Le ministère des Armées s’attaque aussi au problème
Le ministère français des Armées a lancé une mission d’inspection sur les violences sexuelles dans ses rangs après une série de témoignages d’abus alimentant un #MeToo du monde militaire. « Nous avons mandaté l’Inspection générale des armées pour qu’elle diligente une mission sur l’ensemble des mesures de prévention, de protection des victimes et de sanction des agresseurs », a annoncé hier le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans une tribune avec la secrétaire d’État aux Anciens combattants Patricia Miralles, parue dans Le Monde. Cette mission, qui rendra ses conclusions fin mai, doit permettre d’améliorer la prise en charge des victimes, d’analyser le traitement disciplinaire et la cohérence des sanctions contre les agresseurs et de renforcer les mesures de prévention.
Par ailleurs, désormais, « chaque fois qu’il existe une suspicion de viol ou d’agression sexuelle présentant un caractère suffisant de vraisemblance, la personne mise en cause sera systématiquement suspendue de ses fonctions », écrivent les ministres.
« La volonté politique sur ce point est infaillible »
Une instruction a été envoyée en ce sens par le ministère le 26 mars à tous les commandements. « La parole des victimes est accréditée à 100 % et la volonté politique sur ce point est infaillible », a réagi hier la députée du parti présidentiel Renaissance, Laetitia SaintPaul (Maine-et-Loire), qui a récemment interpellé le ministère des Armées sur le cas de la jeune Manon Dubois, victime d’agressions sexuelles lorsqu’elle travaillait dans la Marine. Cette jeune femme, qui a récemment livré son témoignage à plusieurs médias, a depuis quitté l’armée. Selon la hiérarchie militaire, son agresseur a reconnu les faits et a été condamné à verser 600 euros de dommages et intérêts à la victime et à effectuer un stage de sensibilisation. La députée Laetitia Saint-Paul, capitaine dans l’armée de Terre, a reçu une vingtaine de témoignages de victimes présumées en une semaine sur sa boîte mail parlementaire après la publication du témoignage de Manon Dubois.
« C’est insupportable »
Dans une récente interview au quotidien Le Monde, elle a qualifié cette remontée spontanée de témoignages de «#MeToo des Armées », dans la foulée du cinéma, de la politique ou du monde du sport. Laetitia Saint-Paul a également reçu une vingtaine de messages de cadres des armées exprimant leur soutien à sa démarche, ainsi que de nombreux courriels de la part d’associations de métiers en uniforme.
« Pour l’opinion publique, c’est devenu insupportable, il y a une intolérance généralisée à ces déviances, où qu’elles se déroulent » ,estime la députée.
La mission d’inspection lancée par le ministère aura aussi pour objectif de « rendre plus efficace encore » le fonctionnement de la cellule Thémis, créée en 2014 pour recueillir les témoignages des victimes et veiller à l’application de sanctions. En 2023, 167 signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont été adressés à la hiérarchie militaire et 59 traités par la cellule Thémis, soit un total de 226 cas qui ont fait l’objet de l’ouverture d’un dossier, selon le ministère. Selon le ministère, les armées comptent 16,5 % de femmes dans leurs rangs (34 142 personnels).