-Argens, ont tenu entre leurs mains les premières bouteilles de Soie, un rouge produit avec les plus beaux raisins de la coopérative, récoltés en 2021, élevés douze mois en barriques de 300 litres, ils ont ressenti « une immense fierté », selon leur directeur technique, Alban Lacroux. La valeur vénale de ce grand vin rouge, commercialisé 26 euros la bouteille – un prix stratosphérique pour la petite cave coop’ varoise dont les bouteilles sont vendues entre 6 et 9 euros –, n’était pas en cause. Le packaging disruptif, en soie 100 % naturelle, non plus.
Etiquette disruptive
Des étiquettes à l’aspect chatoyant, brillantes et légères, rappelant un peu le papier au toucher, mises en forme directement par des vers à soie et tissées à plat selon un procédé unique au monde, développé par la start-up gardoise Sericyne (lire ci-dessous). Avec cette innovation de rupture, totalement inédite dans le monde du vin, il y avait, certes, de quoi rosir de plaisir ! Mais Alban Lacroux l’affirme, ce jour-là, ce qui faisait la fierté
des quarante viticulteurs de la cave Saint-André, c’était le nectar contenu dans la bouteille.
« Soie est un vin d’excellence qui légitime, enfin, la place des coopératives sur la scène de l’excellence. Nous n’avons pas seulement mis une belle étiquette. L’ambition était d’exprimer la quintessence de notre terroir, de faire un vin qui n’ait pas à rougir des
grands vins de Provence », raconte Alban Lacroux.
Les coopératives innovent
De la cuvée tout juste correcte au cru soigné, les caves coopératives ont fait un bond qualitatif dans la dernière décennie. C’est ce qu’entend prouver le dynamique directeur de la cave Saint-André, fondée en 1909, et dont les adhérents cultivent 380 hectares sur neuf communes du Var, en appellation Coteaux Varois en Provence.
« On a longtemps dit des coopératives qu’elles faisaient du volume, que la qualité était médiocre. Je ne suis pas d’accord avec cette vision passéiste. Même si notre coeur de métier reste le vin en vrac, aujourd’hui, les coopératives innovent. Certains de nos vins sont travaillés comme le font les domaines viticoles, grâce à des sélections parcellaires de nos meilleurs terroirs et raisins », avance Alban Lacroux, citant les caves coopératives de Tain-l’Hermitage en vallée du Rhône, de Mailly Grand Cru en Champagne, ou de Ribeauvillé en Alsace. Des exemples de réussite.
Sélection parcellaire, du cousu main
Soie légitime la place des coopératives sur la scène de l’excellence.”
Soie est la démonstration de cette volonté d’émancipation, elle joue les superlatifs : les raisins proviennent de deux parcelles bien exposées d’un hectare, sur un coteau planté au nord pour garder la fraîcheur du fruit, sur un profil de vin rouge plus moderne, aux tanins soyeux et élégants, loin de l’archétype des rouges solaires de Provence. Un vin prêt à boire, « mais que l’on pourra conserver entre cinq et dix ans en cave avant de l’ouvrir », selon Alban Lacroux.
Le packaging de luxe, enfin, cisèle le travail accompli par les viticulteurs. « Tous ont immédiatement adhéré à ce monde de la soie, qui est à la fois proche de l’agriculture par le passé séricicole qu’il convoque, et très lointain parce qu’appartenant à l’univers du luxe », précise Alban Lacroux.