Var-Matin (Grand Toulon)

« On pèse que dalle ! »

Coupe du monde vécue à distance et prochaine élection à la Fédération, Laporte répond.

- PROPOS RECUEILLIS PAR O. B.

En marge de sa venue à Toulon samedi avec Montpellie­r, Bernard Laporte a accepté d’aborder la Coupe du monde qu’il a suivie à distance depuis sa mise en retrait de la présidence de la Fédération française de rugby à la suite d’une condamnati­on pour corruption en décembre 2022. Reviendra-t-il un jour dans le jeu fédéral ? Il répond.

Vous avez oeuvré en tant que président de la FFR pour obtenir la Coupe du monde en France et vous l’avez vécue comme un spectateur presque anonyme. Votre sentiment ?

Non, ce qui m’a le plus blessé, c’est de ne pas avoir été invité à la cérémonie d’ouverture. Pour dire la vérité, je ne sais pas si j’y serais allé, mais j’ai trouvé ça scandaleux. On l’avait perdue le 30 octobre 2017 et on l’a gagnée le 15 novembre. En quinze jours, on a renversé la table. Mais bon, c’est comme ça et ça montre que dans le rugby, il n’y a pas que des gens bien.

Vous la considérez comme une réussite ou un échec ?

On perd contre les champions du monde donc je ne sais pas si on peut parler d’échec mais ça ne peut pas être une réussite. On ne peut pas être content d’avoir perdu en quart de finale et Fabien (Galthié) le premier. Ça se joue à pas grand-chose mais je suis convaincu que si on avait fait ce qu’il fallait, on aurait été champions du monde. Il y a le terrain et il y a les à-côtés, c’est tellement évident lors d’un tel événement…

Aurait-ce été différent si vous aviez été encore en fonction ?

Je ne parle pas de moi. On joue une Coupe du monde en France mais politiquem­ent, on pèse que dalle. Je ne parle évidemment pas d’acheter les matchs mais on n’a rien eu. Je dirai des choses un jour dans un livre pour raconter qu’on voyait les dirigeants de toutes les autres nations mais pas les nôtres ou lorsqu’on les voyait, personne ne savait qui c’était.

Auriez-vous traité Ben O’Keefe, l’arbitre de France – Afrique du Sud, de pipasse ?

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(Il rit très fort). Bon il se trompe mais on ne fait pas ce qu’il faut. On tape deux chandelles et on prend deux essais, tu ne peux pas dire que c’est que la faute de l’arbitre. Qu’il se soit trompé sur la dernière pénalité (le contest fautif de Kwagga Smith), c’est une certitude, mais ce n’est pas ça qui fait basculer le match.

Quoi qu’il en soit, la question de l’arbitrage a pollué toute la Coupe du monde. Que faudraitil faire pour en réduire l’importance ?

C’est compliqué, l’arbitre fait partie du jeu. Il peut se tromper. Admettons qu’il se trompe deux fois, mais toi, tu prends quatorze points sur deux essais de merde, donc tu ne peux pas dire que c’est de sa faute. Les arbitres se trompent, comme les joueurs.

Vous êtes devenu sage…

C’est avec l’âge ça ! (rires) J’ai évolué sur cette question car je n’étais pas gentil avec eux. En fait, il faut accepter qu’un arbitre se trompe. Il adopte un jugement à un instant T mais ce n’est pas toujours rationnel. Quand tu admets qu’un arbitre peut se tromper, tu acceptes ce qui peut se passer à ton désavantag­e.

Vous soutenez l’ancien internatio­nal Didier Codorniou qui s’est déclaré candidat à l’élection de la présidence de la Fédération française de rugby le 10 octobre prochain. Pourriezvo­us revenir dans le jeu ?

Non, pas du tout. J’ai fait six ans et fait en sorte que la Fédération et l’équipe de France se redressent. Bon voilà, terminé ! Je suis passé à autre chose. J’aime beaucoup Didier qui est un super mec. Il a porté les couleurs de Narbonne, de Toulouse et de l’équipe de France (31 sélections) Il est charismati­que et quand il entre dans une salle, il représente le rugby (il est également viceprésid­ent du Parti radical de gauche, maire de Gruissan et vice-président du conseil régional d’Occitanie). Alors quand il m’a dit qu’il voulait se présenter, je l’ai évidemment soutenu. C’est un très bon candidat et j’espère qu’il gagnera. Là où je suis, je ne ferai pas campagne. Ce n’est plus mon problème.

Vous êtes bien installé à Montpellie­r ?

Non, je vis encore à l’hôtel. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas trop eu le temps de chercher mais je vais bien m’installer en vue de la prochaine saison. 1. En janvier 2014, Bernard Laporte, alors entraîneur de Toulon, avait traité l’arbitre Laurent Cardona « d’incompéten­t », « d’amateur et de « pipasse » à l’issue de la victoire de Grenoble à Mayol dans les ultimes minutes.

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(Photo J.-F. O.) Bernard Laporte regrette le peu d’influence des dirigeants français actuels.

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