Parfum d’arnaque sur les placements en terres rares
Dans toute la France, des centaines de particuliers ont confié leurs économies à une société d’investissements, en quête de beaux gains. Au final, ils redoutent d’avoir tout perdu
C’était une promesse d’Eldorado, de placements financiers lucratifs. Une promesse qui prend aujourd’hui l’allure d’un fiasco, laissant sur le carreau des centaines d’investisseurs anxieux, dans l’impossibilité de récupérer leur argent. Ce déboire, Claude Gadet le connaît. Ce Hyérois d’adoption recherche le moyen de se défendre, tout en passant l’information pour que d’autres n’y laissent pas des plumes comme lui. Il y a deux ans, cet ancien comptable se remettait de graves ennuis de santé et cherchait à placer ses économies pour mettre les siens à l’abri. Il va foncer sur ce qu’il pense être une bonne affaire: les investissements dans les terres rares.
Vendeurs hors pair
La publicité sur Internet est bien ficelée – elle apparaît sur le site de sa banque en ligne. Mis en confiance, il prend contact avec Rare Metal Brokers. « Ces minerais sont difficiles à extraire, d’où leur rareté et leur prix. J’ai eu à faire à des vendeurs hors pair. Avec leurs produits, ils nous ont fait rêver», Claude Gadet. Avec le recul, celui-ci estime qu’il a fait aveuglément confiance. « En général, je suis quelqu’un qui contrôle, qui vérifie ». Mais cette fois, dans ce moment particulier de sa vie, sa vigilance était moindre. « On se dit pourquoi confie pas». Et on investit. D’un coup d’un seul, une somme coquette sort de son carnet de chèques. C’était l’argent de son assurance-vie. En tout, Claude Gadet aurait acheté 21 kg de terres rares, auprès de la société Rare Metal Brokers. Aurait, car il n’est même pas certain que les métaux existent pour de bon. Pendant un an, tout allait bien. Les terres étaient censées être stockées dans un hangar à Manchester. «Ils me contactaient régulièrement par téléphone, me donnaient les cours. J’enregistrais de petites pertes, mais ce n’était pas anormal».
« Tout est faux »
L’investisseur accepte jusqu’à 10 % de perte sans broncher, certain que le placement sera rentable à long terme. Puis, en octobre 2015, c’est la catastrophe. «Un jour, ils m’ont donné des cours qui étaient en fait plus proches de la réalité. Douze à quinze fois moins chers que ce que j’avais acheté ». Les masques tombent. «Comment en un mois de temps, les matières premières auraientelles pu perdre 90 % de leur valeur?» C’est le début de la fin. Claude Gadet ne tarde pas à découvrir sur des forums Internet qu’il n’est pas le seul. « En fait, les achats de terres rares se font directement, entre producteurs et grandes entreprises. Il existe peu d’intermédiaires. Tout est faux». L’entrepôt au Royaume-Uni se révèle être spécialisé dans le stockage de vins, spiritueux et bières. Claude Gadet comprend que le prix d’achat qu’il a payé est à des années-lumière des cours réels. Depuis, les lignes ne répondent plus. La société a été dissoute.
SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com