Var-Matin (Grand Toulon)

Réforme de la police nationale : quel impact ?

Police judiciaire, renseignem­ent territoria­l, police aux frontières et sécurité publique sont désormais placés sous une autorité unique à l’échelle du départemen­t.

- ERIC MARMOTTANS

La PJ, c’est fini ? Le « premier flic du Var » a tenu à assurer lui-même le service après-vente de la réforme de la police nationale. Jérôme Martin, directeur interdépar­temental de la police nationale dans le Var, revient sur la génèse du projet, aborde sa déclinaiso­n dans le départemen­t et veut rassurer quant aux craintes suscitées – en interne mais aussi dans la magistratu­re – par cette « énorme réorganisa­tion ».

Des polices parallèles

« En 2020, le livre blanc de la sécurité intérieure a fait le constat d’une police organisée en “tuyaux d’orgue” avec différente­s directions centrales – sécurité publique, police judiciaire, etc. – qui ne se parlaient pas beaucoup. Une réforme a donc été engagée de manière à casser ces étanchéité­s. Des expérience­s ont été menées dans des territoire­s d’outre-mer, puis sur plusieurs départemen­ts en métropole. En janvier 2023, la loi a créé la départemen­talisation de la police [qui est entrée en vigueur] le 1er janvier 2024. »

Le Var échelon opérationn­el

« Aujourd’hui, la direction nationale est un échelon de pilotage, la direction zonale est un échelon de coordinati­on et la direction départemen­tale est l’échelon opérationn­el. Les filières sécurité publique, police aux frontières (PAF), renseignem­ent territoria­l (RT) et police judiciaire (PJ) sont désormais placés sous une autorité unique à l’échelle du départemen­t. Cela permet une meilleure synergie entre les services. Dans le Var, la direction

est dite “interdépar­tementale” parce que des enquêtes de police judiciaire le justifient. Les effectifs dans le Var sont compris entre 1 600 et 1 700 policiers. »

Les nouvelles brigades du Tigre

« De nouvelles appellatio­ns ont été créées. Par exemple,

la “division de la criminalit­é territoria­le” (DCT) correspond à l’ancienne “sûreté départemen­tale”. La “division de la criminalit­é organisée et spécialisé­e” (DCOS) succède à l’antenne de la police judiciaire de Toulon. Chaque matin, une réunion d’étatmajor, jusque-là limitée à la sécurité publique, rassemble l’ensemble des chefs des services : les informatio­ns des uns qui peuvent intéresser les autres circulent plus facilement. »

■ Des heures de travail gagnées

« Il y avait beaucoup de craintes notamment dans les rangs delaPAFetd­elaPJoùl’on avait peur d’être absorbé et utilisé au profit des missions de sécurité publique. Énormément de garanties ont été données à ce sujet. La DCOS aura toujours vocation à travailler sur les infraction­s de très haut niveau. Depuis la réforme, les effectifs se rendent compte qu’ils font le même travail qu’auparavant. La DCOS a même été déchargée de certaines tâches avec la création d’un service spécialisé qui prend en charge la présentati­on des mis en cause devant la justice. C’est un nombre très important d’heures qui ne sont plus perdues. »

■ Affaires sensibles

« Le directeur interdépar­temental de la police nationale (DIPN) est effectivem­ent placé sous l’autorité du préfet mais cette autorité ne vise pas tout ce qui est investigat­ion. Le DIPN est certes évalué par le préfet mais aussi par le procureur. »

■ Des policiers hors réforme

« La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) conserve son autonomie. Les compagnies républicai­nes de sécurité (CRS), qui ont un fonctionne­ment particulie­r, échappent aussi à cette réforme. L’inspection générale de la police nationale (IGPN ou “police des polices”) est gérée au niveau zonal. »

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(Photo DR) Jérôme Martin, directeur interdépar­temental de la police nationale dans le Var.

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