AU FIL DES SIÈCLES
Chaque mardi, Henri
Ribot, historien et viceprésident du centre archéologique du Var, déroule le fil de l’histoire de notre région et évoque quelques événements qui se sont déroulés jadis à la même période de l’année.
5 mai 1280 : reconnaissance des reliques de Marie-Madeleine
Sous le pontificat de Nicolas III, le
5 mai 1280 fut le jour fixé pour la reconnaissance solennelle à SaintMaximin des reliques de MarieMadeleine, en présence de Charles II de Salerne, dit le Boiteux, fils de Charles 1er d’Anjou, comte de Provence, des archevêques de Narbonne, Arles, Embrun et Aix, des évêques de Maguelonne, Agde et Glandevès, d’un grand nombre d’abbés, de religieux et de militaires.
▶ Bouisson 1949.
2 mai 1894 : un violent incendie ravage l’arsenal du Mourillon
Ce sinistre, illuminant toute la ville, anéantit en quelques instants la grande scierie à vapeur du Mourillon, qui avait fait l’admiration de Napoléon III lors de sa visite de 1863, ainsi que les stocks de bois et les ateliers voisins. Ce qui frappa les Toulonnais, c’est qu’après cette catastrophe, les ateliers de montage de Castigneau furent, à leur tour, la proie des
nd
flammes au mois de juillet suivant, précisément au moment où on allait lancer le premier cuirassé d’escadre de 12 000 tonnes construit sur les cales du Mourillon.
▶ Amiral Lepotier, Toulon, porte du Levant, 1972.
29 avril 1944 : raid massif américain sur Toulon
Il s’agit du cinquième raid selon Saibène et Gaignebet, mais le premier sur Sanary dont le port est touché. Le bombardement dura cette fois 1 h 20, toujours en début d’après-midi. Non seulement Toulon et La Seyne servirent de cibles, mais aussi Six-Fours et Sanary. Le bilan fait état de 72 tués, 62 blessés, 110 blessés non hospitalisés à Toulon ; 130 tués, 65 blessés à La Seyne ; 4 tués, 10 blessés à Six-Fours ; 3 tués, 8 blessés à Sanary. Les familles – par centaines – se retrouvèrent sans toit, sans cuisine pour préparer les maigres repas. D’autre part, ce 29 avril a été ressenti comme un avertissement : l’arsenal de Toulon, les entreprises locales, les chantiers, la gare étaient des cibles pour les « forteresses volantes américaines ». L’imprécision notoire des aviateurs US dans le lâcher des bombes a provoqué à ce moment-là une véritable peur panique. La distribution des « repas » et de quelques linges par le Secours national révéla la pauvreté des moyens devant l’immensité des besoins. C’est ce qui incita des centaines de familles à fuir dans des départements plus tranquilles : la Drôme, la Loire et, pour ceux qui y avaient des parents ou amis, le Haut-Var, les BassesAlpes. Ce sont surtout les femmes, les enfants et les personnes âgées qui prirent le chemin de l’exil. Des familles furent ainsi disloquées. Pour les ouvriers, s’est tout à coup posé un grave problème : qui va faire la queue sur le marché, de moins en moins alimenté ? Qui va préparer le repas ?
▶ V. Masson, La Resistance dans le Var, éditions MUR et Maquis du Var, 1983. Journal Le Petit Var, années 19431944, collection AVT.
3 mai 2006 : le trésor de la chapelle du Beausset-Vieux disparaît
La consternation est totale au Beausset. Alors que le village ouest-varois s’apprête à célébrer, en septembre, avec faste la commémoration de l’anniversaire des 500 ans de la descente des habitants du Beausset-Vieux vers l’actuelle agglomération de plaine, la chapelle Notre-Dame du Beausset-Vieux est victime d’un vol avec effraction. C’est un promeneur qui, au matin, a donné l’alerte. Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs statues de saints et vingtquatre ex-voto sur un total de cent quatre
(dont le plus ancien date de 1723) ont été dérobés. Apparemment par des connaisseurs qui ont fracturé la porte de fer et de verre qui ouvre sur la galerie des ex-voto et jouxte la chapelle non gardée. Toutes les pièces soustraites sont classées aux Monuments historiques depuis 1995. Comme le fait remarquer Pierre Saliceti, membre du Centre archéologique du Var et spécialiste des ex-voto du Beausset :
« Aucun de ceux dont se sont approprié les malfaiteurs ne figure sur le site internet consacré à la chapelle ». Ils seront ainsi plus difficiles à repérer. Le préjudice moral touche au coeur le patrimoine local. La statue principale polychrome, en bois d’olivier, dénommé Saumeto (ânesse en provençal), qui représente la « Fuite en Égypte », devait constituer la pièce angulaire de la future commémoration. Elle se trouvait dans une niche aménagée dans le rocher.
À l’entrée de l’église, le buste polychrome de Saint-Eutrope, patron du Beausset, manque à l’appel, comme à l’intérieur de la chapelle, Sainte Magdeleine patronne de la Provence, Saint Joseph et deux couronnes dorées qui, au-dessus de l’autel, coiffaient l’enfant Jésus et Marie. Plainte va être déposé auprès de la gendarmerie par le père David Le Boursicaud, curé de la paroisse, par ailleurs président des amis du VieuxBeausset, association qui entretient les lieux.
Article de Christian Pichard et Jacky Laurent, Var-matin du mercredi 3 mai 2006, p. 2.