Le « Valdé », un mois après les balles perdues
Mi-février, les fusillades bousculent la vie du quartier. Cible d’une guerre de territoire des narcotrafiquants, le « Valdé » a aujourd’hui retrouvé une vie plus paisible. L’office HLM apprécie.
Présence policière renforcée et vagues d’interpellations en série ont changé le paysage du Val des Rougières. Trois semaines après l’appel au secours lancé par les habitants du quartier (notre édition du 29 février), le « Valdé » a retrouvé son calme – au moins superficiellement.
Les fusillades répétées qui ont fait sursauter le quartier entre le 20 février et début mars ne sont pas pour autant oubliées. « La situation s’est grandement stabilisée, en partie parce que les principaux causeurs de désordre ne sont plus présents en ce moment », glisse pudiquement Var habitat, l’office HLM propriétaire des lieux.
L’office HLM impacté
Si les habitants sont les premières victimes de la guerre des gangs pour prendre possession des lieux, le bailleur social se serait volontiers passé de cet épisode et s’estime lésé, lui aussi, et à plusieurs titres. D’abord, évidemment, parce que les fusillades – puis l’écho médiatique national qu’a rencontré l’arrêté préfectoral antidealers marseillais – génèrent un sévère déficit d’image.
« C’est toujours stigmatisant, pour le logement social en général et pour le quartier, alors que ce type d’événements peut aussi bien survenir dans d’autres ensembles », soupire le plus gros bailleur du Var.
Demande de relogement
Il consent cependant que la conception de ce grand ensemble, qui regroupe, dans une enclave isolée, quelque 800 logements, relève d’une façon de faire de la fin des années 1970 qui a la fâcheuse tendance à « concentrer les problématiques ».
Au sein de l’ensemble, il glisse aussi avoir du faire face à une vague de demandes de relogements après les coups de feu. « On considère qu’elles sont légitimes, dans la mesure où ces familles se sentent menacées », assure l’office qui annonce avoir mis en place une cellule dédiée pour traiter la quinzaine de demandes formulées en urgence.
« Mais on ne veut pas non plus vider le quartier. Ce serait le livrer en pâture aux trafics en tout genre », glisse Var Habitat, qui fait aussi face à la pression des 35 000 demandes de logement social formulées dans le Var.
Sans vouloir dévoiler précisément la facture, l’office ajoute que favoriser l’hémorragie a un coût : celui des loyers qui ne rentrent pas. Une raison supplémentaire pour lui d’assurer vouloir retrousser ses manches pour tenter, avec les forces de l’ordre, les collectivités et les associations, d’assainir durablement le « Valdé ».
« Ce n’est pas à nous, bailleur social, d’assurer la tranquillité d’un quartier. Notre rôle de bailleur, c’est de proposer des logements habitables et en bon état. Mais on travaille pour faire en sorte que les habitants du Val des Rougières, qui est quand même un joli quartier dans la verdure, puissent vivre en paix. »