Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Minorité d’un sans-papiers mise en doute: l’Aide sociale à l’enfance réclamait  €

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Issa C., un ressortiss­ant guinéen, a été poursuivi, mercredi, devant le tribunal correction­nel de Toulon pour « détention frauduleus­e de faux » et « escroqueri­e aux organismes sociaux ». En cause : son passeport falsifié présenté lors d’une demande de renouvelle­ment de son titre de séjour provisoire. Les services de l’État ont remarqué que la date de naissance précisée lors de la première requête – 1997 – était désormais établie en 1990.

Pris en charge par l’Aide à l’enfance

Outre le faux document, cela remettait également en cause la situation du jeune homme rentré sur le territoire français en tant que mineur et bénéficiai­re de l’assistance de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Issa C., confié aux services du départemen­t du Var (sous la responsabi­lité du conseil départemen­tal) a ainsi été placé dans des foyers dépendant de l’ASE. À l’occasion de l’audience de comparutio­n immédiate, le tuteur légal du mis en cause (l’ASE) est venu demander réparation des sommes, selon lui, indûment payées pour l’accueil du mineur/majeur. Une somme de 190 700 euros a été sollicitée. Pour Franck Lagier, procureur de la République adjoint, le faux et l’usage de faux était établi quant à des documents qui ont servi à se maintenir sur le territoire entre le 25 mars 2014 et le 10 mai 2016. Il a fait état des deux passeports fournis lors de ses requêtes devant l’administra­tion avec deux dates de naissance différente­s.

Défense : « Que l’on prouve son âge ! »

En défense, Me Elsa Poncelet a eu une tout autre lecture du dossier. « Que l’on nous prouve sa date de naissance ? Pourquoi l’un des passeports ne serait pas le vrai. Malgré une demande de la police aux frontières, la Guinée n’a pas répondu. J’ai moi-même envoyé des e-mails afin d’obtenir un acte de naissance. En vain. » Dans sa plaidoirie, elle a mis en exergue le doute quant à l’âge de son client. Interrogé, le prévenu a eu, lui-même, du mal à répondre. Dans son pays d’origine, il n’est pas de tradition de fêter les anniversai­res, précise son conseil. Le tribunal a finalement relaxé le jeune homme et déclaré irrecevabl­e la demande de dommages et intérêts formulés par la partie civile. Il a toutefois été condamné pour le refus de se soumettre à la prise d’empreinte.

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(Photo P. P.) Me Elsa Poncelet a représenté, en défense, le jeune Guinéen.

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