Indignation et action contre les remblais illicites
Dans l’est du Var, les citoyens ne veulent plus voir les décharges sauvages du BTP s’ériger en pleine nature. Les services de l’État luttent contre les petits et gros pollueurs
Des traverses au milieu du mimosa
L’Est du département est particulièrement victime de déverses illégales de déchets, inertes ou pas, en provenance des Alpes-Maritimes ou de Monaco, comme l’a démontré une longue et minutieuse enquête qui a abouti la semaine dernière à la mise en examen de Yannick Arend, soupçonné d’être au coeur, avec trois autres personnes, d’un important trafic (notre édition du 9 juin). L’indignation grossit dans la population. Habitants, randonneurs, cueilleurs de champignons et autres chasseurs… Ils sont de plus en plus nombreux à dénoncer ces décharges sauvages qui fleurissent partout. À Tanneron, à la limite des Alpes-Maritimes, le spectacle est désolant. Il suffit d’emprunter un chemin communal pour en trouver: quartier Pourrière, à quelques mètres de la cabane des chasseurs située sur un terrain privé, des traverses en béton de la SNCF ont été poussées par un bulldozer dans le ravin. Un peu plus bas, au pied d’un terrain planté d’eucalyptus, les restes d’une salle de bain côtoient des étais rouillés, vestiges d’un chantier. Sur la colline de l’autre côté, au hameau dit des Trois Pins, des milliers de mètres cubes de terre s’entassent pour combler un vallon. Partant de la D38, un autre chemin mène à une installation classée pour la protection de l’environnement. Des norias de camions, immatriculés à Monaco, viennent y décharger toute la journée (lire ci-dessous).
« Ça fait mal au coeur »
Un cours d’eau, le Riou Fer, sépare ce site d’une autre colline, dont le chemin d’accès a été recouvert de remblais mélangés avec des déchets du BTP: gaines et câbles électriques, tuyauterie de plomberie, morceaux de carrelage, de bitume, etc. Lors des pluies, les eaux de ruissellement aboutissent dans cet affluent du Biançon, qui se jette dans la Siagne… «Ça fait mal au coeur de voir ce qui se passe. J’ai suivi un camion samedi. Il charge à La Roquette-sur-Siagne et monte à Tanneron élargir une zone de rotation pour certains véhicules. J’ai l’impression que certaines personnes du village ferment les yeux sur ces pratiques», regrette, écoeuré, un défenseur de l’environnement.
V.G. vgeorges@nicematin.fr