Var-Matin (Grand Toulon)

Parents à tout prix ? La

La gestation pour autrui (GPA) offre la possibilit­é aux couples hétérosexu­els confrontés à des problèmes d’infertilit­é ainsi qu’aux couples homosexuel­s de devenir parents. Cependant, étant interdite en France, ils sont nombreux à se tourner vers l’étrange

- Dossier : Élodie MADORÉ-ANTOINE emadore@nicematin.fr

La gestation pour autrui (GPA) est un acte controvers­é qui suscite de nombreux débats à travers le monde. Si elle fait le bonheur des uns, elle soulève colère et indignatio­n chez les autres.

La GPA implique qu’une femme, souvent appelée « mère porteuse », porte un enfant pour le compte d’un « couple de parents d’intention », qui, à la naissance, recevra cet enfant. Ses opposants mettent en avant des préoccupat­ions concernant l’exploitati­on des femmes, la marchandis­ation du corps et le bien-être des enfants nés de ce processus.

Interdite en France, mais...

L’interdicti­on de la gestation pour autrui en France a été promulguée dans le cadre de la loi de bioéthique de 1994. Une interdicti­on réaffirmée en 2011. Cependant, la circulaire Taubira, publiée en 2013 par le gouverneme­nt et validée par le Conseil d’État, permet la délivrance d’un certificat de nationalit­é française aux enfants nés par GPA à l’étranger, dès lors qu’ils peuvent justifier d’un lien de filiation avec un Français.

Pour ou contre ?

Un sondage réalisé par l’Ifop pour le média Femme Actuelle en février 2022, interrogea­nt plus de 2 000 personnes, indique que 72 % des femmes et 51 % des hommes sondés sont favorables à la légalisati­on de la GPA en France. Un soutien encore plus marqué chez les femmes de moins de 35 ans, atteignant même 75 %.

Parmi les candidats à l’Élysée en 2022, sa légalisati­on comptait peu de partisans. Seul l’écologiste Yannick Jadot était pour une « GPA éthique » sans toutefois le signifier dans son programme. « Éthique », car menée dans le respect des droits, de la dignité et du bien-être de toutes les parties impliquées, avec une attention particuliè­re portée à l’intérêt supérieur de l’enfant à naître.

Pour Macron, une « ligne rouge » à ne pas franchir

« (...) Les lignes rouges sont réaffirmée­s. Ainsi, il n’est pas question d’autoriser la gestation pour autrui en France. » Fin 2021, le chef de l’État avait réaffirmé son opposition à la gestation pour autrui dans un courrier adressé à des associatio­ns anti-GPA. Pour autant, dans les colonnes de l’Obs fin août 2023, l’ex-ministre des Transports, Clément Beaune, se disait favorable à sa légalisati­on.

« Il y a d’un côté tellement d’enfants en souffrance et de familles dysfonctio­nnelles, et de l’autre, tellement de couples qui portent dans leur coeur un projet d’enfants, souligne-t-il avant d’évoquer la justice. Aujourd’hui, les Français peuvent en fait déjà avoir recours à la GPA. Mais pas tous les Français ! Seulement ceux qui ont les moyens de se rendre à l’étranger. »

Un certain coût

De nombreuses personnali­tés ont eu recours à la GPA, comme le footballeu­r Cristiano Ronaldo, les actrices Nicole Kidman et Sharon Stone ou encore le chanteur Sir Elton John. Un procédé qui peut coûter extrêmemen­t cher selon le pays d’origine de la mère porteuse. Aux États-Unis, le prix global va de 80 000 à 240 000 euros ; au Canada, il faut débourser entre 60 000 et 100 000 euros ; en Grèce, le budget est de 70 000 à 80 000 euros et en Ukraine ou en Russie, il faut compter entre 26 000 et 80 000 euros.

La GPA n’est autorisée que dans une vingtaine de pays dans le monde.

Vers un « crime universel » en Italie ?

Les lois et les attitudes à l’égard de ce processus varient considérab­lement d’un pays européen à l’autre. Les députés italiens ont voté en juillet dernier un projet de loi visant à renforcer l’interdicti­on de la GPA en la rendant illégale, même à l’étranger. Le texte, qui doit encore être validé par le Sénat pour entrer en vigueur, expose les Italiens, qui auraient recours à ce processus à l’étranger, à des poursuites judiciaire­s à leur retour. Faire appel à une mère porteuse serait alors considéré comme étant un « crime universel ». Une mesure fortement critiquée par l’opposition et par la communauté LGBT.

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