Var-Matin (Grand Toulon)

Les créateurs de Konbini « UN FEELING AVEC LA DIRECTION DU FESTIVAL »

David Creuzot et Lucie Beudet, les créateurs de Konbini, étaient à Cannes pour remettre le prix de l’engagement à Michaela Jaé Rodriguez en marge de Canneserie­s. Un prétexte pour tailler une bavette.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Le hasard fait que David Creuzot et Lucie Beudet, les deux fondateurs de Konbini, étaient au même endroit que votre serviteur sans le savoir. À la sortie de la projection du génial documentai­re à venir sur Arte, « DJ Mehdi : made in France », rendezvous est pris autour d’un café pour parler du prix de l’engagement remis le soir même à Michaela Jaé Rodriguez dans le cadre de Canneserie­s mais pour évoquer, aussi, l’aventure Konbini, lancée en 2009, et qui aujourd’hui est l’un des médias les plus influents du paysage français.

Comment est venue l’idée de faire un prix de l’engagement à Canneserie­s ?

David Creuzot : Konbini accompagne beaucoup de sujets autour de l’engagement mais on n’avait pas de prix pour mettre en valeur une personnali­té. Le monde des séries est un environnem­ent consommé par un public plus jeune et c’est naturellem­ent que l’on s’est rapproché de Canneserie­s pour concrétise­r cette idée. On veut porter des personnali­tés qui veulent changer le monde, qui rayonne, et c’est génial de le faire à travers le vecteur des séries. Lucie Beudet : On a travaillé sur les séries assez tôt sur Konbini, c’est un univers qui nous tient à coeur.

Pourquoi à Canneserie­s et pas sur un autre festival ?

D.C. : Il y a eu un feeling avec la direction du festival, on est aligné, on se comprend et ça a matché très vite.

L.B. : On a remis le prix à Laurie Nunn, en 2022, pour ‘‘Sex Education’’ et c’est l’un des premiers prix qu’elle a reçu. Elle a été flattée de voir que l’on s’intéressai­t à son travail. C’est un festival à la fois très institutio­nnel, car c’est Cannes, mais il y a aussi un état d’esprit très cool et ça correspond bien à l’état d’esprit de ce prix.

Pour revenir en arrière, quelle était l’idée de départ, en 2009, quand vous lancez Konbini ?

D.C. : On voulait monter un projet de contre-culture, un peu comme les radios libres dans les années 1980, où on voulait s’intéresser à une french touch dans la création, dans l’electro, dans la musique, et en faire une plateforme numérique. Parler de cette scène artistique qui n’était pas évoquée dans les médias traditionn­els. On est au point de départ de la carrière de certains musiciens qui sont rapidement venus chez nous comme ASAP Rocky ou Orelsan, car on a été les premiers à lui consacrer une série.

Le cahier des charges de départ, c’est quoi ?

L.B. : On est très concentré sur la musique même si on n’a pas des moyens astronomiq­ues au départ. Il faut trouver des bonnes idées et on lance l’auto-interview avec des artistes, ils se filment, on fait un peu de montage et on lance ça. Ensuite, on se développe avec des pastilles qui cartonnent, aujourd’hui, comme Fast & Curious.

D.C. : On se rend compte que notre tonalité matche avec une attente de malade. Et on met en place des articles écrits, des vidéos, des concepts. Le projet s’envole rapidement et, pour toute une génération, on est une forme de repère. On est le premier média digital ayant reçu un président de la République, on devient un endroit référence.

Vous ne pouvez plus avoir le même positionne­ment qu’en 2009, à qui parlez-vous aujourd’hui ?

D.C. : On n’a pas de cible, on est un média qui parle à beaucoup de communauté­s, on essaie d’avoir une grande diversité de contenus, on parle de cinéma, de musique, de sport, d’actualités, de témoignage­s, de séries, de questions de société avec Konbini news.

On a souvent entendu que Konbini était un site ou le publirédac­tionnel, notamment avec les annonceurs, était légion, comment gérez-vous cette image et qu’en est-il vraiment ?

L.B. : On est un média gratuit donc cela crée une régie publicitai­re naturellem­ent. Il n’a jamais été question de faire de Konbini un média payant, ce n’est pas notre philosophi­e. D.C. : On a deux équipes séparées, une qui traite de l’éditorial et une autre qui traite des contenus de marques. Nos contenus de marques, sponsorisé­s, sont affichés en tant que tels. Les marques cherchent des espaces pour prendre la parole sur des réseaux sociaux, on apporte une solution pour pouvoir le faire et c’est notre modèle économique.

« On voulait un lieu où tout le monde se retrouve, qui accueille les artistes et au sein duquel on échange »

Que signifie Konbini, au départ ?

D.C. : C’est le nom d’un supermarch­é japonais, ouvert 24/24, dans lequel tout le monde se retrouve, de toutes origines. Et ça nous parlait dans l’idée que l’on voulait créer un lieu où on se retrouve. On croyait fortement au projet car on a déposé le nom, en 2009, et ça nous a coûté

5 000 euros, c’était une somme à l’époque (rires).

L.B. : Les couleurs correspond­ent aux couleurs primaires. Ce sont les couleurs de la créativité. On voulait un lieu où tout le monde se retrouve, qui accueille les artistes et au sein duquel on échange.

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(Photo Olivier Vigerie) David Creuzot et Lucie Beudet avec Michaela Jaé Rodriguez et son prix de l’engagement au Palais des Festivals à Cannes.

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