Trente ans après sa mort : mais qui était Coluche?
Décédé il y a 30 ans jour pour jour, le 19 juin 1986 sur la route d’Opio, l’humoriste est devenu l’icône d’une génération. D’abord, à la fin de sa vie en créant les Restos du coeur. Ensuite, après sa mort à travers son culte
Trente ans après sa disparition à l’âge de 41 ans, Michel Colucci possède tous les attributs d’un saint laïc. Sa vie, tout d’abord, dédiée en partie aux plus démunis. Sa mort, ensuite qui s’inscrit dans le martyr d’une génération tombée sur les routes de France dans les années 70 et 80. Son évangile également : «On n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir soif».
Il dispose même d’une congrégation de fidèles: les bénévoles des Restos du coeur. Et d’un ordre qui compte une quarantaine de disciples: Les Enfoirés. Ensemble, ils lui vouent un véritable culte. Si l’on considère que le fantaisiste a réalisé un «miracle» en obtenant qu’une proposition de loi soit votée à l’unanimité des députés, la France tient son Bienheureux républicain. Une sorte de saint Coluche de la laïcité. Voilà pour l’image. Mais qui était l’homme ? Var-matin vient de publier un magazine hors-série de 100 pages consacré à l’humoriste (1) afin de lever le voile sur les aspects méconnus d’une personnalité complexe « plus grave que ne le pense le public », selon la formule de Jacques Attali. Coluche est né dans une famille où «les fins de mois étaient difficiles et duraient 30 jours». Très vite, il a su imposer un ton différent en renvoyant dans un monde sépia, les bonnes blagues de Pierre Dac et le comique bienveillant de Fernand Raynaud. Salopette rayée, nez rouge et t-shirt jaune poussin, Coluche choque. Ses «sans blaaaaaague! Meeeeeeerde… » secouent à la fois la télé de Guy Lux et le gouvernement Messmer III. La société française se déchire autour des sketches qui ridiculisent pêle-mêle les hommes politiques, la jeunesse, les anciens combattants, les racistes, les fonctionnaires, la publicité, les journalistes, les sportifs et leurs supporters. La foudre s’est abattue sur une société française qui vient de digérer mai 1968. Et durant 15 ans, la France vivra au gré de ses formules assassines. Coluche portera nombre de combats dans ses chansons, à la télé, sur scène, à la radio, dans la rue, au cinéma. Jusqu’aux portes des bureaux de vote, puisque candidat à l’élection présidentielle, il finira par renoncer avant de lancer l’oeuvre de sa vie: l’aventure des Restos du coeur. Celle qui fait que 30 ans après, il reste un symbole. Une icône. L’objet d’un culte.