Var-Matin (Grand Toulon)

« J’ai toujours cherché à aller plus haut »

Le Toulonnais n’en finit plus de fréquenter les tables de poker profession­nelles. À 37 ans, il continue de vivre de sa passion. Et rêve encore de titres aux quatre coins du monde.

- Sylvain Loosli PROPOS RECUEILLIS PAR DORIAN VIDAL dvidal@nicematin.fr

Il accumule les jetons dans le monde entier. Ancienneme­nt connu sous le nom de Patrick831­3 - en hommage au chanteur Patrick Bruel, c’est sous le pseudo de Loosli que Sylvain s’est fait un nom il y a plusieurs années, dans le monde du poker. Aujourd’hui coach et formateur pour la communauté Kill Tilt, l’ancien de Peiresc et de Dumont d’Urville est déjà considéré comme l’un des maîtres français du jeu de cartes. Pas de quoi freiner l’élan de celui qui a quitté « son » Sud pour mieux vivre de sa passion.

On vous retrouve plus de dix ans après votre performanc­e à Las Vegas. Et vous êtes toujours à fond dans le poker. Vous ne vous en lassez pas…

Pas du tout ! Car c’est un jeu riche, complexe, et que les stratégies avancent. Aujourd’hui, on travaille même avec des IA (intelligen­ce artificiel­le) qui nous permettent d’aller chercher des tactiques plus difficiles à contrer. Il y a toujours moyen de progresser. C’est un univers qui s’est beaucoup développé, notamment depuis la Covid, avec un gros regain d’intérêt pour le poker en ligne.

‘‘ Comment votre histoire avec ce jeu a-t-elle commencé ?

Lorsque j’étais étudiant, j’ai commencé avec des amis de l’école de commerce.

Au début, on jouait pour des centimes, ou lors de tournois gratuits d’associatio­ns. Mais, vu que le poker en ligne se développai­t beaucoup, je me suis mis à jouer quelques euros en ligne. Puis, de fil en aiguille, j’ai commencé à gagner de plus en plus d’argent, jusqu’à pouvoir gagner ma vie.

Pourquoi avoir choisi de quitter Toulon pour l’Angleterre ?

En France, le statut de joueur de poker n’est pas vraiment reconnu. Ce n’est pas simple de déclarer ses gains. Et, vu que le marché du poker en ligne a été régulé en 2011, on était cloisonné sur le marché français. En Angleterre, j’ai accès à toutes les parties internatio­nales. C’est l’une des grosses raisons. Après, j’ai choisi de rejoindre d’autres amis du poker qui s’y étaient déjà installés. C’est assez pratique de voyager depuis Londres. Quand on veut aller au plus haut niveau, il faut faire des choix de vie, même si le soleil du Var me manque.

En 2013, vous vous révélez en finissant 4e des championna­ts du monde de poker, à Las Vegas. Vous aviez alors empoché plus de 2,7 millions de dollars, en réalisant la deuxième meilleure performanc­e jamais faite par un nd

fortunés. J’ai d’ailleurs eu La somme était très l’occasion de jouer avec des conséquent­e, mais ce qui a personnali­tés, comme les surtout changé ma vie, c’est footballeu­rs Neymar et l’offre de sponsoring de Gerard Piqué. C’est un jeu Winamax, le plus gros site assez populaire chez les de poker français en ligne, joueurs de foot. Ils ne se qui m’a alors proposé de débrouille­nt pas trop mal, rejoindre son équipe de puisqu’ils ont déjà un côté joueurs. Ce contrat m’a compétiteu­r. permis de jouer le circuit profession­nel, avec plusieurs gros tournois par an. J’ai pu avoir de la visibilité dans la communauté.

Français… Et, en 2015, vous confirmez à Barcelone, sur une étape de l’European Poker Tour. Que gardez-vous de cette expérience ?

C’était une date marquante. Le tournoi était prestigieu­x, avec l’élite du poker et quelques businessme­n

Vous avez un peu marqué l’histoire du poker français…

J’espère l’avoir fait de par mes performanc­es. On n’est pas beaucoup de Français (trois, Ndlr) à avoir atteint la table finale des championna­ts du monde. Après, je considère mon parcours comme assez classique. Beaucoup ont démarré comme moi, en tant qu’étudiants, sur Internet. Mais j’ai toujours cherché à aller plus haut, à gagner des trophées.

Quelles sont les clés pour être un bon joueur ?

Le premier point, c’est de savoir être en contrôle, en gestion de ses émotions. Quand on se laisse submerger, on agit de manière non-rationnell­e. Le fait d’être excité quand on obtient une grosse main ou de faire un bluff qui n’a pas de sens, ça va aussi avec le mental. Le deuxième point relève de l’esprit analytique et mathématiq­ue. On le travaille en étudiant la théorie du jeu. Il y a beaucoup de sites de formation, de vidéos en ligne, ou de logiciels. On peut jouer contre un ordinateur, comme aux échecs, et on comprend au fur et à mesure les mécaniques.

Et les lunettes pour la fameuse « poker face » ?

Moi, la plupart du temps, je joue sans lunettes. Je n’en ai pas besoin pour cacher mes émotions. (sourire)

Que faites-vous aujourd’hui ?

Fin 2019, j’ai arrêté avec Winamax. Maintenant, j’investis moi-même sur mes tournois. Je voyage toujours, mais un peu moins. Cette année, j’ai fait Paris, Monaco et Toulouse. Après, cet été, je vais quand même aller à Vegas pour les championna­ts du monde. C’est incontourn­able. En tout cas, je veux continuer à jouer, à gagner des titres et aider à développer l’image du poker en France.

J’ai eu l’occasion de jouer avec Neymar et Gerard Piqué »

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