Le Grand Prix de France de F1 nomme un liquidateur
Une grande majorité des actionnaires du Groupement d’intérêt public (GIP) du Grand Prix de France s’est finalement mis d’accord sur une dissolution. Il reste à rembourser plus de 16 M.
Pas moins de 79,96 % des voix ont approuvé la dissolution du Groupement d’intérêt public (GIP) du Grand Prix, chargé de l’organisation et de la promotion de l’étape française de F1 (entre 2018 et 2022). Champagne ? « L’ambiance a été amicale », assure un participant au conseil administratif. Six mois que les différents actionnaires attendaient ce rendez-vous crucial, présidé par Christian Estrosi. Il fait suite à l’arrêté du préfet de Région qui a récemment révisé sa position initiale et souhaité dissoudre ce GIP, dont la dette s’élève à plus de 32 millions d’euros.
« Cela va permettre enfin de régulariser l’ensemble des créances auprès des prestataires du Grand Prix », s’est réjoui Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a déjà avancé 11 millions d’euros. Même la Métropole toulonnaise, jusque-là opposée à toute dissolution, s’est rangée du côté de la Région, de la Métropole niçoise (qui a voté elle aussi 5 millions d’euros pour combler la dette), du circuit Paul-Ricard, de la CCI Paca et celle du Var. « Il était temps de tourner la page administrative », explique Jean-Pierre Giran, à la tête de TPM. Avant de nuancer son vote : « Ça ne veut pas dire qu’on renonce à obtenir tous les éclaircissements nécessaires. Il y a encore trop de zones d’ombre dans la gestion. Monsieur Estrosi a parlé d’exigence. Et moi, de rigueur. Tout cela en manque. »
Deux votes contre dans le Var
Seules deux collectivités ont voté contre : la communauté d’agglomération Sud Sainte
Baume ainsi que le conseil départemental du Var. « C’est une mascarade », dénonce Jean-Louis Masson, qui reproche une nouvelle fois au maire de Nice de ne pas communiquer les documents demandés, « notamment sur les centaines de milliers d’euros de frais de déplacement ». « Pourquoi nous cacher des pièces ? », s’interroge-t-il, alors qu’une enquête judiciaire suit parallèlement son cours.
Sur la forme comme sur le fond, celui-ci conteste les modalités de dissolution. Y compris le choix du liquidateur Bernard de Froment, conseiller d’État honoraire, spécialisé en droit public. « Le président du GIP nous impose ce proche de François Fillon après une mise en concurrence soi-disant infructueuse, s’agace Jean-Louis Masson. Mais là encore, on n’a aucune trace. Or, ce même Bernard de Froment avait conseillé, au moment de la création du GIP, de ne pas faire d’appel d’offres pour le choix d’un cabinet juridique. Avec des millions d’euros en jeu. Ce qui fait d’ailleurs partie des irrégularités soulevées par l’audit externe. »
Le président du Var n’a pas eu plus de réponse concernant les récentes interrogations de la députée maralpine Christelle d’Intorni autour du « Club Business du Grand Prix de France » et des cadeaux de luxe offerts à ses membres, censés être des partenaires issus du CAC 40. « Le président du GIP a rejeté le sujet d’un revers de la main », rapporte Masson, qui ne cite jamais le nom de Christian Estrosi.
Une nouvelle action en justice ?
Un an et demi après le dernier tour de piste du champion Néerlandais Max Verstappen sur la piste du Castellet, la situation semble malgré tout avancer. À moins que Jean-Louis Masson ne saisisse une nouvelle fois la justice, via un recours administratif sur le fond. « On est face à une telle opacité et à une telle méconnaissance du dossier, déplore-t-il. Comment traiter le GIP d’une façon aussi légère ? »
Contactés, ni Christian Estrosi ni son entourage n’ont souhaité faire de commentaire. Contrairement à Renaud Muselier qui souhaite garder « de cette expérience une aventure unique et collective (...) admirée par plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs » et dont « les retombées économiques ont été considérables pour l’ensemble des territoires concernés ».