Elle laisse ses jeunes enfants seuls deux jours pour sortir
En janvier 2014, des policiers découvraient trois bambins âgés de 4 mois à 4 ans dans un appartement à Toulon. Jugée hier pour délaissement et violences, la mère a été condamnée
Elle avait besoin de « prendre l’air » alors elle a quitté l’appartement du centre-ville de Toulon où se trouvaient trois de ses quatre enfants pour descendre «un peu». Elle y est revenue quasiment quarante-huit heures plus tard après être sortie à Marseille, s’être endormie dans les trains jusqu’aux Arcs et avoir pris un taxi pour rentrer sans en avoir les moyens. Pendant ce temps-là, entre le 10 et le 12 janvier 2014, les bambins âgés de 4 mois à 4 ans ont été laissés seuls dans un appartement à l’hygiène plus que défaillante. C’est le père du quatrième enfant qui, en se rendant au domicile de son ex-compagne, a trouvé la porte fermée à clef.
Dans l’urine et les excréments
Une fois la police arrivée sur place, la porte s’ouvrait sur une réalité bien sinistre : le bébé né en septembre était dans un lit, avec un biberon au lait caillé, en état d’hypothermie. Les autres enfants - dont une petite fille handicapée baignaient dans l’urine et les excréments. Ils portaient des marques de liens au pied, leurs cheveux étaient remplis de poux et leurs dentitions étaient dans un état catastrophique. Interpellée et placée en détention, la mère avait soutenu être partie la veille. Une déclaration contredite lors de l’instruction (voir ci-contre). Mise en examen pour « délaissement d’enfants et violences », la femme âgée de 29 ans a été jugée hier devant le tribunal correctionnel de Toulon. Face aux faits d’une incroyable gravité, elle a fait part de ses regrets. « Ce que j’ai fait est impardonnable. J’étais dépassée. Je ne m’en sortais plus. » Me Véronique Lipari détaille une situation personnelle et sociale difficile. Entre les coups de son compagnon et la prostitution. « Les enfants placés en famille voient leur mère dans le cadre de points rencontres. Celle-ci a fait un énorme travail sur elle-même. Elle se reconstruit », a-t-elle plaidé. Quelques minutes auparavant, Me Pascal Zecchini, intervenant pour l’Aide sociale à l’enfance, avait réclamé le retrait total de l’autorité parentale. Une mesure lourde mais méritée, selon lui, dans ce cas. Dans ses réquisitions, la représentante du ministère public a requis quatre ans de prison, dont trois ferme. Elle a évoqué le comportement borderline de la prévenue mais aussi le nombre de soutiens familiaux ou des services sociaux qui lui avaient tendu la main. « Ces tout petits ont été traités pire que des animaux. » Le tribunal a prononcé une peine de trente mois de prison, dont six mois ferme. Elle a déjà purgé quinze mois.
P. POLETTO Ce n’était pas la première fois que cette mère était défaillante. Déjà condamnée en août (pour des faits les et avril ), elle a donc, à nouveau, abandonné ses enfants dans des conditions intolérables cinq mois après ce jugement. Mais qu’a-t-elle fait durant ces longues heures où les bambins étaient livrés à eux-mêmes? Ella a d’abord pris la direction de Marseille le vendredi. Elle va y passer la soirée. Sans avoir les moyens de payer le retour, elle monte dans un train sans billet. Elle s’y endort, loupe la gare de Toulon et se réveille aux Arcs le samedi au soir. C’est à ce moment-là que les enfants sont découverts par la police. Les fonctionnaires la contactent. Elle leur répond qu’elle arrive. Ce n’est que le lendemain qu’elle rejoint Toulon en taxi, toujours sans argent et commet un délit de grivèlerie. Le chauffeur contacte d’ailleurs la police pour la signaler. Le rapprochement est alors fait.