« L’État condamné, en effet, c’est une blessure… »
En mars 2005, alors que vous étiez rectrice de l’académie de Toulouse, vous avez démissionné de votre poste. Vous dénonciez le manque de cohérence « entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement ».
Aujourd’hui, cette cohérence vous paraît assumée ?
La raison de ma démission était de nature pédagogique. J’avais énormément travaillé avec mes équipes sur ce que l’on appelait alors les travaux pédagogiques encadrés. À l’époque, en effet, il y avait eu une rupture dans le discours… Il me semble qu’aujourd'hui, au contraire, il y a une triple cohérence avec l’organisation d’un choc des savoirs, la volonté d’aider nos élèves à mieux s’orienter et un travail sur leur bien-être, avec une réflexion sur l’organisation du temps scolaire qui devra être conduite.
À la rentrée 2023, il manquait encore plusieurs milliers d’enseignants. Pour résorber ce déficit, l’Éducation nationale a fait appel à des contractuels et même à des candidats qui
n’avaient pas eu le concours. Comment faire pour régler définitivement ce problème ?
C’est une de mes préoccupations. Je sais les difficultés que connaissent les académies pour remplacer les congés longs et les congés courts. Tout cela est lié au manque d’attractivité de la profession d’enseignant. Nous avons décidé – et je crois vraiment que c’est la solution – de revoir les conditions d’entrée dans la carrière, par un concours à Bac +3 après une filière identifiée.
L’État a été condamné mercredi par le tribunal administratif pour le non-remplacement des professeurs absents. N’est-ce pas un camouflet ?
Ce n’est pas un camouflet, mais oui, en effet, c’est une blessure. Ce n’est pas la première fois que l’État est condamné pour ce genre de difficultés. La solution, encore une fois, ce sont les concours et le recrutement de contractuels qualifiés. Nous déployons toute notre énergie pour faire en sorte qu’à la rentrée, il y ait un professeur devant chaque élève.