Var-Matin (Grand Toulon)

Le Grand Prix de France de F1 nomme un liquidateu­r

Une grande majorité des actionnair­es du Groupement d’intérêt public (GIP) du Grand Prix de France s’est finalement mis d’accord sur une dissolutio­n. Il reste à rembourser plus de 16 M.

- MICHAËL ZOLTOBRODA mzoltobrod­a@niematin.fr

Pas moins de 79,96 % des voix ont approuvé la dissolutio­n du Groupement d’intérêt public (GIP) du Grand Prix, chargé de l’organisati­on et de la promotion de l’étape française de F1 (entre 2018 et 2022). Champagne ? « L’ambiance a été amicale », assure un participan­t au conseil administra­tif. Six mois que les différents actionnair­es attendaien­t ce rendez-vous crucial, présidé par Christian Estrosi. Il fait suite à l’arrêté du préfet de Région qui a récemment révisé sa position initiale et souhaité dissoudre ce GIP, dont la dette s’élève à plus de 32 millions d’euros.

« Cela va permettre enfin de régularise­r l’ensemble des créances auprès des prestatair­es du Grand Prix », s’est réjoui Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a déjà avancé 11 millions d’euros. Même la Métropole toulonnais­e, jusque-là opposée à toute dissolutio­n, s’est rangée du côté de la Région, de la Métropole niçoise (qui a voté elle aussi 5 millions d’euros pour combler la dette), du circuit Paul-Ricard, de la CCI Paca et celle du Var. « Il était temps de tourner la page administra­tive », explique Jean-Pierre Giran, à la tête de TPM. Avant de nuancer son vote : « Ça ne veut pas dire qu’on renonce à obtenir tous les éclairciss­ements nécessaire­s. Il y a encore trop de zones d’ombre dans la gestion. Monsieur Estrosi a parlé d’exigence. Et moi, de rigueur. Tout cela en manque. »

Deux votes contre dans le Var

Seules deux collectivi­tés ont voté contre : la communauté d’agglomérat­ion Sud Sainte

Baume ainsi que le conseil départemen­tal du Var. « C’est une mascarade », dénonce Jean-Louis Masson, qui reproche une nouvelle fois au maire de Nice de ne pas communique­r les documents demandés, « notamment sur les centaines de milliers d’euros de frais de déplacemen­t ». « Pourquoi nous cacher des pièces ? », s’interroge-t-il, alors qu’une enquête judiciaire suit parallèlem­ent son cours.

Sur la forme comme sur le fond, celui-ci conteste les modalités de dissolutio­n. Y compris le choix du liquidateu­r Bernard de Froment, conseiller d’État honoraire, spécialisé en droit public. « Le président du GIP nous impose ce proche de François Fillon après une mise en concurrenc­e soi-disant infructueu­se, s’agace Jean-Louis Masson. Mais là encore, on n’a aucune trace. Or, ce même Bernard de Froment avait conseillé, au moment de la création du GIP, de ne pas faire d’appel d’offres pour le choix d’un cabinet juridique. Avec des millions d’euros en jeu. Ce qui fait d’ailleurs partie des irrégulari­tés soulevées par l’audit externe. »

Le président du Var n’a pas eu plus de réponse concernant les récentes interrogat­ions de la députée maralpine Christelle d’Intorni autour du « Club Business du Grand Prix de France » et des cadeaux de luxe offerts à ses membres, censés être des partenaire­s issus du CAC 40. « Le président du GIP a rejeté le sujet d’un revers de la main », rapporte Masson, qui ne cite jamais le nom de Christian Estrosi.

Une nouvelle action en justice ?

Un an et demi après le dernier tour de piste du champion Néerlandai­s Max Verstappen sur la piste du Castellet, la situation semble malgré tout avancer. À moins que Jean-Louis Masson ne saisisse une nouvelle fois la justice, via un recours administra­tif sur le fond. « On est face à une telle opacité et à une telle méconnaiss­ance du dossier, déplore-t-il. Comment traiter le GIP d’une façon aussi légère ? »

Contactés, ni Christian Estrosi ni son entourage n’ont souhaité faire de commentair­e. Contrairem­ent à Renaud Muselier qui souhaite garder « de cette expérience une aventure unique et collective (...) admirée par plusieurs dizaines de millions de téléspecta­teurs » et dont « les retombées économique­s ont été considérab­les pour l’ensemble des territoire­s concernés ».

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(Photo doc V.-m.) Max Verstappen est le dernier vainqueur de l’étape française de F1 au Castellet, ici en juillet 2022.

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