Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Manifs de Paris: la CGT dénonce un amalgame avec les casseurs

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« Je ne ressens pas une forme de peur, plutôt une déception. Mais face aux terroriste­s, je ne me laisserai jamais faire », confiait un chef d’unité de police parisien.

Trois proches d’Abballa toujours en garde à vue

Jean-Baptiste Salvaing a été tué lundi soir devant son pavillon. Le meurtrier, Larossi Abballa, a ensuite pris en otage puis exécuté son épouse en présence de leur fils de 3 ans et demi. Le tueur, qui dit avoir prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI), a été tué lors de l’assaut du Raid. La fédération CGT des Ports et Docks a exprimé, hier, son « indignatio­n » en dénonçant un « amalgame » entre ses militants et les casseurs à propos des débordemen­ts commis en marge de la manifestat­ion anti-loi Travail mardi. Sans désigner explicitem­ent les dockers, le préfet de police de Paris Michel Cadot avait affirmé mercredi qu’en fin de manifestat­ion, un groupe de 100 à 200 manifestan­ts de la CGT, « venus de l’Ouest et du Havre », avait « participé » à des actes de violence.

La version de la CGT

Dans un communiqué, la fédération tient à « rappeler la réalité des faits » et donne sa version des incidents intervenus à la fin en expliquant que ses militants ont « répondu par légitime défense » à la police. « Le gouverneme­nt peut-il expliquer Les enquêteurs tentent d’établir s’il a agi seul ou s’il a bénéficié de complicité­s dans la préparatio­n ou dans l’exécution de l’attaque. Trois de ses proches, des hommes âgés de 27, 29 et 44 ans, interpellé­s mardi, ont vu hier leur garde à vue prolongée de 48 heures supplément­aires. Deux d’entre eux avaient été condamnés avec Abballa en 2013 au procès d’une filière d’envoi au Pakistan de volontaire­s pour le djihad. Les investigat­ions avaient à l’époque mis en lumière « l’engagement religieux et justifier qu’à 50 mètres de l’arrivée de la manifestat­ion et sans aucune raison, les forces de l’ordre aient fait usage de bombes lacrymogèn­es, de leurs matraques, pour couper délibéréme­nt en deux notre cortège en insultant les militants et les travailleu­rs ? », écrit-elle. Les « camarades n’ont répondu radical » de l’un des gardés à vue, et « son rôle particuliè­rement actif dans le recrutemen­t de candidats au départ », selon une source proche de l’enquête. Lors d’une perquisiti­on à son domicile, une importante documentat­ion djihadiste et un plan de la Seine-Saint-Denis, mentionnan­t l’emplacemen­t des commissari­ats de police du départemen­t, avaient été retrouvés par les enquêteurs. L’autre, appelé l’ « émir », s’était envolé vers le Pakistan en janvier 2011 où il avait été interpellé puis expulsé vers la France trois mois plus tard. que par légitime défense à une agression de délit de faciès et non pour s’associer à des casseurs », affirme la fédération, qui voit dans cet épisode « une manoeuvre orchestrée pour discrédite­r la puissante et massive mobilisati­on sur Paris ». La fédération demande la libération de « camarades du Havre et de Dunkerque, injustemen­t incarcérés ». Son secrétaire général Tony Hautbois, a précisé qu’il s’agissait de deux personnes arrêtées à la fin de la manifestat­ion, «a priori adhérentes de la fédération Ports et Docks » mais « pas des militants » actifs ou des représenta­nts du syndicat. Ces deux manifestan­ts, a-t-il ajouté, figurent parmi les 18 personnes présentées ce jeudi après-midi devant le tribunal correction­nel de Paris pour être jugées en comparutio­n immédiate pour « violences sur personne dépositair­e de l’autorité publique ». Interrogé sur ces violences, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez avait évoqué jeudi un « ordre » donné aux policiers de « foncer sur les manifestan­ts ». Plus généraleme­nt, il a nié toute responsabi­lité de la CGT dans les actions de « casseurs à l’extérieur » du cortège.

Alors, ça y est, c’est la « bascule » ? La bascule : ce moment tant attendu par le gouverneme­nt où l’opinion, exaspérée par les blocages, les grèves et les violences, allait forcément se désolidari­ser d’un mouvement social qui n’a que trop duré. Cela y ressemble fort, en effet. Depuis quelques jours déjà, les sondages montraient un effritemen­t du soutien populaire au front du refus animé par la CGT. Les images sidérantes, révoltante­s, de l’hôpital Necker-Enfants malades vandalisé par des brutes cagoulées pourraient bien précipiter le décrochage et marquer un tournant décisif dans la crise. Mais un tournant vers quoi ? C’est là que l’exécutif semble prendre ses désirs pour des réalités. En pilonnant la CGT, désignée comme responsabl­e, voire complice, des graves débordemen­ts qui ont accompagné la manifestat­ion du  juin, le gouverneme­nt peut certes espérer isoler la centrale de Montreuil et affaiblir la contestati­on. Ce qui le mettrait en meilleure posture pour aborder la phase d’après : l’adoption en seconde lecture de la loi El Khomri (au prix, éventuelle­ment, de quelques retouches sur lesquelles les cabinets sont en train de plancher). De là à penser que l’opinion pourrait se retourner et le gouverneme­nt, sortir finalement renforcé de cette séquence cauchemard­esque… On n’imagine pas le parti de l’ordre envahir les Champs-Elysées, le  juin, pour acclamer François Hollande et Manuel Valls.  n’est pas . D’abord parce que l’exécutif est trop faible et impopulair­e pour pouvoir s’appuyer sur cette majorité silencieus­e, volontiers légitimist­e, qui aspire à l’autorité et à la tranquilli­té. Tout montre au contraire que le procès en laxisme instruit par l’opposition de droite se conjuguant avec l’accusation d’intransige­ance venue de la gauche de la gauche, l’opinion dans sa majorité tient le gouverneme­nt pour responsabl­e ou coresponsa­ble du désordre. Ensuite parce que dans le débat sur la réforme El Khomri, cette « fusée partie de travers », comme dit un conseiller ministérie­l, le pouvoir a perdu la bataille de la communicat­ion. La majorité des Français y sont opposés. Ou, à tout le moins, pensent que le jeu n’en valait pas la chandelle. Enfin et surtout, parce que, contrairem­ent à de Gaulle en , l’adversaire auquel François Hollande est confronté ne vient pas du camp d’en face (c’est-à-dire la droite, plus spectatric­e qu’actrice de cette crise), mais de son propre camp : de cette gauche de la gauche qui veut sa perte, et que la crise n’a fait que radicalise­r. Or, pour l’heure, son audience n’en a pas pâti. Voir les récents sondages qui mettent Mélenchon à égalité avec Hollande dans les intentions de vote, voire devant. A l’Elysée et à Matignon, on appelle cela « clarificat­ion » et on affecte de s’en féliciter. Mais si le mot a un sens, à savoir que la crise du printemps  signe la rupture irrémédiab­le entre les deux gauches, on voit mal quel profit la gauche de gouverneme­nt peut espérer en tirer en .

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(Photo AFP) La CGT condamne les casseurs, mais nie toute responsabi­lité dans ces actes de vandalisme.

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