Barcelone, nous voilà !
Avec maîtrise et application, les Toulonnais ont dominé les débats face à une vaillante formation montpelliéraine qui a buté sur des Varois déterminés
Les Toulonnais ont entamé leur tour d’honneur après avoir rendu hommage à leurs valeureux adversaires. Force est donc restée à ce RCT qu’on disait diminué. C’est peut-être là où on les attendait le moins que les Rouge et Noir ont étonné et détonné. La bande à Bernie pouvait afficher un large sourire en s’approchant des étoiles, dans l’espoir de décrocher la lune en forme de Bouclier au Camp Nou, vendredi soir. Pour rejoindre la Catalogne, l’important pour Toulon était de faire la course en tête. Prendre la rencontre à son compte et régler par la même occasion les comptes à ces impressionnants Montpelliérains. Les hommes de Laporte qui prolongent leur bail ont réussi dans leur entreprise. Avec maîtrise, lucidité, humilité et solidarité, ils ont forcé la décision, en même temps que le respect acquis depuis déjà bien longtemps. Le RCT ralliera donc Barcelone pour le sommet de la saison, avec un attendu Toulon-Racing qui rappellera aux anciens la finale de 87 (presque trente ans), les noeuds papillon en moins. La puissance d’un côté, le mouvement de l’autre: voilà brièvement résumée l’opposition de style annoncé sur le papier. Le pari osé de titulariser Halfpenny pour la première fois de la saison est parfaitement réussi (lire
par ailleurs). Et le reste de l’équipe s’est mis au diapason de ce métronome, avec les grosses caisses et quelques cuivres parfaitement accordés aux déménageurs de piano. Entre une impressionnante équipe de Montpellier et l’expérimentée formation toulonnaise, habituée depuis quelques années déjà à ces matches au couteau, au terme desquels une tête tombe forcément dans le panier, c’est Toulon qui sort indemne, et Montpellier la tête haute, même si nombre d’entre elles étaient basses, les yeux embués de larmes. Les Clermontois, habitués à l’échafaud des phases finales, pourront toujours consoler les Héraultais, certes malheureux mais logiquement battus. Les Varois ne voulaient pas être les dindons de cette force, alors qu’un rendezvous est programmé de l’autre côté des Pyrénées. Ils ont donc fait face à l’obstacle avant de le contourner. Pari gagné sur toute la ligne, sur toutes les lignes. Mais pour manger des tapas sur las Ramblas, encore fallait-il maîtriser cette formation du Langueboks.
La main mise sur un jeu maîtrisé
Le début de match est crispé, tendu. Le score n’évoluait qu’avec les seuls pieds ; Halfpenny d’un côté, Catrakilis de l’autre. Les envolées étaient rares, même si Ouedraogo, peut-être trop gourmand, échouait à un mètre de la ligne peu avant le quart d’heure de jeu. Mais visiblement, de part et d’autre, les consignes étaient appliquées à la lettre. Pas de risque. L’heure était d’abord de jouer dans le camp adverse. Les points chauds étaient brûlants, les rucks rugueux, les percussions assommantes, les groupés... pénétrants. A ce petit jeu – occupation de terrain à outrance – les Toulonnais rigoureux finissaient par trouver la faille. Une première échappée le long de la ligne de Guirado n’aboutissait pas. Mais peu après, c’était au tour de Pélissié de se faire la cavale avec Steffon Armitage. Le succès n’était pas immédiat mais sur un ballon reparti à l’aile, Tuisova, bien décalé par Nonu, signait le premier essai de la soirée. Halfpenny ratait la transformation en coin. Son premier échec de la soirée. Mais le RCT, plus guerrier que jamais, était dans les clous, même si le passage n’était pas protégé. Maintenant, la priorité était de résister à l’inévitable révolte héraultaise. Et jouer à fond les turnover.
La dernière marche, la plus haute
A la reprise, Giteau et ses partenaires étaient sur leurs gardes. Prêts à monter sur tous les bons coups. Et suite à des charges répétées, un ballon écarté filait sur Halfpenny qui donnait à Nonu. Le « délicat » champion du monde forçait le passage pour pointer derrière la ligne. Les hommes de Laporte avaient la main sur le ballon. Avec 15 points d’avance (plus de deux marques) ils n’avaient plus qu’à gérer. Encore fallait-il le faire. Or, en cinq minutes, c’était le trou d’air. Mogg, avec tout son paquet, puis Mogg tout seul après une interception relançait la rencontre. L’avance confortable de Toulon (18 points) venait de fondre comme beurre salé au soleil de Bretagne. Fernandez Lobbe regroupait alors tout son monde sous les poteaux pour resserrer les boulons et oxygéner les cerveaux. Halfpenny, en métronome, redonnait un peu d’air, peu après Nonu assommé recherchait ses esprits... au vestiaire. Du Plessis (le grand blond, Jacques) et ses partenaires jetaient alors toutes leurs forces dans cette bataille rangée qui faisait rage. Gorgodze et les siens s’arc-boutaient en défense. Le bras de fer était énorme, les biscotos XXL de sortie. L’épreuve de force et de réalisme tournait définitivement à l’avantage des Varois à qui ils restent une ultime marche à gravir. Après, Bernie visera la présidence. Ses boys seraient alors assis sur un nouveau trône.