L’inattention à l’origine de la mort d’Odile Q. à La Seyne
Ce devait être un dimanche de juillet banal. Un weekend d’été placé sous le signe de la famille. D’un côté, une grand-mère qui va acheter de l’équipement pour sa piscine, avant l’arrivée de ses petits-enfants à la fin du mois. De l’autre, un Aubagnais d’une trentaine d’années qui rentre d’un repas de famille, à Le Seyne. Leur chemin s’est tragiquement croisé à 16 h 39 sur le parking du Castorama de La Seyne-surMer.
« C’est un dossier dramatique d’un point de vue humain », annonce le président Fabrice Karcenty. Alors que le trentenaire tourne lentement dans le parking à la recherche d’une place, Odile Q. sort du magasin. Tous deux s’engagent au même moment dans l’allée centrale. « J’ai regardé la chaussée et je n’ai vu personne, rembobine Sébastien L. Quand j’ai compris ce qui se passait c’était trop tard. » La Sanaryenne âgée de 77 ans est passée sous les essieux du Peugeot Expert. Elle est morte sur le coup.
Stéphane L., 35 ans, est agrippé à la barre. Il ne comprend
toujours pas comment il n’a pas vu la grandmère. Groggy, il a présenté ses excuses et ses condoléances aux deux filles de la victime : « J’ai vécu le deuil routier de mon petitcousin. J’ai un sentiment de culpabilité de faire connaître cette peine à quelqu’un. »
Analyses négatives
L’une des filles de la victime a pris la parole pour rendre hommage à une femme « extraordinaire », une ancienne professeur, « quelqu’un d’intellectuellement
puissant ».
Le prévenu est décrit par ses proches comme un conducteur prudent. Il possède ses 12 points et n’avait jamais eu d’accident. Les analyses effectuées le jour des faits n’ont révélé aucune trace d’alcool et de stupéfiants.
Le montant de son parebrise aurait-il masqué la victime ? Ou plutôt une erreur d’inattention ? C’est la deuxième hypothèse qui a été retenue. Le prévenu téléphonait à sa compagne en Bluetooth.
Un élément sur lequel s’est focalisé Me Béatrice Dupuy pour démontrer la « faute d’inattention ». L’avocate a demandé à ne pas accabler le prévenu. « Le Bluetooth n’est pas en soi réprimé par la loi mais toutes les études sont concordantes, son usage constitue un danger. »
Le procureur a requis une peine de deux ans de prison avec sursis ainsi qu’une suspension du permis de conduire pendant 6 mois : « Un manque de concentration et d’inattention aura suffi pour que des vies basculent. »
Pour les intérêts du prévenu, Me Sophie Gorse a plaidé une dispense de peine : « Les témoins précisent que conducteur n’allait pas vite. Il ne fuit pas, il attend accroupi. Je ne crois pas que deux ans soient utiles à soulager les peines. Il purge sa peine depuis le 16 juillet 2023... »
Le tribunal s’est montré plus clément. L’Aubagnais a écopé d’une peine de 18 mois de prison avec sursis. Son passé de conducteur a plaidé en sa faveur puisqu’il conserve son permis de conduire.