Réforme de la police nationale : quel impact ?
Police judiciaire, renseignement territorial, police aux frontières et sécurité publique sont désormais placés sous une autorité unique à l’échelle du département.
La PJ, c’est fini ? Le « premier flic du Var » a tenu à assurer lui-même le service après-vente de la réforme de la police nationale. Jérôme Martin, directeur interdépartemental de la police nationale dans le Var, revient sur la génèse du projet, aborde sa déclinaison dans le département et veut rassurer quant aux craintes suscitées – en interne mais aussi dans la magistrature – par cette « énorme réorganisation ».
Des polices parallèles
« En 2020, le livre blanc de la sécurité intérieure a fait le constat d’une police organisée en “tuyaux d’orgue” avec différentes directions centrales – sécurité publique, police judiciaire, etc. – qui ne se parlaient pas beaucoup. Une réforme a donc été engagée de manière à casser ces étanchéités. Des expériences ont été menées dans des territoires d’outre-mer, puis sur plusieurs départements en métropole. En janvier 2023, la loi a créé la départementalisation de la police [qui est entrée en vigueur] le 1er janvier 2024. »
Le Var échelon opérationnel
« Aujourd’hui, la direction nationale est un échelon de pilotage, la direction zonale est un échelon de coordination et la direction départementale est l’échelon opérationnel. Les filières sécurité publique, police aux frontières (PAF), renseignement territorial (RT) et police judiciaire (PJ) sont désormais placés sous une autorité unique à l’échelle du département. Cela permet une meilleure synergie entre les services. Dans le Var, la direction
est dite “interdépartementale” parce que des enquêtes de police judiciaire le justifient. Les effectifs dans le Var sont compris entre 1 600 et 1 700 policiers. »
Les nouvelles brigades du Tigre
« De nouvelles appellations ont été créées. Par exemple,
la “division de la criminalité territoriale” (DCT) correspond à l’ancienne “sûreté départementale”. La “division de la criminalité organisée et spécialisée” (DCOS) succède à l’antenne de la police judiciaire de Toulon. Chaque matin, une réunion d’étatmajor, jusque-là limitée à la sécurité publique, rassemble l’ensemble des chefs des services : les informations des uns qui peuvent intéresser les autres circulent plus facilement. »
■ Des heures de travail gagnées
« Il y avait beaucoup de craintes notamment dans les rangs delaPAFetdelaPJoùl’on avait peur d’être absorbé et utilisé au profit des missions de sécurité publique. Énormément de garanties ont été données à ce sujet. La DCOS aura toujours vocation à travailler sur les infractions de très haut niveau. Depuis la réforme, les effectifs se rendent compte qu’ils font le même travail qu’auparavant. La DCOS a même été déchargée de certaines tâches avec la création d’un service spécialisé qui prend en charge la présentation des mis en cause devant la justice. C’est un nombre très important d’heures qui ne sont plus perdues. »
■ Affaires sensibles
« Le directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN) est effectivement placé sous l’autorité du préfet mais cette autorité ne vise pas tout ce qui est investigation. Le DIPN est certes évalué par le préfet mais aussi par le procureur. »
■ Des policiers hors réforme
« La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) conserve son autonomie. Les compagnies républicaines de sécurité (CRS), qui ont un fonctionnement particulier, échappent aussi à cette réforme. L’inspection générale de la police nationale (IGPN ou “police des polices”) est gérée au niveau zonal. »