Sanary : condamné pour avoir semé la mort avec son 4x4
Bernard Payelle, aujourd’hui âgé de 88 ans et atteint de troubles neurologiques, a été jugé à Toulon en son absence pour « homicides et blessures involontaires ».
Trois ans de prison avec sursis. C’est la peine qui a été infligée hier midi à Bernard Payelle, 88 ans, condamné pour deux homicides involontaires à Sanary-sur-Mer. Il avait perdu le contrôle de son 4x4, le 28 décembre 2019, faisant également trois blessés.
Les cinq victimes se rendaient en famille et entre amis à une « parade de Noël » qui devait se tenir sur le port de Sanary.
Le vieil homme ne s’est pas présenté à son procès, excusé par l’attestation d’une infirmière faisant état de « troubles de la mémoire et de problèmes cognitifs » importants. « J’ai du mal à me satisfaire que l’on juge aujourd’hui un fantôme... », a déploré le président de l’audience du tribunal correctionnel de Toulon.
Une brusque accélération
« Ce n’est pas satisfaisant mais il faut avancer, c’est important pour nous de tourner la page », a consenti Me Dominique Arcadio, l’avocat de la famille de Philippe et Mathieu Coïc. Le premier est décédé écrasé par le Mercedes GLE. Son
fils, trentenaire, a rendu son dernier souffle après onze mois d’hospitalisation.
Une agonie dépeinte avec énormément de dignité par sa compagne, mère de leurs deux jeunes enfants.
Pendant l’instruction, le mis en cause s’était quant à lui interrogé sur le lien de causalité. «On est sûr que c’est pas le Covid ? » Bernard Payelle, représenté à l’audience par le bâtonnier de Marseille,
Me Mathieu Jacquier, conteste avoir commis une faute de conduite. Tous les témoins ont évoqué une brusque accélération alors que le conducteur se trouvait à la barrière du parking de l’Esplanade. Le 4x4 est sorti de la voie de circulation, sectionnant tous les obstacles sur son passage, avant de terminer sa course contre un sapin.
Une défaillance humaine
Pour expliquer l’accident dont il n’a pas de souvenir, il a d’abord évoqué un dysfonctionnement de la barrière du parking qui aurait provoqué le déclenchement de son airbag. Il a ensuite envisagé une défaillance mécanique, puis une panne électronique. Des hypothèses balayées par les expertises.
L’octogénaire, au volant d’une voiture équipée d’une boîte automatique, a plus vraisemblablement appuyé sur la pédale d’accélération au lieu d’enclencher la pédale de frein. Déjà rescapé de deux AVC, il présentait une alcoolémie de 0,69 g/l de sang susceptible d’altérer ses réflexes.
Au titre des peines complémentaires, le tribunal a ordonné une interdiction de repasser le permis de conduire pendant dix ans. La confiscation du luxueux 4x4 a également été prononcée.