« On s’ennuie à Hyères », la lettre d’Alphonse Denis aux élus
Var-matin, en partenariat avec la médiathèque de Hyères, propose chaque mois un rendez-vous consacré à la découverte d’ouvrages exceptionnels dont recèle le fonds de l’établissement culturel.
Des ouvrages rares, anciens, parfois des curiosités, qui sont consultables sur le site Internet de la médiathèque. Aujourd’hui, une lettre d’Alphonse Denis aux élus de la ville diffusée en 1863.
« Avoir le courage de le dire »
« Il faut avoir le courage de le dire, parce qu’on le répète partout à satiété, on s’ennuie à Hyères et il faut absolument qu’on s’y amuse, dans l’intérêt des habitants aussi bien que dans celui des étrangers, il faut, dis-je, qu’on s’y plaise, sinon plus, du moins autant que partout ailleurs. » Ainsi s’exprime Alphonse Denis dans une lettre qu’il fait publier en 1863. Adressée au maire et aux membres du conseil municipal, cette missive fait le constat que le seul nom de Hyères et la réputation déjà ancienne de son climat privilégié ne suffisent plus pour attirer les riches valétudinaires(1) des quatre coins de l’Europe. La vieille cité provençale connaît désormais une rude concurrence de la part d’autres stations hivernales comme Grasse, SaintTropez, Sainte-Maxime, ou Saint-Raphaël ou encore Ajaccio.
Constat d’une ville assoupie
Denis, qui fut maire de la ville de 1830 à 1848, dresse alors le portrait d’une ville dans laquelle les distractions sont rares contrairement à certaines de ses rivales: « Pas de lieu de repos, pas de salons de conversation, pas de cabinets de lecture pour les journaux, point de spectacles, point de concerts, point de piquet, point de champs de bataille pour les échecs, en un mot, point ou peu de ces réunions » auxquelles sont accoutumés les hivernants fréquentant d’autres stations.
Le constat est donc celui d’une ville assoupie, qui se repose sur ses lauriers et dont la vocation touristique est désormais menacée. Denis, qui, lors de la saison qui commence à l’automne et se termine à l’arrivée du printemps, loue les villas qu’il possède à de riches hivernants,
a de la suite dans les idées et la solution envisagée et d’y fixer tous les touristes qui ne choisissent que d’y passer quelques jours.
Ce projet, qui comprend notamment un jardin d’acclimatation, la création d’un casino et tous les calculs de frais y affairant, est détaillée dans la suite de sa lettre aux
édiles hyérois. Celle-ci, désormais numérisée, est consultable dans son intégralité sur le site de la médiathèque, dans l’onglet « Hyères & environs » dans la catégorie « Patrimoine numérisé ».