Chantiers Alex : ce rapport qui contredit la Métropole de Nice
C’est une bombe inattendue dans l’affaire qui secoue les vallées sinistrées par la tempête
Alex depuis plus d’un an. Un rapport judiciaire qui prend le contre-pied de la communication offensive de la Métropole Nice
Côte d’Azur dans son bras de fer avec une partie des entreprises choisies pour la reconstruction dans la Vésubie, qu’elle accuse de ne pas avoir fait, ou d’avoir mal fait les travaux. Dans ce document, que Nice-Matin/Var-matin s’est procuré, qui épluche la route de la Madone de Fenestre, à Saint-Martin-Vésubie, l’expert dédouane les entreprises, mais il étrille la « gestion non rigoureuse » de la Métropole. Explications.
1. C’est quoi ce rapport ?
Un rapport dressé le 8 février 2024 par un expert judiciaire, Roger Ciais, maire de Touët-sur-Var, mandaté par le tribunal administratif de Nice en juillet dernier. Un document très officiel qui répond à la requête de la Métropole de constater si « [ses] versements effectués correspondent à la réalisation des travaux », sur la route de la Madone de Fenestre. Un chantier emblématique, par son ampleur (5 km touchés sur 12, plus de 20 M), mais aussi par sa place dans le conflit entre la collectivité et les entreprises. C’est « le » bras de fer symbolique. La reconstruction de cette route touristique a été repoussée, lancée, arrêtée, contestée… Et de nouveau touchée par Aline, en octobre dernier.
2. Quelles sont les entreprises concernées ?
Vingt-cinq entreprises impliquées dans ce chantier titanesque sont mises en cause par la Métropole. Le groupement de trois d’entre elles, SLBTP - Venturi - Cachat, fait l’objet d’une attention particulière. Trois entreprises, dont les travaux pèsent 93,41 % du coût total du chantier de la Madone, sont dans le viseur de la justice. L’expert analyse les factures de l’ouvrage, rapporte les confrontations entre les deux parties… Ou les vérifications sur le terrain de ce qui a été facturé, ce qui a été fait, comment, avec quels matériaux. En présence des deux camps.
3. L’ombre de la tempête Aline
La tempête Aline, trois ans après Alex, avait fait exploser la polémique dans la Vésubie : des ouvrages non terminés avaient de nouveau été endommagés. Son ombre plane sur tout le rapport. D’abord parce qu’elle rend de nombreux éléments « plus vérifiables », selon l’expert. Comme la différence entre le volume de matériaux facturés et ceux réellement utilisés. C’est là que portent les principaux soupçons de surfacturation. Le rapport dédouane aussi les entreprises des nouveaux dégâts. Les ouvrages ont été touchés parce que les travaux ont été arrêtés.
4. Les entreprises dédouanées
À l’encontre de la défense de la Métropole, l’expert dédouane systématiquement les entreprises. Pire, il met régulièrement en cause la collectivité, sa méthode, ses précédents rapports. Parfois avec l’aval du représentant de la collectivité.
5. Une « gestion non rigoureuse »
Au fil des pages, l’expert martèle que « les ouvrages ont bien été réalisés », « conformément aux bons de commande ». Et les conclusions fusillent « la gestion financière de ce chantier gigantesque » par la Métropole. Il pointe une « gestion non rigoureuse » : « bons de commande avant ou après travaux », « tiers payés par le groupement à la demande de la Métropole », « commandes de prestation sans bons de commande », « facturation d’avance en fin d’année à la demande de la Métropole, alors que les travaux n’étaient pas terminés et devaient reprendre au printemps ».
6. La collectivité devrait de l’argent
Le rapport conclut même que la collectivité doit de l’argent au groupement SLBTP, pour des travaux commandés mais non réalisés. Facture : 517 000 euros.
STÉPHANIE GASIGLIA ET ANTOINE LOUCHEZ 1. L’expert judiciaire a été désigné en juillet 2023 par le tribunal administratif qui avait été saisi d’une requête de la métropole contre le groupement d’entreprises SLBTP-Cachat fils- Venturi.